Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/261

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tous les détails que put donner Olivier sur l’extérieur et la mise des deux étrangers ; le juif surtout était assez facile à reconnaître, en supposant qu’on le trouvât à boire ou à flâner quelque part ; mais Giles revint sans fournir aucun renseignement qui pût dissiper ou éclaircir ce mystère.

Le lendemain, nouvelles recherches, nouvelles informations, mais sans plus de succès. Le surlendemain, Olivier et M. Maylie se rendirent au marché de la ville voisine, dans l’espoir de voir ou d’apprendre quelque chose relativement aux deux individus ; cette démarche fut également infructueuse. Au bout de quelques jours on commença à oublier l’affaire, comme il arrive le plus souvent quand la curiosité, n’étant alimentée par aucun incident nouveau, vient à s’éteindre d’elle-même.

Pendant ce temps Rose se rétablissait rapidement ; elle avait quitté la chambre ; elle pouvait sortir, et, en partageant de nouveau la vie de la famille, elle avait ramené la joie dans tous les cœurs.

Mais, bien que cet heureux changement eût une influence visible sur le petit cercle qui l’entourait, bien que les conversations joyeuses et les rires se fissent de nouveau entendre dans le cottage, il y avait parfois une contrainte singulière chez quelques-uns de ses hôtes, chez Rose même, et qui ne put échapper à Olivier. Mme Maylie et son fils restaient souvent enfermés pendant des heures entières, et plus d’une fois on put s’apercevoir que Rose avait pleuré. Quand M. Losberne eut fixé le jour de son départ pour Chertsey, ces symptômes augmentèrent, et il devint évident qu’il se passait quelque chose qui troublait la tranquillité de la jeune demoiselle et de quelque autre encore.

Enfin, un matin que Rose était seule dans la salle à manger, Henry Maylie entra, et lui demanda, avec quelque hésitation, la permission de l’entretenir quelques instants.

« Rose, il suffira de deux ou trois mots, dit le jeune homme en approchant sa chaise de la sienne : ce que j’ai à vous dire, vous le savez déjà ; les plus chères espérances de mon cœur ne vous sont pas inconnues, quoique vous ne me les ayez pas encore entendu exprimer. »

Rose était devenue très pâle en le voyant entrer, mais ce pouvait être l’effet de sa récente maladie. Elle se contenta de le saluer ; puis, se penchant vers des fleurs qui se trouvaient à sa portée, elle attendit en silence qu’il continuât :

« Je crois… dit Henri, que… je devrais déjà être parti.