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AMB
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commencement, selon leur coutume. De-là vient qu’au Ch. XXIII de S. Matthieu, v. 2, ou la Vulgate a traduit Super cathedram Moysis, sur la chaire de Moyse ; l’arabe dit, sur le mambar de Moyse. Les Latins l’ont appelé quelquefois Analogium, parce que c’est-là qu’on lit. Car les Grecs récens entendent autre chose par analogium ; c’est chez eux le pupitre, ou coussin, sur lequel on appuie le livre. On montoit à l’ambon de deux côtés ; c’est pour cela que quelques Auteurs, comme Balde & Durand, ont cru que ce nom étoit tiré de ambo, qui signifie deux. L’Evangile se lisoit tout haut de l’ambon ; l’Epître se lisoit un degré plus bas, comme il paroît par l’Ordre Romain. Les Empereurs étoient aussi couronnés sur l’ambon. Voyez Théophanes, p. 405, 418, 419, 426, 431. Saumaise croit que ce nom a été donné à cette tribune, parce qu’elle étoit ronde, de même que les Grecs ont appelé ἄμβωνα, le ventre d’une bouteille, parce qu’il est rond, & qu’ils disent ἄμβιξ, pour signifier une marmite. Il vient d’ἀναβαίνω, ascendo, je monte, d’où en retranchant un a se fait ἀνβαίνω & parce que n, qui est une lettre palatiale, ne peut soutenir une lettre labiale, telle qu’est b, selon les judicieuses remarques de M. l’Abbé Dangeau, qui se vérifient dans toutes les langues, cette n s’est changée en m, & l’on dit ἄμβαίνω, je monte, d’où s’est formé ἄμβων, ambo.

☞ AMBOSIANGULO. s. m. Dans la rivière de Coanza, au royaume d’Angola, on trouve une espèce de monstre aquatique, que les Négres nomment Ambosiangulo & Pesiangoni, les Portugais Pezzer Mouler, & les Pilotes François Sirène. Il y en a de mâles & de femelles. Ils ont huit pieds de long & quatre pieds de large, les bras courts, & les doigts de la main longs : mais quoique leurs doigts soient divisés comme les nôtres en trois articulations, ils ne sauroient fermer tout-à-fait la main. Ces monstres ont la tête & les yeux ovales, le front élevé, le nez plat & la bouche grande ; mais ils n’ont ni oreilles, ni menton. On leur tend des piéges, & lorsqu’ils y tombent, on les tue à coups de dards, malgré les cris lugubres qu’ils poussent, assez semblables à ceux des hommes. Leurs entrailles & leur chair ont l’odeur, le goût & la figure de celles d’un pourceau. Le lard en est fort épais & n’a pas beaucoup de maigre.

☞ AMBOSINE. Province d’Afrique au royaume de Benin, ayant au Levant le Camarones, & au couchant la rivière qu’on appelle Rio del rei.

AMBOTE. Bourg de Pologne. Ambota. Il est dans la Samogitie sur la rivière de Wirwita, un peu au-dessus de son confluent avec le Wetz.

☞ AMBOUCHOIR. s. m. Nom que les Botier donnent au moule sur lequel ils font la tige d’une botte.

AMBOULE. La vallée d’Amboule. Vallis ambula. Nom d’une contrée de l’île de Madagascar. Elle est près de la côte orientale & de la côte méridionale de l’île, & s’étend le long de la rivière Manaupani, au nord du pays de Carcanossi,

AMBOURNAY. Bourg du Bugey, en France. Ambroniacum. Il y a une abbaye de l’ordre de Saint Benoît. Il est près de la rivière de Drin, & de la ville de Bourg en Bresse.

AMBOUTIR, ou EMBOUTIR. Terme d’Orfévres, qui se dit quand ils rendent quelque pièce d’argent ou d’autre métal convexe d’un côté, & concave de l’autre : ce qui se fait est la travaillant sur une petite machine qu’on appelle Etampe ; & la pièce ainsi forgée s’appelle Amboutie. Convexum facere, reddere.

☞ Ce terme convient dans le même sens au Chaudronnier, au Ferblantier, & à la plupart des autres ouvriers qui emploient des métaux ou des matières flexibles, quand il est question de leur donner de la profondeur.

C’est aussi un terme de Plombier, qui signifie revêtir un ornement d’architecture, ou de sculpture, de tables de plomb blanchi, qui soient minces & qui n’empêchent pas que le profil ne se conserve. Voyez Amboutir.

☞ AMBOUTI, IE. part.

