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CHAPITRE XIII.
Présentation faite au lecteur intelligent de quelques nouvelles connaissances qui ne sont pas étrangères à certaines particularités intéressantes de cette histoire.


« Où est Olivier ? dit le juif avec fureur, en se levant d’un air menaçant ; qu’est-il devenu ? »

Les jeunes filous regardèrent leur maître avec un sentiment de crainte, puis se regardèrent l’un l’autre avec embarras, et ne répondirent pas.

« Qu’est devenu Olivier ? dit le juif en prenant le Matois au collet et en le menaçant avec d’affreuses imprécations. Parle, ou je t’étrangle. »

Fagin disait cela d’un ton si sérieux, que Charlot Bates, qui en tout cas jugeait prudent de se mettre à l’abri, et qui ne voyait rien d’impossible à ce que le juif l’étranglât ensuite à son tour, tomba à genoux, et poussa un cri perçant et prolongé qui tenait du mugissement d’un taureau furieux et des accents d’une trompette marine.

« Parleras-tu ? dit le juif d’une voix de tonnerre, en secouant le Matois d’une telle force, que c’était merveille que l’habit ne lui restât pas dans les mains.

— Il est tombé dans la souricière et voilà tout, dit le Matois d’un air maussade. Ah çà ! allez-vous me laisser tranquille ? »

Et d’un seul élan se dégageant de son habit, il saisit la fourchette à rôtir et visa, au gilet du facétieux vieillard, un coup qui, s’il eût porté, lui eût fait perdre sa gaieté pour un mois ou deux, et peut-être davantage.

Dans cette occurrence, le juif recula avec plus d’agilité qu’on n’eût pu en soupçonner chez un homme si décrépit en apparence, et saisissant le pot d’étain, il se préparait à le jeter à la tête de son adversaire ; mais Charlot Bates attira en ce moment son attention par un hurlement affreux, et ce fut sur lui que le juif jeta le pot plein de bière.

« Eh bien ! qu’est-ce que tout ce tremblement ? murmura tout à coup une grosse voix, qui est-ce qui m’a jeté cela à la figure ?