Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
ALA

langoureuse. Extenuatus, languidus. Ce mot est vieux, & hors d’usage, quoique fort significatif.

ALANGUER. Petite ville de Portugal. Alanguera. Elle est dans l’Estramadure, proche du Tage, entre Lisbonne & Lesria. Elle donne son nom à un grand territoire qui renferme Lisbonne. On croit que c’est l’ancienne Jerabrica, que d’autres placent au village Pavos, à une lieue d’Alanguer.

☞ ALANIER. s. m. Dans quelques anciennes coutumes est le nom que l’on donnoit à ceux qui élevoient, pour la chasse, les dogues nommés Alans.

ALAQUE. s. f. Terme d’Architecture. Membre carré & plat, qui fait le fondement de la base des colonnes. On l’appelle aussi Plinthe ou Orlet. Plintus, quadra.

ALAQUECA. Pierre qui se trouve en petits fragmens polis en Balagate, dans les Indes : elle arrête le sang lorsqu’on l’applique extérieurement.

ALARBES. s. m. C’est, dit Marmol, le nom qu’on donne aux Arabes établis en Barbarie. Ce mot ne me paroît être autre chose que l’article al, & le nom arabe ; & qu’on a dit Alarabes, puis Alarbes, c’est-à-dire, les Arabes. Le Roi Sébastien, environné de soixante des plus hardis des ennemis, commanda à quelqu’un des siens de mettre un linge blanc au haut de sa lance, pour signe qu’il se vouloit rendre ; mais son malheur voulut que ceux qui l’entouroient, fussent Alarbes, qui croyant que c’étoit un signal pour appeler ses gens à son secours, se jeterent sur lui & le tuerent. Les Alarbes sont des voleurs qui vont en troupe dans la Barbarie, en Afrique, dit Nicolaï.

ALARCON. Petite ville d’Espagne. Illarco. Elle est dans la nouvelle Castille, sur la rivière de Xucar, au-dessous de Cuença. Quelques Géographes prennent Alarcon pour l’ancienne Lacuris, que d’autres placent à Loquera, bourg de la nouvelle Castille, aux confins du royaume de Murcie.

ALARD. s. m. Nom d’homme. Adelardus. Alard ou Adelard, à qui l’on donne la qualité de Comte de Flandre, établit & fonda vers l’an 1160 l’hôpital d’Aubrac, composé de clercs & de serviteurs pour les besoins spirituels & corporels des infirmes. Il y joignit des gens d’épée & des chevaliers, pour veiller à la garde de la maison, & purger le passage de la montagne d’Aubrac, à sept lieues de Rhodez, des voleurs & des assassins, & de tout ce qui en avoit rendu jusque-là les approches difficiles.

Ce mot s’est formé du Latin Adelardus. En retranchant d’abord la terminaison latine, on a fait Adelard, puis rendant l’e muet, & ensuite le retranchant aussi, Adlard, & par le changement du d en la lettre suivante, Allard ; puis l’usage l’a ôté, & il est resté Alard. Au reste, on ne prononce point le d final, lors même qu’il suit une voyelle, & il faut dire, Alar- a été le premier Dom ou supérieur général de l’hôpital d’Aubrac, & non pas Alar-d- a été, &c.

ALARES. s. m. Alares. Quelques auteurs prétendent que c’étoit le nom d’une nation de Pannonie. D’autres disent que c’étoit le nom d’une milice, ou d’une espèce de soldats ; qu’ils le tiroient du mot Ala, aile ; & les Dictionnaires attribuent ce sentiment à Ortelius. Le dernier éditeur du Moréri, qui a copié ceci du Dictionnaire d’Hofman, ajoute qu’ils tiroient leur nom d’ala, à cause de leur légéreté à combattre. Cependant Ortelius n’en dit mot dans son Dictionnaire géographique, & il prend au contraire les Alares pour un peuple de Pannonie. Cependant il me paroît plus probable que Alares n’est ni nom propre, ni nom de peuple ; mais un nom adjectif, qui signifie Cavaliers, parce que la cavalerie, chez les Romains, se jetoit sur les deux ailes de l’armée ; & on appeloit pour cela un corps de cavalerie ala. Tacite semble même conduire à ce sentiment, en ajoutant que ces prétendus Alares étoient la force de la cavalerie. Alares quoque Pannonios, robur equitatûs, in parte campi locat. Ç’a été le sentiment de M. de Harlay dans sa traduction françoise de Tacite, où il a dit : il enferma encore dans son camp la cavalerie légère des Pannoniens, qui étoit la meilleure qu’il eût. C’est aussi celui de Bernardo Davanzati dans sa traduction italienne. Il ne faut donc point prendre Alares pour un peuple, ni en faire un nom françois.

