Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/338

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monde. Pourquoi leurs domestiques ne les ont-ils pas pendus à leurs porte-manteaux, au lieu de les laisser venir ici pour m’ennuyer. Je…

— Reconduisez cet homme en prison, dit le greffier ; le tribunal le déclare en état d’arrestation.

— Allons, marchons ! dit le geôlier.

— C’est bon ! c’est bon ! on y va, reprit le fin Matois en brossant son chapeau avec la paume de sa main. Ah ! dit-il en s’adressant aux magistrats, ça ne vous servira de rien de faire les effrayés comme ça… Je ne vous ferai pas grâce d’un fétu. Pas de ça ! Ah ! mes petits bijoux, je vous le ferai payer cher ; je ne voudrais pas être à votre place pour quelque chose ; vous auriez beau tomber à mes genoux pour me demander de m’en aller en liberté que je refuserais. Allons ! vous, emmenez-moi en prison, et dépêchez-vous ! »

En disant ces mots, le fin Matois se laissa appréhender au collet, répétant avec menaces, jusqu’à ce qu’il fût entré dans la cour, qu’il en ferait une affaire parlementaire ; il accompagna ces paroles d’une grimace à l’adresse du geôlier, en riant aux éclats et en se rengorgeant.

Lorsqu’il eut vu mettre le prisonnier en cellule, Noé revint au galop à l’endroit où il avait quitté maître Bates. Après avoir attendu quelque temps au lieu du rendez-vous, il l’aperçut au fond d’une petite cachette où il s’était retiré, pour s’assurer de là que personne de suspect ne suivait son nouvel ami.

Ils se hâtèrent de revenir tous les deux pour rapporter à Fagin l’émouvante nouvelle que le Matois faisait honneur à son éducation et qu’il était en train de fonder glorieusement sa réputation.