Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
GRILLON DU FOYER

— Comme vous êtes gauche cette après-midi, Dot, dit John. Je crois que j’aurais mieux fait moi-même. Je le crois vraiment.

Après avoir prononcé ces paroles d’un ton de bonne humeur, il sortit, s’éloignant à grands pas ; et on entendit bientôt après Boxer, le vieux cheval et la voiture faire leur musique dans la rue. Caleb, pendant ce temps, toujours immobile et rêveur, n’entendit rien, et continua à regarder sa fille aveugle avec la même expression de visage.

— Berthe, dit Caleb doucement, que vous est-il arrivé ? Comme vous êtes changée, ma bien-aimée, depuis ce matin. Vous avez été silencieuse et triste tout le jour ! Que signifie cela ? dites-le moi.

— Oh ! mon père ! mon père ! s’écria la jeune aveugle en fondant en larmes. Mon triste, triste sort !

Caleb passa sa main sur ses yeux avant de lui répondre.

— Mais, songez combien vous avez été heureuse et gaie, Berthe. Combien vous étiez bonne, et combien vous avez été aimée par plusieurs personnes.

— C’est ce qui me fend le cœur, mon cher père, vous toujours si soigneux, vous toujours si prévenant pour moi !

Caleb avait bien peur de la comprendre.

— Être… être aveugle, Berthe, ma pauvre fille, dit-il en hésitant, c’est sans doute une grande affliction… mais…