Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/291

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c’était une dame veuve, d’une nature tellement sympathique, qu’elle s’accordait avec tout le monde, bénissait tout le monde, et répandait des sourires ou des larmes sur tout le monde, selon les circonstances. Cette dame s’appelait Coiler, et j’eus l’honneur de lui offrir le bras pour la conduire à table le jour de mon installation. Elle me donna à entendre, en descendant l’escalier, que c’était un grand coup pour cette chère Mrs  Pocket et pour ce cher M. Pocket, de se voir dans la nécessité de recevoir des pensionnaires chez eux.

« Ceci n’est pas pour vous, me dit-elle dans un débordement d’affection et de confidence, il y avait un peu moins de cinq minutes que je la connaissais ; s’ils étaient tous comme vous, ce serait tout autre chose. Mais cette chère Mrs  Pocket, dit Mrs  Coiler, après le désappointement qu’elle a éprouvé de si bonne heure, non qu’il faille blâmer ce cher M. Pocket, a besoin de tant de luxe et d’élégance…

— Oui, madame, dis-je pour l’arrêter, car je craignais qu’elle ne se prît à pleurer.

— Et elle est d’une nature si aristocratique !…

— Oui, madame, dis-je encore dans le même but que la première fois.

— Que c’est dur, continua Mrs  Coiler, de voir l’attention et le temps de ce cher M. Pocket détournés de cette chère Mrs  Pocket ! »

Tandis que j’accordais toute mon attention à mon couteau, à ma fourchette, à ma cuillère, à mes verres et aux autres instruments de destruction qui se trouvaient sous ma main, il se passa quelque chose, entre Mrs  Pocket et Drummle, qui m’apprit que Drummle, dont le nom de baptême était Bentley, était actuellement le plus proche héritier, moins un, d’un titre de baronnet, et plus tard, je sus que le livre que