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AMU
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Elle étoit dans la tribu de Zabulon, dans la partie qui confinoit à celle de Nephthali.

AMU.

AMU. Lac du Zagatay. Amus. Il sort de ce lac une petite rivière de même nom, qui, jointe à une autre nommée apparament Abia, forme la rivière d’Abiamu, ou Géhun, & Giéhun.

AMUCE. s. f. Qui s’est dit autrefois pour Aumusse, & qui se trouve dans l’acte de la fondation du chapitre de Lamballe, fait l’an 1435, par Jean, duc de Bretagne, qui veut que les chanoines qu’il appelle Chapelains, soient & demeurent au chœur de ladite église en surplis, amuces en hiver, & à chapeaux de cuir en été. Voyez Lobineau. Hist. de Bretagne, T. II, p. 104. col. 1.

AMULER. Terme de Marine. C’est peser sur la voile & sur le bord vers le vent. Voyez Amurer.

AMULETTE. s. m. ☞ Remède, figure ou caractère auxquels la crédulité ou la superstition attribuent beaucoup de propriétés. On prétend qu’en l’attachant au cou, il guérit ou préserve de divers maux. Amuletum. Il y a des amulettes mystérieux, qui consistent en caractères & en paroles qui servent à éloigner les maux & à en garantir. Pline en fait souvent mention.

Le mot d’amulette vient du latin Amuletum, ou plutôt amoletum, amolimentum. C’étoit un remède superstitieux contre les maladies : nous dirions en notre langue un préservatif. Les Grecs appellent ces sortes de remèdes φυλαϰτήρια, περίαπτα, ἀποτελέσματα, περτρήματα, περιάμματα, βρέβια.

Le Concile de Laodicée défend aux Ecclésiastiques de porter de ces phylactères, ou amulettes, sous peine d’être dégradés. S. Chrysostôme en parle dans quelques-unes de ses homélies sur S. Paul, & il les regarde comme une espèce d’idolâtrie, ne pouvant souffrir que les Chrétiens se servissent d’amulettes pour guérir les maladies, quoiqu’ils crussent ne point pécher, sous prétexte qu’ils ne faisoient autre chose que d’invoquer le nom de Dieu. S. Jérôme n’est pas plus favorable aux amulettes dans son Commentaire, sur le chap. 23 de S. Matthieu, où il condamne de superstition tous les phylactères des Juifs, bien qu’ils fussent d’une autre nature que les amulettes. Il prend de-là occasion de rejeter comme superstitieuse une coutume qui étoit de son temps parmi le simple peuple, sur-tout parmi les femmes, qui portoient à leur cou de petites parties des évangiles, du bois de la croix, & quelques autres choses semblables, faisant paroître en cela plus de zèle que de véritable piété. Hoc apud nos, dit ce saint Docteur, surperstitiosæ mulierculæ in parvulis Evangeliis & in crucis ligno, & istiusmodi rebus quæ habent quidem zelum Dei, sed non juxta scientiam, usque hodiè factitant. Voyez Kirker, Oed. Egyp. Clas. XI, chap. 4. Tom. II, pag, 445 & suiv. & dans le troisième Tome pag. 219, 335, 470, 518, 528, 564, &c.

☞ AMULONNER. v. a. S’est dit autrefois pour mettre en mule. Amulonner du foin.

AMURCA. s. f. Terme de Pharmacie. Médicament fait de la lie des olives. Amurca. Il est astringent.

AMURÉES. s. f. Nom d’un certain ordre de religieuses resserrées étroitement, & enfermées de hautes murailles. Amurées a été dit pour emmurées. Ménag.

Amurées, n’est point un ordre de religieuses. Il y a à Rouen un couvent de religieuses de S. Dominique, qu’on appelle les Amurées, ou Emurées ; je crois qu’on leur a donné ce nom, parce qu’elles sont enfermées intra muros, quoique cela ne les distingue pas maintenant des autres Religieuses, qui toutes sont amurées dans le même sens : peut-être que celles de Rouen ne l’ont pas été toujours, & qu’on n’a commencé à les nommer Amurées, que lorsqu’elles furent bâties & enfermées. Quoi qu’il en soit, il n’y a point d’ordre de religieuses qui s’appellent Amurées. C’est une maison particulière & non pas un ordre.