AMBOUTISSOIR. s. m. Outil de Serrurier, qui sert à former la tête des gros cloux qui ont la figure d’un champignon. Inducendæ, ou faciendæ convexitatis instrumentum.

☞ On le dit encore d’un outil d’Eperonnier, servant à faire prendre la forme convenable aux pièces de fer qui doivent former les fonceaux.

AMBRACAN. s. m. Voyez Ambare. C’est la même chose.

AMBRACIE. Ancienne ville de l’Epire. Ambracia. Ce nom, dit Etienne de Bisance, s’écrivoit aussi par un p, Ampracia. C’étoit une ville de la Thesprotie, qui avoit pris son nom d’Ambrax, fils de Thesprote, & petits-fils de Lycaon, ou bien à d’Ambracie, fille d’Augée. Elle étoit sur le golfe auquel elle donnoit son nom, & qu’on appelle aujourd’hui le Golfe d’Aria. Pyrrhus avoir fait son séjour à Ambracie, au rapport de Plutarque. Quand le Consul Fulvius Nobilior s’en rendit maître l’an de Rome 563, on y trouva un très-grand nombre de rareté, sur-tout en statues & en tableaux. La bataille d’Actium se donna dans le golfe d’Ambracie.

AMBRACIEN, ENNE, AMBRACIOTE. s. m. & f. Habitant, citoyen d’Ambracie. Ambraciensis, Ambraciotes, ou Ampraciotes, Ambracius, a, um. Les médailles sur lesquelles on lit AMBP, sont des médailles d’Ambracie.

AMBRAQUE. Ancienne petite ville de l’Epire, peu éloignée d’Ambracie. Ambracus. Voyez Etienne de Bysance.

AMBRE. s. m. Autrement Karabé, ou Carabé, ou Succin. Succinum, Lyncurium, Electrum, Crysolectrum, Karabé. Il y a eu jusqu’ici bien des sentimens différens sur l’ambre. Selon Pline, c’est une résine qui découle des pins, ou des sapins ; & selon d’autres, elle vient des peupliers, & c’est ce qui lui a fait donner par les Anciens le nom de Succinum. La fable dit que c’est la matière des larmes des sœurs de Phaëton. L’on a crû que c’étoit une concrétion des larmes d’un oiseau, ou l’urine d’un animal qui s’appelle Lynx. D’autres ont dit qu’il venoit d’un lac appelé Céphiside, voisin de la mer Atlantique ; & que son limon échauffé du soleil produisoit l’ambre. Et d’autres, que c’est une congélation qui se trouve dans la mer Baltique, & dans quelques fontaines, où il nage comme une espèce de bitume. Agricola est de ce sentiment. Mais enfin l’on connoît aujourd’hui la véritable nature de l’ambre. C’est une substance bitumineuse, d’un goût résineux, & un peu acre, d’une odeur d’huile de thérebentine, lorsqu’on en frotte des morceaux les uns contre les autres, un peu désagréable étant brûlée, communément jaune & transparente, quelquefois opaque, quelquefois rouge, & quelquefois blanchâtre, ou plutôt pâle, & qui étant échauffée par le frottement attire les brins de paille. Comme le Karabé, ou Carabé se ramasse sur les côtes de la mer Baltique, & sur-tout celles de Prusse, on a cru que ce bitume étoit d’abord formé dans la mer, qu’il y couloit par des sources souterraines, & qu’il étoit jetté sur les côtes par les vagues. Mais on s’est détrompé de cette erreur, en fouillant à quelque distance de la mer ; car on y a trouvé du Karabé pareil à celui qu’on ramasse sur la côte. Certains indices font découvrir les endroits où se peut trouver ce bitume. La surface de la terre y est couverte d’une pierre tendre qui s’écaille facilement. Le vitriol y est aussi commun, tantôt blanc dans les terres noires, tantôt réduit en matière semblable à du verre fondu, & tantôt figuré de manière qu’on diroit que ce sont des morceaux de bois pétrifiés, parmi lesquels il s’en trouve de très-considérables. Où ils sont fréquens, c’est marque qu’il y a abondance de Karabé, & on ne manque guère de le trouver renfermé dans ces bois vitrioliques. Il y a lieu de soupçonner que la Prusse, & les autres pays qui donnent du Karabé, sont abreuvés d’une matière bitumineuse qui se congèle & se fige en morceaux, ou en petites miettes, à proportion de la quantité de cette partie grasse & bitumineuse, & des sels vitrioliques qui sont plus ou moins dégagés. Voici comment Hartman raisonne sur la formation de l’ambre. Le terroir de la Prusse est tout