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Bientôt elle se releva, et d’un pas faible et chancelant gravit les degrés pour regagner la rue. L’espion étonné resta immobile à son poste pendant quelques minutes, et, quand il eut acquis la certitude qu’il était tout à fait seul, il sortit de sa cachette et remonta sur le pont en rasant la muraille comme il l’avait fait en descendant.

Arrivé auprès de l’escalier, Noé Claypole regarda autour de lui à plusieurs reprises pour être bien sûr qu’il n’était pas observé, puis il partit à toutes jambes pour regagner la maison du juif.


CHAPITRE XLVII.
Conséquences fatales.

C’était environ deux heures avant l’aube du jour, à cette heure qu’en automne on peut bien appeler le fort de la nuit, quand les rues sont désertes et silencieuses, que le bruit même paraît sommeiller et que l’ivrogne et le débauché ont regagné leur maison d’un pas chancelant. À cette heure de calme et de silence, le juif veillait dans son repaire, le visage si pâle et si contracté, les yeux si rouges et si injectés de sang qu’il ressemblait moins à un homme qu’à un hideux fantôme échappé du tombeau et poursuivi par un esprit malfaisant.

Il était accroupi devant son feu éteint, enveloppé dans une vieille couverture déchirée et le visage tourné vers la chandelle qui était posée sur la table, à côté de lui. Il portait sa main droite à ses lèvres et, absorbé dans ses réflexions, il se mordait les ongles et laissait voir ses gencives dégarnies de dents et armées seulement de quelques crocs comme en aurait un chien ou un rat.

Noé Claypole dormait profondément sur un matelas étendu sur le plancher. Parfois le vieillard tournait un instant ses regards vers lui, puis les ramenait vers la chandelle dont la longue mèche brûlée attestait, ainsi que les gouttes de suif qui tombaient sur la table, que les pensées du juif étaient occupées ailleurs.

Elles l’étaient en effet.