ALARGUER. v. n. Terme de marine. C’est se mettre au large, s’éloigner de la côte, ou de quelque vaisseau. In altum navim propellere.

Alarguer, dit le Dict. Encyc. signifie s’éloigner d’une côte où l’on craint d’échouer, de demeurer affalé ; mais il ne signifie pas avancer en mer, & prendre le large en sortant d’un port. La chaloupe s’est alarguée du navire.

Ce mot est tiré du latin Largus, qui signifie, Qui n’est point à l’étroit, large.

ALARME. s. f. Signal qu’on donne par des cris, ou par des instrumens de guerre, pour faire prendre les armes dans l’arrivée imprévue d’un ennemi. Conclamatio ad arma.

☞ On dit sonner, donner l’alarme. A l’approche, ou sur le bruit de l’approche de l’ennemi, on crioit autrefois à l’arme , à l’arme, au lieu de crier aux armes : & c’est de-là sans doute que s’est formé le mot d’alarme.

Alarme, se dit encore d’une émotion causée dans le camp, ou dans une ville assiégée à l’approche des ennemis. Pavor, trepidatio. On dit que l’alarme est au camp, que les ennemis donnent de fréquentes alarmes.

☞ Poste d’alarme. C’est un espace de terrain que le Quartier-Mestre général, ou le maréchal général des logis assigne à un régiment, pour y marcher en cas d’alarme. Dans une garnison, c’est le lieu où chaque régiment a ordre de venir se rendre dans des occasions ordinaires.

☞ Pièces d’alarme. C’est ordinairement quelques pièces de canon placées à la tête du camp, toujours prêtes à être tirées au premier commandement.

☞ Au figuré, ce mot désigne une frayeur subite. On prend souvent l’alarme bien légérement. Une alarme chaude. Une fausse alarme, sans sujet, sans fondement. Quelquefois il signifie inquiétude. Alors on l’emploie d’ordinaire au pluriel. Il étoit dans de continuelles alarmes de la perte de son procès. Cette femme étoit toujours en alarme pour son mari qui étoit à la guerre. Vous avez pris l’alarme bien légérement. Nous voyons finir nos alarmes. Mol. Tenir la pudeur en alarme. Id.

l’Alarme est un mouvement de l’ame occasionné par l’approche inattendue d’un danger apparent ou réel qu’on croyoit d’abord éloigné. L’effroi naît de ce qu’on voit ; la terreur, de ce qu’on imagine ; l’alarme, de ce qu’on apprend ; la crainte, de ce qu’on fait ; l’épouvante de ce qu’on présume ; la peur, de l’opinion qu’on a ; & l’appréhension, de ce qu’on attend. Voyez sous ces articles, les différences particulières de tous ces synonymes.

l’Alarme suppose une vue du danger : elle fait courir à la défense. La vue de l’ennemi nous alarme. On porte l’alarme au cœur.

☞ Corneille, dans sa tragédie de Rodogune, n’a pas fait attention à l’idée que présente ce mot, en disant, sur nos fiers ennemis, rejetons nos alarmes.

☞ L’expression est impropre, dit Voltaire. On ne rejette point des alarmes sur un autre, comme on rejette une faute, un soupçon, &c. Les alarmes sont dans les hommes, parmi les hommes, & non sur les hommes. La propriété des termes est toujours fondée en raison.

Alarme. Marot a fait ce nom masculin.

Ainsi tu scez combien par faux alarmes,
La mort a fait, pour toy, jeter des larmes.

Pour fausses alarmes.

ALARMER. v. a. Donner l’alarme, causer de l’émotion, de l’épouvante, se dit tant au propre qu’au figuré. Terrere, Terrorem injicere. L’approche des ennemis alarma tout le camp. Une si fâcheuse nouvelle alarma son amour. Scar.

Il trouble ma raison, alarme ma tendresse. La Suze.

L’amitié remplit & remue le cœur, sans le trou-