Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/368

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l’autre, et par conséquent elle déplace la pauvreté et ne la soulage pas.

Le mal peut même être beaucoup plus grand qu’il ne le paraît sous ce point de vue. Si, ce qui est presque inévitable, la portion des salaires que distribue la charité n’est pas aussi productive qu’elle le serait, si elle était abandonnée à la lutte de la concurrence, la charité diminue les ressources sociales, et augmente la pauvreté qu’elle veut soulager,

Ainsi la charité marche entre deux écueils, le déplacement de la pauvreté et son accroissement.

N’y a-t-il donc pour elle aucun moyen de suivre le penchant que la nature a gravé si profondément dans tous les cœurs ? est-elle condamnée à voir des souffrances qu’elle ne peut pas soulager ? Non sans doute ; mais sa tache est d’une nature différente, et le champ est encore assez vaste pour exercer ses généreuses sollicitudes.

Les maux imprévus, accidentels, temporaires, sont de son domaine et lui offrent une ample moisson de gratitude et de bénédictions. Là, il ne s’agit plus de faire subsister des individus qui ne devraient pas naître, ni de donner des salaires à ceux qui ; ne veulent ou ne savent pas travailler, ou ne font pas autant d’ouvrages que leurs concurrens ; là, il ne s’agit ni d’accroître ni de déplacer, la pauvreté, il ne faut que continuer les salaires à ceux qui en sont privés par un obstacle