Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/367

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peu de durée, et la progression indéfinie de la population l’a bientôt faite arriver jusqu’à la borne fatale qu’elle ne peut franchir. Alors la charité est impuissante pour l’individu souffrant ; elle ne peut le soustraire à sa destinée ni l’empêcher de périr ; elle doit par conséquent se tenir en gardé contre ses propres séductions, et ne pas favoriser la procréation d’individus dont elle ne peut pas protéger la vie.

Cette première limite n’est pas la seule que la charité doit craindre de franchir ; elle doit aussi s’arrêter devant l’obstacle que lui oppose la loi qui règle la distribution des subsistances : loi non moins impérieuse que celle qui fixe leur limite.

Quelle est donc la loi qui règle la répartition des subsistances ? C’est, pour les classes qui sont l’objet de la charité publique, la loi des salaires du travail ; et, il faut l’avouer, il est difficile de concilier cette loi avec la disposition des fonds de la charité publique.

Les salaires du travail sont la part des classes laborieuses dans le fonds des Subsistances de chaque pays, part toujours déterminée par l’état progressif, stationnaire ou rétrograde de la richesse sociale. Si donc les salaires ne peuvent faire subsister que cent individus, tous les efforts de la charité ne peuvent pas donner des subsistances à cent un. Tout ce qu’elle fait à cet égard se réduit, en définitive, à donner à l’un la part de