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Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/207

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comme disait le cocher de la malle lorsqu’il fut pris dans un tourbillon de neige.

— Je vois que vous me comprenez, Sam. Comme je vous l’ai dit, je désire d’abord que vous ne demeuriez pas à perdre votre temps dans un endroit comme celui-ci ; mais, en outre, je sens que c’est une monstrueuse absurdité qu’un prisonnier pour dettes ait un domestique avec lui. Il faut que vous me quittiez pour quelque temps, Sam.

— Oh ! pour quelque temps, monsieur ? répéta Sam, avec un léger accent de sarcasme.

— Oui, pour le temps que je demeurerai ici. Je continuerai à payer vos gages, et l’un de mes trois amis sera heureux de vous prendre avec lui, ne fût-ce que par respect pour moi. Si jamais je quitte cet endroit, Sam, poursuivit M. Pickwick avec une gaieté affectée, je vous donne ma parole que vous reviendrez aussitôt avec moi.

— Maintenant, je vas vous dire ce qui en est, monsieur ; répliqua Sam d’une voix grave et solennelle. Ça ne peut pas aller comme ça : ainsi, n’en parlons plus.

— Sam, je vous parle sérieusement : j’y suis résolu.

— Vous êtes résolu, monsieur ? Très-bien, monsieur. Eh bien ! moi aussi alors. »

En prononçant ces mots d’une voix ferme, Sam fixa son chapeau sur sa tête avec une grande précision, et quitta brusquement la chambre.

« Sam ! lui cria M. Pickwick, Sam, venez ici ! »

Mais la longue galerie avait déjà cessé de répéter l’écho de ses pas. Sam était parti.





CHAPITRE XIV.

Comment M. Samuel Weller se mit mal dans ses affaires.


Dans une grande salle mal éclairée et plus mal aérée, située dans Portugal Street, Lincoln’s Inn fields, siégent durant presque toute l’année un, deux, trois ou quatre gentlemen en perruque, qui ont devant eux de petits pupitres mal vernis. Des stalles d’avocats sont à leur main droite ; à leur main