Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/195

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teau et un chapeau, passer comme un trait le long de la boiserie. »

Le juif lâcha Monks, et ils s’élancèrent précipitamment hors de la chambre. La chandelle, agitée par le courant d’air, était toujours à l’endroit où on l’avait posée et leur permit de voir l’escalier vide et leur visage pâle d’effroi. Ils écoutèrent attentivement, mais un profond silence régnait dans toute la maison.

« Vous l’avez rêvé ! dit le juif en prenant la lumière et en se tournant vers son compagnon.

— Je jurerais que je l’ai vue ! répondit Monks tremblant de tous ses membres ; elle se penchait en avant quand je l’ai aperçue, et quand j’ai parlé elle a disparu. »

Le juif regarda avec dédain le visage blême de Monks, en lui disant de le suivre s’il voulait, et monta l’escalier. Ils visitèrent toutes les chambres ; elles étaient toutes froides, nues et vides ; ils descendirent dans l’allée, puis dans la cave ; l’humidité suintait le long des murs verdâtres ; les traces de limaces et de colimaçons brillaient à la lumière ; mais partout un silence de mort.

« Êtes-vous rassuré maintenant ? dit le juif quand ils eurent regagné l’allée ; sauf nous deux, il n’y a pas une âme dans la maison, excepté Tobie et les garçons, et ils sont en lieu sûr ; voyez plutôt ! »

À l’appui de ces paroles, le juif tira deux clefs de sa poche, et ajouta que, pour prévenir toute allée et venue indiscrète pendant l’entretien, il avait mis son monde sous clef.

Tant de preuves réunies calmèrent l’effroi de M. Monks ; ses affirmations étaient devenues de moins en moins positives, à mesure qu’ils avançaient dans leurs recherches sans rien découvrir ; il finit par rire de sa terreur, et déclara que c’était apparemment une illusion de son imagination ; il refusa pourtant de renouer la conversation, et se souvint tout à coup qu’il était deux heures du matin. En conséquence, nos deux aimables personnages prirent congé l’un de l’autre.