Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/337

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note de la parole du geôlier. C’est bon ! C’est de la calomnie, rien que ça. »

Et l’auditoire de rire et le geôlier de crier toujours : « Silence donc, là ! »

« Eh bien ! maintenant, où sont les témoins ? demanda le greffier.

— Ah ! c’est juste ! où sont-ils donc les témoins, que je les voie ? »

Sa curiosité fut bientôt satisfaite : en ce moment s’avança un policeman qui avait vu le prisonnier mettre sa main dans la poche d’un individu au milieu de la foule et en retirer un mouchoir ; l’ayant trouvé trop vieux, il l’avait remis dans la poche du légitime possesseur, après s’en être servi pour son usage. En conséquence de ce fait, il avait arrêté le Matois aussitôt qu’il s’était trouvé près de lui. En le fouillant, on le trouva nanti d’une tabatière en argent portant sur le couvercle le nom de son propriétaire ; celui-ci, découvert grâce à l’Almanach des vingt-cinq mille adresses, jura à l’audience que la tabatière lui appartenait et qu’il l’avait perdue la veille, dans la foule. Il avait remarqué un jeune homme qui cherchait à s’échapper, et ce jeune homme était le prisonnier qu’il avait devant lui.

« Prévenu, avez-vous quelques questions à adresser au témoin ? demanda le président.

— Plus souvent que je m’abaisserai à engager une conversation avec lui ! répondit le fin Matois.

— Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?

— Le président vous demande si vous avez quelque chose à dire pour votre défense, dit le geôlier en poussant du coude le Matois, qui gardait le silence.

— Ah ! pardon ! dit le Matois semblant se réveiller ; c’est-il à moi que vous parlez, mon garçon ?

— Je n’ai jamais vu un vagabond pareil, monsieur le président, dit le geôlier en ricanant. N’avez-vous rien à dire, encore une fois, blanc-bec ?

— Non, je n’ai rien à dire ici, car nous ne sommes pas dans la boutique à la justice ; sans compter que mon avocat est en train de déjeuner avec le vice-président de la Chambre des communes ; mais autre part, c’est différent ! j’aurai quelque chose à dire, et lui aussi, et nous aurons là nos amis, qui sont nombreux et très respectables. Nous leur ferons voir, à ces bavards-là, qu’ils auraient mieux fait de ne pas venir au