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ALE

ALÊNIER. s. m. Ouvrier qui fait & vend des alênes, & des aiguilles. Subulæ artifex.

ALENOIS. adj. C’est une épithète qu’on donne à une espèce de cresson, qu’on appelle cresson alenois. Nasturtium. Voyez Cresson.

☞ ALENTAKEN. Petite province de Livonie, dans l’Esthonie, entre le golfe de Finlande & le lac de Peypus.

☞ ALENTEJO. Provincia inter Tagum & Anam. Province de Portugal, nommée autrement, entre Tejo & Guadiana, parce qu’elle est entre les rivières du Tage & de la Guadiana. Elle est frontière d’Espagne vers le levant. Ce pays est si fertile, qu’on l’appelle le grenier de Portugal.

ALENTIR. v. a. Rendre un mouvement plus lent, une action plus lente. Lentitudinem afferre, inducere ; Lentiorem reddere. Il ne faut qu’augmenter le nombre des roues dans une horloge, ou charger son balancier, pour alentir son mouvement. La vieillesse alentit, rend les hommes lents. On dit aujourd’hui ralentir. Alentir est suranné.

ALENTI, IE. part.

ALENTOUR, adv. Aux environs. Circùm.

A l’éclat de ses yeux, les rochers d’alentour,
Tout durs, tout froids qu’ils sont furent touchés d’amour. Men.
Remplit de ses regrets tous les lieux d’alentour.

Saraz.

☞ Ce mot s’emploie toujours sans régime. On ne dit point à l’entour de la table, mais autour.

Mais comme préposition il vieillit ; & en sa place on dit autour.

Ses fils alentour de sa table
Font une couronne agréable. God.

☞ ALEOPHANGINES. adj. Nom de certaines pilules dont on trouve la préparation dans la Pharmacopée de Londres.

ALEP. Quelques uns écrivent ALEB. Alepum. Ville considérable de Syrie, à 120 lieues à l’orient d’Alexandrette, qui lui sert de port. Alep est une ville très-marchande, & l’abord de toutes les nations d’Europe & d’Asie. Quoiqu’Alep soit soumis au Turc, il y a un très-grand nombre de Chrétiens, soit Catholiques Romains, soit Grecs ou Orientaux, du rit grec. La plûpart des Géographes disent, qu’elle est la ville archiépiscopale, que les Anciens nommoient Berrhœa ou Berœa, Bérée : quelques-uns la prennent pour Hierapolis, d’autres pour Chalibon, & d’autres pour Larisse, Larissa. Les Transactions philosophiques, T. I, p. 652, disent que la longitude d’Alep est à-peu-près la même chose que celle de Moscou : qui est de 30 degrés 45′. Alep est une des principales villes de l’Empire Ottoman. Quelques-uns l’on appelée Béroan. Les habitans prétendent que le nom d’Alep, qu’elle porte aujourd’hui, est tiré du mot arabe Halep, qui signifie lait, de l’hébreu Hheleb. La raison qu’ils en apportent est l’opinion qu’ils ont qu’Abraham faisoit élever ses troupeaux dans ce pays fertile en pâturages du côté de la Caramanie. La ville est belle, bien bâtie, bien peuplée, & très-riche par le commerce qu’elle fait continuellement avec les Indes & la Perse, qui y envoient tout ce que ces royaumes ont de plus précieux. Le peuple y est très-doux, plus poli qu’ailleurs, & spirituel. Mém. des Miss. du Lev. Tom. IV, p. 19 & 20. On compte dans Alep deux cent mille ames ou environ, parmi lesquelles il y a 50000 Chrétiens, tant maronites, qu’Arméniens & Grecs, sans y comprendre un grand nombre de François que le commerce y attire. Ib. p. 37. Alep, selon le P. Feuillée, a de longitude 54°, 51′, 33″, & de latitude 35°, 45′, 23″.

Le Beglerbey d’Alep, Alepensis Præfectura, est la province dont Alep est la capitale. Elle comprend la partie septentrionale de la Syrie, & l’orientale de la Cilicie.

☞ ALEPH. Première lettre de l’alphabet hébreu, d’où l’on a formé l’alpha des Syriens & des Grecs.

