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cre : c’est le même ; il n’y a que le dernier qui soit en usage en françois, & même en latin.

ARCHILOQUIEN. adj. Archiloquius. Terme de Poësie. On appelle vers archiloquiens, des vers dont Archiloque est l’inventeur ; ils ont sept pieds, dont les quatre premiers sont ordinairement dactiles, & quelquefois spondées, les trois derniers sont trochées. Par exemple,

Solvitur acris hyems gratâ vice veris & Favoni.

Horace, Liv. I. Od. 4.

On appelle aussi ces vers Dactiliens, à cause des quatre dactyles qu’ils ont au commencement. On mêle ordinairement des vers ïambes de six pieds moins une syllabe, alternativement avec les vers archiloquiens, comme a fait Horace dans l’Ode que nous avons citée, Voyez la nouvelle Méthode, la Préface du P. Jouvency sur Horace, & Despautère.

☞ ARCHILUTH. s. m. Sorte de grand luth à deux jeux, qui a ses cordes étendues comme celles du théorbe. Les Italiens s’en servent pour l’accompagnement. Encyc.

ARCHIMAGE. s. m. Chef de la Religion établie chez les anciens Perses par Zoroastre chef des Mages. Archimagus. Zoroastre qui vivoit sous Darius, fils d’Hystaspes, établit à Baleh, ville de la Bactriane, le premier temple de sa secte, & voulut y faire sa résidence en qualité d’Archimage, ou de chef suprême de sa religion, ayant par-tout l’empire des Perses, pour le spirituel, la même autorité qu’avoit le Roi pour le temporel. Après que les Mahométans eurent ravagé la Perse dans le septième siècle, l’Archimage se retira dans le Kerman, sur les bords de l’Océan méridional vers les Indes, où ses successeurs ont fait jusqu’ici leur résidence. Les Mages sont appelés par les Persans, Gaures, c’est-à-dire, Infidèles. Voyez Gaure. Ils sont fort méprisés en Perse. Quelques Gaures réfugiés aux Indes y sont établis près de Surate. Voyez l’Histoire de l’ancien Testament par Prideaux.

☞ ARCHIMANDRITAT. s. m. Bénéfice que posséde un Archimandrite. L’Archimandritat de Messine est d’un revenu considérable.

ARCHIMANDRITE. Archimandrita. Mot grec, qui signifie, Supérieur d’un monastère, & ce que nous appelons Abbé. Covarruvias, dans son Dictionnaire Espagnol, dit qu’Archimandrite est la même chose que Chef du troupeau : ensorte que selon cette signification générale, il pourroit s’étendre à tous les supérieurs ecclésiastiques. Et en effet, on a donné quelquefois ce nom à des Archevêques, même chez les Latins. On le trouve en ce sens dans la vie de S. Sévère Evêque de Ravenne. Voyez Acta Sanct. Febr. T. I, p. 84 & 85. Mais il ne signifie proprement chez les Grecs, où il est fort commun, que le chef d’une Abbaye. Macri a remarqué dans son Hierolexicon, que cette dignité se conserve encore aujourd’hui à Messine dans une église de chanoines, où il y avoit auparavant des moines Grecs de l’ordre de S. Basile, & qui a été érigée en commande par les Rois d’Espagne. Quoique ce mot soit Grec, M. Simon, dans ses notes sur le voyage du Mont-Liban, p.319, croit qu’il vient originairement de la langue syriaque, au moins pour ce qui est de mandrite. Il prétend que Mandra, qui signifie dans le grec une étable, ou lieu où l’on enferme des bêtes, & par métaphore un monastère, tire son origine de dour, qui signifie en chaldéen & en syriac, demeurer, habiter ; d’où l’on a fait médar, demeure, habitation ; & c’est de-là que les Grecs ont formé leur mandra, qui signifie métaphoriquement un monastère, & mandrites dans la même langue signifie, selon la même méthaphore, un moine. Les Arabes se servent aussi de ce mot, qu’ils ont pris des Syriens ; ensorte que mandrite n’est autre chose chez ces nations, qu’un solitaire qui demeure dans sa petite cellule ; & celui qui étoit le chef de ces moines, prenoit la qualité d’Archimandrite, c’est-à-dire, de chef & de maître des solitaires. On a dit aussi en grec Ἀρχιμανδρῖτις, d’où l’on a formé Archimandritissa, comme de Abbas on a fait Abbatissa, Abbesse.