AMURER, ou AMULER. v. a. Terme de Marine. C’est bander & roidir les couets, ou cordages qui tiennent au point d’en-bas des pacfis, ou grandes voiles. Pedem veli stringere. On dit Amurer tout bas, lorsque l’on amure le plus bas qu’il est possible pour aller au plus près du vent, ou pour aller vent largue.

AMURES. s. f. Terme de Marine. Ce sont des trous pratiqués dans le platbord d’un vaisseau & dans la gorgère de l’éperon, pour y arrêter les cordages qui servent à bander les voiles. Pes veli. Les amures des voiles d’étai, sont de simples cordes. Les amures de la grande voile s’appellent dogues d’amures. L’amure d’une voile est son étroit, ou la manœuvre qui sert à l’amurer. L’amure d’artimon, est un palanquin, ou quelquefois une corde simple. L’amure à basbord ou à stribord ; c’est à droite ou à gauche.

AMUSANT, ANTE. adj. Qui amuse agréablement, qui divertit. C’est un esprit amusant. C’est la personne du monde la plus amusante. Un livre fort amusant. C’est un homme d’une conversation fort amusante.

☞ AMUSEMENT. s. m. C’est, disent les grands Vocabulistes, d’après le Dict. de l’Acad. ce qui amuse, ce qui sert à amuser. Et amuser, c’est divertir par des choses agréables & amusantes. Cela est clair, mais en est-on plus instruit ? Le mot d’amusement indique proprement une occupation légère, & de peu d’importance, mais qui plaît, & qu’on prend pour éviter l’ennui, pour se distraire, pour moins penser à soi. Voyez encore divertissement, récréation. Occupatio levis, jocosa. La poësie est un agréable amusement. Il ne faut pas jouer par avarice, mais par amusement, pour passer le temps. Un simple amusement n’a pas la vivacité d’une passion. La Bruy. Il y a d’innocens amusemens, qui ne divertissent plus dès qu’ils deviennent une nécessité, & qu’on est dans la disgrace. S. Evr. Il est bon d’égayer la tristesse des leçons, & de les déguiser en badinage, & en amusement. Id. En Hollande les femmes sont assez sociables pour faire l’amusement d’un honnête homme, & trop peu animées pour en troubler le repos. B. Rab. Vous pourriez avoir de ces amusemens galans, qui sans avoir les inquiétudes de l’amour, s’élèvent pourtant au-dessus de la tiédeur. S. Evr. Une coquette peut avoir plusieurs amusemens. La Bruy. C’est-à-dire, plus d’une galanterie.

Soins de ma bergerie, amusemens utiles !
Vous n’êtes pas touchans, mais vous êtes tranquilles.

Fontenelle.

Un lecteur sage suit un vain amusement.
Et veut mettre à profit son divertissement. Boil.

Amusement, est aussi une sorte de diversion. Distractio. C’est un amusement qu’il donne à sa douleur. Il y a de certains chagrins auxquels on ne peut donner d’amusemens.

Notre esprit, malgré nous, se répand au dehors,
Et sur d’autres objets cherche à porter sa vue :
De-là viennent ces jeux, ces divertissemens,
Que tout le monde cherche avec des soins extrêmes,
Et qui ne sont au fond que des amusemens,
Dont tous les divers changemens
Savent nous empêcher de penser à nous-mêmes,

De Val.

Amusement, est aussi une espèce de tromperie, pour gagner du temps en faisant de belles promesses, & en donnant de fausses espérances pour éblouir les gens. Ludificatio. Ce créancier est las de tant d’amusemens. Tous ces vains amusemens m’impatientent ; je veux finir.

☞ AMUSER. v. a. Arrêter inutilement quelqu’un, lui faire perdre le temps. Detinere, morari. Cet homme m’a amusé long-temps à me conter son histoire, à me détailler les particularités de son affaire. N’amusez pas ce laquais. Amuser l’ennemi. Il ne faut rien pour l’amuser.