☞ ALEPHANGINES (pilules). Terme de Pharmacie par lequel on désigne certaines pilules stomacales & purgatives, composées de substances odoriférantes, telles que la cannelle, la noix de muscade, le bois odorant, le girofle, &c.

ALEPIN. s. m. Nom de Religieux Maronites. Alepinus. Le Monastère de Marelischa ou de S. Elie sur le Narh-Nadischa, est composé de Religieux Maronites qu’on appelle Alepins. Ils sont presque les seuls qui méritent de porter le nom de Religieux. Mém. des Miss. du Lev. Tom. IV, p. 264. Un saint Prêtre nommé Abdalla, les y établit sur la fin du dernier siècle. Il prit particulièrement conseil du P. Bazire, Missionnaire Jésuite, pour donner une forme & une conduite religieuse à ses freres. Il fut leur premier supérieur. On le tira ensuite malgré lui de son monastère, pour le faire Evêque. Ib. Les religieux Alepins font deux ans de noviciat ; ils ne mangent jamais de viande ; ils sont très-pauvrement vêtus : ils chantent l’Office à minuit. Ils emploient une partie du jour à la culture de la terre, & aux offices domestiques ; ils rendent chaque jour matin & soir, compte de leur conscience à leur Supérieur. Ils observent leur règle avec une scrupuleuse exactitude, & particulièrement un silence & un jeune rigoureux. Rarement voient-ils le monde. Les femmes n’entrent jamais dans leur église. S’il arrive que quelque religieux se relâche & démente sa vocation, le supérieur lui conseille de se retirer, eût-il dix ans de profession. Le supérieur a le pouvoir de le dispenser de ses vœux. Ib. Il y a aussi des Alepins au monastère de S. Antoine.

ALERCE. s. m. Arbre du Chili, en Amérique. Ces arbres sont plus gros & plus ronds que le cyprès. Leur bois est rouge, mais avec le temps il perd la vivacité de sa couleur, & prend celle du noyer. Ces arbres sont d’une grosseur prodigieuse, & on en voit de 12 brasses de tour, des branches desquels on fait jusqu’à 600 planches longues de 20 pieds, & larges de deux palmes & demie. Pour faire ces planches on ne se sert point de la scie, mais on les fend avec la coignée & le coin. Il y a des forêts immenses de ces arbres dans les îsles du Chili. Voyez l’Hist. du Chili, en italien, par le Pere Alsonse d’Onaglie Jésuite.

ALÉRIE. Ancienne Ville de l’île de Corse. Aleria On l’appelle dans le pays Aleria destrutta. Elle est près de la rivière de Tavignano, & de la côte orientale de l’île. Elle est ruinée, & il n’y reste que quelques maisons ; elle a néanmoins un Evêque qui fait sa résidence au bourg de Certionis, qui est vers le milieu de l’île.

ALÉRIONS, ou ALLELIONS. s. m. Terme de Blason qui se dit des petites aigles qui n’ont ni bec, ni jambes, non plus que les merlettes, qui différent pourtant les unes des autres. Minor aquila rostro & unguibus mutila. Car les merlettes ont les ailes serrées, & sont comme passantes, là où les alérions sont en pal, montrant l’estomac, & ont l’aile étendue comme les aigles & aiglons ; toutefois avec cette différence, que le vol est abaissé. Montmorenci porte d’or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d’azur. La Maisons de Lorraine a pris pour armes une bande de gueules à champ d’or, chargée de trois alérions d’argent, sur ce fondement qu’alérion est l’anagrame de Lorraine, en un temps où les rebus & les allusions étoient en règne.

Ce mot signifioit autrefois aiglettes, & il n’y a pas cent ans que l’usage a prévalu de les nommer alérions, & de les peindre à ailes étendues, sans pieds & sans bec : ce qui fait que Ménage dérive ce mot de aquilario, diminutif de aquila.

D’autres le dérivent de aliers, vieux mot françois, qui signifioit une sorte d’oiseaux vivans de rapine.

ALERS. s. m. On se servoit autrefois de ce mot pour dire, voyage, li alers. Villehard. Il vient du verbe aller, & c’étoit la même chose que elandare en espagnol ; c’est-à-dire que c’étoit un nom formé de l’infinitif.