ARCHIMARÉCHAL. s. m. Archimareschallus. Officier de l’Empire, Grand Maréchal de l’Empire. L’Archimaréchal de l’Empire est l’Electeur de Saxe. En cette qualité il marche immédiatement devant l’Empereur, & porte l’épée de l’Empereur nue. Dans les dictes solennelles de l’Empire, on met devant l’hôtel où elles se tiennent un monceau d’avoine aussi haut que le poitrail ou la selle de son cheval, & tenant en main une baguette d’argent & une mesure de même métal, il remplit celle-ci d’avoine, & la donne au premier officier qui se présente ; il plante son bâton d’argent dans l’avoine, & se retire. Voyez Imhoff, Not. Imp. Proc. Lib. II, c. 7.

ARCHIMIME. s. m. Archimimus. Ce mot vient du grec ἄρχη, & μῖμος, Mime, qui vient de μιμέομαι, j’imite. Archimime est la même chose que Archibouffon, Maître bouffon. Les Archimimes étoient chez les Romains des gens qui contrefaisoient les manières, les gestes, la parole des personnes mortes & vivantes. Les Archimimes ne furent d’abord employés que sur le théâtre ; on les admit ensuite dans les festins, & enfin dans les funérailles, où ils marchoient après le cercueil, contrefaisant celui que l’on conduisoit au bûcher. Suétone rapporte qu’aux obséques de Vespasien, l’Archimime Pavon, qui le contrefaisoit, ayant demandé à ceux qui avoient soin de la cérémonie, combien elle coûteroit, & ceux-ci lui ayant répondu, cent mille sesterces : « Donnez-moi, dit-il, cent sesterces, & jetez-moi dans le Tibre. » Il vouloit marquer l’avarice du Prince mort. Casaubon croit aussi que ce fut un Archimime que celui qui sous Tibère voyant passer un mort, se chargea d’aller dire à Auguste, qu’on ne donnoit point encore les legs qu’il avoit faits au peuple. Tibère l’ayant fait venir, lui fit payer les legs d’Auguste, & l’envoya au supplice, en lui ordonnant d’aller dire à Auguste qu’on payoit ses legs. Ces Archimimes prenoient des masques dans les funérailles ; & Licet dans son ouvrage des Lampes des Anciens, Liv. VI, ch.7 & 8, expliquant une lampe, où il y a un masque la bouche béante, prétend que c’est un masque d’Archimime. Baudoüin en a fait aussi graver plusieurs dans son livre, De Calceo, ch. 6. M. de Tillemont a évité de dire Archimime, il dit Comédien. Dans les funérailles de Vespasien, le Comédien qui le représentoit, &c. Hist. des Emp, T. II, p. 42.

ARCHIMINISTRE. s. m. Premier ministre d’un Prince, ou d’un Etat. Primus Administer. Charles le Chauve ayant déjà déclaré Boson son Vice-Roi en Italie, sous le titre de Duc, il le fit encore son premier Ministre, sous celui d’Archiministre, composé du grec ἄρχη, & du latin minister. Chorier, p. 687. Ce terme au reste n’est point en usage, il faut dire, premier Ministre. Les Cardinaux de Richelieu & Mazarin ont été premiers Ministres, & non Archiministres. Si l’on disoit aujourd’hui Archiministre, ce seroit en mauvaise part.

ARCHIMONASTÈRE. s. m. Monastère chef d’Ordre ou de Congrégation. Archimonasterium. François de Gonzague a appelé le monastère de Long-Champs Archimonastère, comme ayant été chef de plusieurs autres. P. Helyot, T. VII, p. 202. On donne aussi ce nom à quelques monastères célèbres pour les distinguer. Les monastères de Cluny, de Savigny, & quelques autres, sont appelés Archimonastères dans quelques chartes,

ARCHINOBLES. adj. Très-noble. « Sache, mon ami, que les comédiennes sont nobles, archinobles, par les alliances qu’elles contractent avec les grands seigneurs ». Le Sage. Il est du style familier.

ARCHINOTAIRE. s. m. C’est-à-dire, Chef des Notaires, ou Secrétaires du Roi. Archinotarius. Ce nom, aussi-bien que celui d’Archichapelain, s’est donné autrefois aux Chanceliers de France.

ARCHIPARAPHONISTE. s. f. Grand Chantre d’une église. Ἀρχιπαραφωνιστὴς, quasi primus Acclamator. On dit, Præcentor. ☞ Grand Chantre. C’est le mot en usage aujourd’hui.

ARCHIPEL, ou ARCHIPÉLAGE. s. m. Archipelagus, Ægæum mare. Terme de Géographie. Etendue de mer entrecoupée par un très-grand nombre d’îles. Les An-