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Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/87

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GRILLON DU FOYER.

bonjour : le temps viendra, je suppose, mon petit ami, où vous irez voyager avec le froid et où vous laisserez votre vieux père au coin de la cheminée avec sa pipe et ses rhumatismes. Eh ! où est Dot ?

— Je suis ici, John, dit-elle en tressaillant.

— Allons, allons, reprit le voiturier en frappant ses mains sonores l’une contre l’autre. Où est la pipe ?

— J’avais complètement oublié la pipe, John.

— Oublié la pipe ! a-t-on jamais pu avoir l’idée de cela ! Elle avait oublié la pipe !

— Je vais la bourrer immédiatement, dit-elle. Ce sera fait de suite.

Mais ce ne fut pas fait de suite. La pipe se trouvait à sa place accoutumée, dans la poche de la redingote du voiturier, cette petite poche était l’ouvrage de Dot elle-même, celle où elle avait toujours coutume de prendre le tabac ; mais sa main tremblait tellement qu’elle s’y embarrassa ― et c’était pourtant la même main qui y entrait et qui en sortait si aisément, j’en suis sûr. ― Les fonctions de bourrer et d’allumer la pipe, petites occupations pour lesquelles je vous vantais l’habileté de Dot, si vous vous en souvenez, furent faites avec maladresse et embarras. Pendant ce temps Tackleton la considérait attentivement et malicieusement de son œil à demi fermé ; et toutes les fois que son regard rencontrait le sien, ce regard, semblable à une espèce de trappe destinée à l’engloutir, augmentait sa confusion à un remarquable degré.