Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/231

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sibles, pour exprimer, je ne le comprenais que trop bien, que l’égalité existait entre lui et n’importe quel forgeron, mort ou vif.

« Cessez ce bruit, dit M. Trabb avec une grande sévérité, ou je vous casse la tête ! Faites-moi la faveur de vous asseoir, monsieur. Voyez ceci, dit-il en prenant une pièce d’étoffe ; et, la déployant, il la drapa au-dessus du comptoir, en larges plis, afin de me faire admirer son lustre, c’est un article charmant. Je crois pouvoir vous le recommander, parce qu’il est réellement extra-supérieur ! Mais je vais vous en faire voir d’autres. Donnez-moi le numéro 4 ! » cria-t-il au garçon, en lui lançant une paire d’yeux des plus sévères, car il prévoyait que le mauvais sujet allait me heurter avec le numéro 4, ou me faire quelque autre signe de familiarité.

M. Trabb ne quitta pas des yeux le garçon, jusqu’à ce qu’il eût déposé le numéro 4 sur la table qui se trouvait à une distance convenable. Alors, il lui ordonna d’apporter le numéro 5 et le numéro 8.

« Et surtout plus de vos farces, dit M. Trabb, ou vous vous en repentirez, mauvais garnement, tout le restant de vos jours. »

M. Trabb se pencha ensuite sur le numéro 4, et avec un ton confidentiel et respectueux tout à la fois, il me le recommanda comme un article d’été fort en vogue parmi la Nobility et la Gentry, article qu’il considérait comme un honneur de pouvoir livrer à ses compatriotes, si toutefois il lui était permis de se dire mon compatriote.

« M’apporterez-vous les numéros 5 et 8, vagabond ! dit alors M. Trabb ; apportez-les de suite, ou je vais vous jeter à la porte et les aller chercher moi-même ! »

Avec l’assistance de M. Trabb, je choisis les étoffes