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ALA

montagnes des Cévennes. Sa longitude est : 21°, 38’, 5". Sa latitude, 44°, 5’, 0". Acad. de Montp.

ALAISE. Voyez ALÈSE.

Alaise. s. f. Terme de Menuiserie. C’est dans une porte collée & emboîtée, ou dans un panneau d’assemblage, la planche la plus étroite qui acheve de le remplir. Les panneaux d’un lambris doivent être assemblés sans Alaise pour être plus propres.

☞ ALAITEMENT, & mieux ALLAITEMENT, s. m. Action de donner à teter. Lactatio, lactatus. Il se dit aussi du temps pendant lequel une mère s’acquitte de ce devoir.

☞ ALAITER, ou ALLAITER, avec l’Acad. v. a. Donner la mammelle, nourrir de son lait. Lactare, mammas, uhera porrigere. Une bonne mere doit alaiter ses enfans. Remus & Romulus furent alaités par une louve. On appelle Madame la Nourrice, celle qui a alaité un Roi, ou un fils de France. Ce mot vient du latin allactare. Voyez Allaiter.

ALAITÉ, ÉE. part. Lacte nutritus, pastus.

ALAMAGAN. Une des îles Mariannes. Alamaganum, Conceptionis insula. Sa latitude est 18", 20’. Elle a 6 lieues de circuit. Elle est à trois lieues & demie de Gugnan, d’autres la mettent à douze lieues de cette île. Son nom moderne est l’île de la Conception.

ALAMATOU. s. m. Fruit de l’île de Madagascar. Il ressemble à une prune noire, & il en a le goût. ☞ Il y en a une autre espèce qu’on appelle Alamatoue Issaïe, qui a le goût de la figue, & dont l’excès passe pour dangereux.

ALAMBIC, s. m. Terme de Chimie. Vaisseau qui sert à distiller. Vas distillandis succis, Alambix. Dans sa signification étroite, c’est un vase rond, élevé en pointe vers le haut, & plus large vers le bas. Il a en dedans un rebord courbé & assez large pour recevoir les liqueurs ; ce rebord est percé pour laisser écouler la liqueur, laquelle sort par un long bec, ou tuyau, & tombe dans un autre vaisseau, qu’on appelle le récipient. Ce vase, ou alambic, est adapté à un vaisseau qu’on appelle la cucurbite, & dans lequel on met la liqueur qu’on veut distiller. La force du feu éleve de la liqueur contenue dans la cucurbite des vapeurs qui sont reçues dans l’alambic ; & là elles se condensent, soit par la froideur de l’air extérieur, soit par l’eau qu’on y applique extérieurement, & se convertissent en liqueur, laquelle s’écoule dans le récipient par le bec de l’alambic. Comme ce vaisseau ressemble un peu à une chapelle à l’antique, on l’appelle chape, chapelle, ou chapiteau. Quelquefois on met autour de ce chapiteau une espèce de bassin rempli d’eau fraîche, qui sert à condenser & à résoudre les vapeurs qui s’élevent de la cucurbite. Quelquefois le bec de l’alambic est joint & uni à un tuyau entortillé, qui, à cause de cela, s’appelle serpentin, & qui passe à travers un tonneau plein d’eau froide, & que l’on a soin de rafraîchir à mesure qu’elle s’échauffe. En ce cas on se sert plus communément d’une chape étamée, en forme de tête, qu’on appelle Tête de more, autour de laquelle il n’y a point de réfrigérant. Mais le mot alambic, dans sa signification plus étendue & plus générale, comprend toute la machine qui sert à distiller, c’est-à-dire, la cucurbite, le chapiteau, &c. Il y a différentes sortes d’alambics : un alambic ouvert, lequel est composé de deux pièces séparées ; la cucurbite, & le chapiteau : un alambic aveugle, composé d’un chapiteau posé, & scellé hermétiquement sur la cucurbite, &c. ☞ Il y a des alambics de cuivre, il y en a de verre, & d’autres de terre. Mettre une chose à l’alambic. Tirer à l’alambic, par l’alambic, passer par l’alambic.

On dit figurément, qu’une proposition, qu’une affaire a passé par l’alambic ; pour dire, qu’elle a été bien discutée, bien examinée, qu’on en a tiré toute la substance. Res diù multùmque agitata.

