Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome1.djvu/326

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et des souillures de ce peuple à côté de ses grandes prétentions ; lorsque, perdu dans l’éclat de ses rêves lointains, il s’écriait :

Oh ! si tu n’avais pas ces hommes généreux,
Tes jours dès à présent passeraient comme une ombre,
Colombie ; et tes champs, où les épis sans nombre,
Des rayons du soleil n’attendent pas les feux,
Languiraient : car ton cœur atteint de pourriture
Est déjà vieux auprès de la jeune nature ;
Et tes fruits, orgueilleux de devancer le temps,
Seraient tombés avant la fuite du printemps.


CHAPITRE XVII.

Martin élargit le cercle de ses connaissances ; il augmente son fonds d’expérience, et trouve une excellente occasion d’en comparer les résultats personnels avec ceux de l’expérience acquise par Lummy Ned de Salisbury, d’après le récit que lui en a fait son ami M. William Simmons.


Un trait qui est bien de nature à caractériser Martin, c’est que, durant tout ce temps-là, il avait oublié Mark Tapley aussi complètement que s’il n’eût jamais existé personne de ce nom ; ou si, pour un moment, la figure de ce gentleman s’était offerte à sa pensée, il avait ajourné cette image comme une chose qui ne pressait pas du tout, et à laquelle il serait toujours temps de penser dans ses moments de loisir. Mais quand il se vit de nouveau dans les rues, il vint à songer qu’il n’était pas tout à fait impossible que M. Tapley ne fût, à la longue, fatigué d’attendre sur le pas de la porte du Rowdy Journal Office. En conséquence, il expliqua à son nouvel ami que, si leur promenade pouvait être dirigée de ce côté, il ne serait point fâché de se débarrasser de cette petite affaire.

« Et à propos d’affaire, dit Martin, me serait-il permis de vous demander à mon tour si ce sont vos occupations qui vous retiennent dans cette ville, ou si, comme moi, vous n’y êtes qu’à titre de visiteur ?

— De visiteur, répondit son ami. J’ai été élevé dans l’État