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Fieldlane, le fit entrer dans une allée et referma la porte derrière lui.

« Qui va là ? cria une voix en réponse à un sifflet du matois.

— Plummy et Slam ! » fut la réponse. C’était sans doute un signal ou un mot d’ordre pour indiquer que tout allait bien.

La faible lueur d’une chandelle éclaira le mur au fond de l’allée, et l’on vit paraître une tête au niveau du sol, derrière la rampe brisée d’un escalier qui menait jadis à une cuisine.

« Vous êtes deux, dit l’homme en haussant la chandelle et en mettant la main au-dessus de ses yeux pour mieux distinguer les objets ; qui est l’autre ?

— Une nouvelle recrue, répondit Jack Dawkins en faisant avancer Olivier.

— D’où vient-il ?

— Du pays des innocents. Fagin est-il en haut ?

— Oui, il assortit les mouchoirs. Montez. »

L’homme disparut, et ils restèrent dans les ténèbres.

Toujours entraîné par son compagnon qui lui serrait fortement la main, Olivier cherchait de l’autre sa route à tâtons. Il gravit difficilement, dans l’obscurité, les degrés en ruine que son guide enjambait avec une prestesse qui montrait qu’il connaissait parfaitement ce chemin ; il poussa la porte d’une chambre de derrière et y introduisit Olivier. Les murs et le plafond étaient noircis par le temps et la malpropreté. Devant le feu, sur une table de sapin, se trouvaient une chandelle fixée dans le goulot d’une bouteille de grès, deux ou trois pots d’étain, un pain, du beurre et une assiette. Des saucisses cuisaient dans une poêle dont la queue était attachée avec une ficelle au manteau de la cheminée, et auprès se tenait un vieux juif, une fourchette à la main. Son visage était couvert de rides, et ses traits ignobles et repoussants étaient en partie cachés par une épaisse chevelure rousse ; il portait une sale robe de chambre de flanelle, n’avait pas de cravate, et semblait partager son attention entre la poêle et une corde à laquelle pendaient un grand nombre de foulards. Plusieurs méchants lits, faits avec de vieux sacs, étaient disposés l’un près de l’autre sur le plancher. Autour de la table, quatre ou cinq enfants de l’âge du Matois fumaient leur pipe et buvaient des liqueurs en se donnant des airs de grands garçons ; ils entourèrent leur camarade, qui dit au juif quelques mots à voix basse ; puis ils se tournèrent en riant vers Olivier, ainsi que le juif qui tenait toujours sa fourchette.