Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/418

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n’appartient qu’à lui, et il soutient toujours, en offrant de « manger sa tête », que sa méthode est la seule qui soit bonne. Les dimanches, il ne manque pas de critiquer le sermon, à la barbe du jeune pasteur, bien qu’il avoue en confidence à M. Losberne qu’il a trouvé le sermon excellent, mais qu’il aime autant ne pas le dire. M. Brownlow s’amuse souvent à le plaisanter sur l’horoscope qu’il avait tiré d’Olivier, et à lui rappeler cette soirée où ils étaient assis devant une table, la montre entre eux deux, en attendant le retour de l’enfant ; mais M. Grimwig soutient qu’il ne s’était pas trompé, à preuve qu’au bout du compte Olivier ne revint pas ; et là-dessus il part d’un grand éclat de rire qui ne fait qu’ajouter à sa bonne humeur.

M. Noé Claypole, après avoir été gracié pour avoir dénoncé le juif, s’aperçut que le métier qu’il faisait n’était pas tout à fait aussi sûr qu’il aurait pu le désirer, et songea aux moyens de gagner sa vie sans pourtant se donner trop de peine ; tout considéré, il se mit dans la police secrète, et il se fait là dedans une jolie petite existence. Voici comment il s’arrange : il sort le dimanche, à l’heure de l’office, en compagnie de Charlotte décemment vêtue ; celle-ci tombe en faiblesse à la porte d’un cabaret ; Noé, pour la faire revenir à elle, demande pour dix sous d’eau-de-vie, que le cabaretier sert par bonté d’âme ; il verbalise et assigne pour le lendemain le cabaretier philanthrope ; le sieur Noé fait son rapport et empoche la moitié de l’amende. D’autres fois, c’est lui qui s’évanouit, mais le résultat est le même.

M. et Mme Bumble, après leur destitution, tombèrent peu à peu dans la dernière misère et finirent par se faire admettre comme pauvres dans ce même dépôt de mendicité où ils avaient jadis régné en maîtres. On a surpris M. Bumble à dire que son malheur et sa dégradation ne lui laissaient pas même la force de se réjouir d’être séparé de sa femme.

Quant à M. Giles et à Brittles, ils sont toujours à leur poste, bien que le premier soit chauve et que le second ait blanchi. Ils couchent au presbytère ; mais ils partagent si également leurs soins entre Mme Maylie et ses enfants, Olivier, M. Brownlow et M. Losberne, que les habitants du village n’ont pas encore pu découvrir au service de quel ménage ils sont particulièrement attachés.

Maître Charlot Bates, terrifié du crime de Sikes, se demanda si après tout il ne valait pas mieux mener une vie honnête ; il rompit avec son passé et résolut de l’effacer par une existence