se remettre. Le vieux monsieur s’adressa bientôt à cette dernière :
« Vous n’êtes pas venue ici dimanche dernier ? lui dit-il.
— Je n’ai pas pu venir, répondit Nancy : on m’a retenue de force.
— Qui donc ?
— Guillaume… celui dont j’ai déjà parlé à mademoiselle.
— Vous n’avez pas été soupçonnée, j’espère, d’être en communication avec qui que ce soit, à propos de l’affaire qui nous amène ici ce soir ? demanda le monsieur d’un air inquiet.
— Non, répondit la jeune fille en hochant la tête ; il ne m’est pas très facile de sortir, à moins de dire où je vais ; je n’aurais pu aller voir mademoiselle, si je n’avais fait prendre à Guillaume une dose de laudanum avant de sortir.
— S’est-il réveillé avant votre retour ? demanda le monsieur.
— Non ; et ni lui, ni personne ne me soupçonne.
— Tant mieux, dit le monsieur. Maintenant, écoutez-moi.
— Je suis prête, répondit Nancy.
— Cette jeune demoiselle, dit le monsieur, m’a communiqué, ainsi qu’à quelques amis en qui on peut avoir toute confiance, ce que vous lui avez dit, il y a environ quinze jours. Je vous avoue que j’ai d’abord hésité à croire que vous méritassiez confiance ; mais maintenant je crois fermement que vous en êtes digne.
— Oui, dit vivement la jeune fille.
— J’en suis convaincu, je vous le répète. Pour vous prouver que je suis disposé à me fier à vous, je vous avouerai, sans détour, que nous nous proposons d’arracher par la terreur, le secret, quel qu’il soit, de cet individu qu’on appelle Monks ; mais, ajouta le monsieur, si nous ne pouvons mettre la main sur lui, ou si nous ne pouvons tirer de lui ce que nous voulons, il faudra nous livrer le juif.
— Fagin ! dit la jeune fille, en reculant d’un pas.
— Il faudra nous livrer cet homme, répéta le monsieur.
— Je ne ferai pas cela, jamais, répondit Nancy. C’est un démon ! c’est pis qu’un démon ; mais je ne ferai pas cela.
— Vous ne voulez pas ? dit le monsieur qui semblait s’attendre à cette réponse.
— Jamais ! répartit Nancy.
— Pourquoi ?