Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome1.djvu/283

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« Vous comprenez, mon amour, dit Martin, s’interrompant de nouveau, que je veux parler de notre ami qui se tient là-bas à distance. »

Mary fut charmée de ce qu’elle entendait et dirigea sur Mark un regard d’intérêt que celui-ci saisit au passage en détournant les yeux de son brouillard, et qu’il reçut avec une extrême satisfaction. Elle dit que Mark était une bonne âme, un garçon jovial, et sur la fidélité duquel on pouvait compter, bien sûr : compliments que M. Tapley résolut intérieurement de justifier, pour faire honneur aux jolies lèvres qui les avaient prononcés, dût-il faire le sacrifice de sa vie.

« Maintenant, mon cher Pinch, reprit Martin, continuant la lecture de sa lettre, je vais vous donner une grande preuve de confiance, sachant bien que je puis parfaitement me reposer sur votre honneur et votre discrétion, et n’ayant d’ailleurs personne autre à qui je puisse me fier. »

— Je ne mettrais pas cela, Martin.

— Vous ne le mettriez pas ? Eh bien ! je l’effacerai. C’est pourtant la vérité.

— Il se peut, mais le compliment ne lui semblerait pas gracieux.

— Oh ! je ne m’inquiète pas de ce que pense Tom. Il n’y a pas tant de cérémonies à faire avec lui. Cependant j’effacerai cette queue de phrase, puisque vous le désirez, et je placerai le point après ces mots : « Et votre discrétion. » Je continue : « – Non-seulement je mettrai à votre adresse toutes mes lettres à la demoiselle dont je vous ai parlé, vous commettant le soin des les lui envoyer où elle vous dira, mais encore je la confie elle-même d’une manière pressante à vos soins et à votre sollicitude, dans le cas où vous viendriez à la rencontrer en mon absence. J’ai lieu de penser que les occasions que vous aurez de vous voir ne seront ni éloignées ni rares ; et bien que, dans votre position, vous ne puissiez faire que très-peu de chose pour adoucir ses ennuis, j’ai l’intime confiance que vous ferez à cet égard tout ce qui dépendra de vous, et que vous justifierez ainsi mon espérance. – » Vous voyez, ma chère Mary, dit Martin, ce sera pour vous une grande consolation d’avoir quelqu’un, si simple qu’il soit, avec qui vous puissiez parler de moi ; et la première fois que vous causerez avec Pinch, vous verrez tout de suite que vous pouvez lui parler sans le moindre embarras. Vous ne vous sentirez pas plus gênée qu’avec une vieille bonne femme.