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quatre servantes, témoins de la scène, des exclamations de pudeur révoltée.

« Une créature comme ça, disaient-elles, mais c’est la honte de notre sexe ; ça n’est bon qu’à être jeté sans pitié au chenil.

— Faites de moi ce que vous voudrez, dit la jeune fille en se retournant vers les domestiques, mais rendez-moi d’abord le service que je vous demande. Pour l’amour de Dieu, faites-le ! »

Le sensible cuisinier joignit ses instances à celles de Nancy, et le laquais qui avait paru le premier consentit à faire la commission.

« Que dirai-je ? fit-il, un pied sur la première marche de l’escalier.

— Vous direz qu’une jeune fille demande instamment à parler à Mlle Maylie en particulier, dit Nancy ; que si mademoiselle consent à entendre seulement un seul mot de ce qu’on a à lui dire, elle pourra après écouter le reste ou faire jeter la jeune fille à la porte comme une menteuse.

— Diable ! dit le laquais, comme vous y allez !

— Montez toujours, dit la jeune fille avec fermeté, que je sache la réponse. »

Le domestique monta rapidement l’escalier, et Nancy attendit, toute pâle et respirant à peine. Elle écouta, les lèvres tremblantes et d’un air de profond mépris, les propos outrageants des chastes servantes qui ne se gênaient pas dans leurs discours, surtout quand le domestique revint annoncer qu’elle pouvait monter.

« Ce n’est pas la peine d’être une honnête femme en ce monde, dit la première servante.

— Il paraît que le cuivre vaut mieux que l’or qui a passé au feu. » dit la seconde.

La troisième se contenta de dire : « Ce que c’est que les grandes dames ! » Et la quatrième fit entendre un « fi donc ! » répété à l’unisson par le chœur des chastes Dianes, qui gardèrent ensuite le silence.

Sans s’occuper de tout cela, Nancy, le cœur plein de choses plus sérieuses, suivit toute tremblante le domestique, qui l’introduisit dans une petite antichambre éclairée par une lampe suspendue au plafond ; et là, s’étant retiré, il la laissa seule.