Ce mot vient de l’article arabe al, & du mot grec Ἂμβιξ, qui est une espèce de vaisseau de terre, dont parlent Athénée & Hésychius, Ménage, après Casaubon, & Vossius. Guichard tire outre cela Ἂμβιξ de l’Hébreu ; car, selon lui, il a été formé de אבוק, qui est interprété Fistula, Canna per quam aqua fluit in balneum, c’est-à-dire, tuyau, canal par lequel l’eau se rend dans un bain ; Mais Mattheus Sylvaticus, dans ses Pandectes de Médecine, dit que ce mot est arabe, & signifie la partie supérieure du vaisseau distillatoire. Il a raison ; on le trouve dans Avicenne אלאגבוק alambic, pour signifier alambic, vaisseau distillatoire. Ce mot vient du verbe נבק, Nabaka, qui a la huitième conjugaison אנבק Inbaca, signifie eduxit, elicuit, il a tiré ; d’où se forme le nom אגבוק Anbic, ou Enbic, & avec l’article אלאגבוק, alanbic, ou alenbic, d’où nous avons fait alambic, en changeant l’n en m, sans rien changer au son, ni à la prononciation. C’est aussi le sentiment de M. d’Herbelot.

☞ ALAMBIQUER. v. a. Qui n’a d’usage qu’au figuré, dans ces phrases. Alambiquer l’esprit, s’alambiquer l’esprit. S’épuiser à force de réflexion, se fatiguer l’esprit par une trop grande application à des choses abstraites & trop rafinées. Ingenium torquere. La plûpart des questions épineuses ne sont bonnes qu’à alambiquer l’esprit par mille chimères. Scar. On dit aussi dans le même sens, s’alambiquer la cervelle. Alambiquer une opinion, une proposition, c’est la prendre ou la traiter trop subtilement, avec une métaphysique outrée. Mais alambiquer dans le sens de distiller, de tirer par l’alambic, ne se dit guère.

ALAMBIQUÉ, ÉE. part. Il ne se dit que des questions, des pensées, des réflexions trop subtiles & trop rafinées. Subtilior. Discours alambiqué. Pensée alambiquée.

ALAMPENA. Terme de Relation. Ces deux mots veulent dire, ombre du monde, ou asyle assuré de toutes les Nations. C’est le surnom que les Persans donnent à leur Roi. Sanson.

ALAN. s. m. Terme de Vénerie. C’est un gros chien, ou espèce de dogue, qui est venu originairement d’Epire. Molossus. Il y en a de trois sortes : Alan genti, celui qui est de la taille d’un lévrier : Alan vautré, qui tire sur le mâtin, qui est bon à chasser aux ours & aux sangliers : & Alan de boucherie, qui sert à garder les maisons, & à conduire des bœufs. Ce mot est venu de l’Espagnol Alano. Les Anciens disoient aussi Alanus.

Alan. s. m. Rivière d’Angleterre. Alanus. Elle est dans la partie septentrionale du comté de Cornouailles, & se décharge dans la mer, à l’entrée du golfe de Bristol, au bourg de Padellow.

Alan. Province du Turquestan : elle comprend les villes d’Alan, de Bilcan & de Caoubari.

Alan. Ville d’Asie, dans la Perse, & dans la province de Turquestan. M. d’Herbelot dit que c’est peut-être de-là que sont venus originairement les Alains, que l’on dit être sortis d’une autre ville nommée Allan, pour se répandre dans les Gaules & dans l’Espagne.

Alan. Petite ville de France dans le Comingeois, avec un très-beau Château. Elle appartient à l’Evêque de Cominges.

☞ ALANA. Il y a une terre ainsi nommée, qui vient du pays d’Alana, nommée aujourd’hui Valachie. Elle est dure, brillante, & d’une couleur cendrée. On s’en sert au lieu de Tripoli pour polir l’or.

Alana. s. f. Espèce de craie ou de pierre tendre un peu rougeâtre, que l’on appelle autrement Tripoli.

☞ ALANCHE. Ville de France, en Auvergne, dans le duché de Mercœur.

ALAND. Île de la mer Baltique. Alandia. Elle est à l’entrée du golfe de Bothnie, & fort près de celui de Finlande. Elle a titre de Comté, & dépend de la Suéde. Quelques-uns prétendent qu’Aland & les îles voisines sont nommées Eggiaford, & que ce sont celles que les Anciens appeloient Oones, & Oxianæ insulæ. D’autres soutiennent que ce sont celles d’Oesel & de Dagho.

ALANDRIANA. Ville de Grece. Alandria. Elle est dans l’Epire, près de la ville de Saporo & des montagnes de la Chimère.

☞ ALANGON. Ville de France, dans la Guienne. Le vrai nom est Langon. Voyez ce mot.

ALANGOURI, IE. adj. Qui est affaibli par une grande maladie ou affliction, laquelle oblige à mener une vie