« Par ici ! dit Nancy en lâchant la main d’Olivier. Guillaume !
— On y va ! répondit Sikes en se montrant au haut de l’escalier, une chandelle à la main. Oh ! tout va bien. Montez ! »
Pour un individu de la trempe de M. Sikes, c’étaient là des paroles de satisfaction, et un accueil singulièrement cordial. Nancy parut y être très sensible, et le salua amicalement.
« J’ai fait sortir Turc avec Tom, observa Sikes en les éclairant ; il nous aurait gênés.
— C’est juste, répliqua Nancy.
— Eh bien ! tu as amené le chevreau ? dit Sikes en fermant la porte, dès qu’ils furent entrés dans la chambre.
— Le voici, répondit Nancy.
— S’est-il tenu tranquille ? demanda Sikes.
— Comme un agneau, dit Nancy.
— C’est bon à savoir, dit Sikes en regardant Olivier d’un air farouche. Tant mieux pour ta petite carcasse ; car autrement elle s’en serait ressentie. Arrive ici, marmot, et écoute-moi bien : autant vaut que je te prêche une fois pour toutes. »
En s’adressant ainsi à son nouveau protégé, M. Sikes lui ôtait sa casquette, et la jetait dans un coin ; puis, prenant Olivier par l’épaule, il s’assit près de la table, et fit tenir l’enfant droit devant lui.
« D’abord, connais-tu ça ? » demanda Sikes en prenant sur la table un pistolet de poche.
Olivier répondit affirmativement.
« Dans ce cas, attention ! continua Sikes. Voici de la poudre, voici une balle, et un lambeau de vieux chapeau pour servir de bourre. »
Olivier murmura à voix basse qu’il connaissait l’usage de ces divers objets, et M. Sikes se mit à charger le pistolet avec beaucoup de soin.
« Maintenant le voici chargé, dit-il quand il eut fini.
— Oui, je vois bien, monsieur, dit Olivier tout tremblant.
— Eh bien ! dit le brigand, en serrant étroitement le poignet d’Olivier, et en lui appliquant le canon du pistolet si près de la tempe que l’enfant ne put réprimer un cri : si tu as le malheur, quand tu sortiras avec moi, de dire un seul mot avant que je t’adresse la parole, je te loge une balle dans la tête, sans autre préambule. Ainsi, si tu veux te passer la fantaisie de parler sans permission, dis d’abord tes prières. »