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ARR — ARS

midité, & qui y font quelques inondations, qui la rendent fertile, ou qui l’enrichissent par le commerce. Rigare, irrigare. Le Penée arrose les campagnes de la Thessalie. Le Gange arrose l’Inde, le Nil l’Egypte. Le Danube est le fleuve de toute l’Europe qui arrose le plus de pays.

Fuyez ces lieux charmans qu’arrose le Permesse :
Ce n’est point sur ses bords qu’habite la richesse.

Boil.

Arroser, c’est aussi détourner des rivières, faire des canaux & les conduire dans des terres. Les Chinois qui rendent leurs terres si fertiles à force de les arroser, n’ont point trouvé de meilleur moyen pour distribuer l’eau également, que de mettre toutes les terres de niveau, sans quoi les plus hautes demeureroient sèches, tandis que les fonds seroient noyés. P. Le Comte.

On dit que les Martyrs ont arrosé la terre de leur sang ; qu’un vrai pénitent doit arroser son sein de ses larmes. On dit aussi d’un homme qui a été bien mouillé, soit par la pluie, soit par quelque autre accident, qu’il a été bien arrosé.

Arroser, se dit aussi dans les matières de piété. Paul plante, Apollos arrose ; mais c’est Dieu qui donne l’accroissement.

Arroser de larmes, mouiller de larmes. La Magdelaine arrosa de ses larmes les pieds de Notre-Seigneur. Son visage étoit arrosé de larmes.

☞ S’Arroser l’intérieur de bon vin vieux. Plaute a dit, irrigare vetustate vino ædentulo ætatem.

ARROSÉ, ÉE. part. Aspersus, conspersus, rigatus, irrigatus.

ARROSOIR. s. m. Vaisseau dont se servent les Jardiniers pour arroser les arbres & les fleurs. Vas inspergendis aquis idoneum. Il est fait de cuivre, ou de fer blanc, ou de terre, & il a une branche qui se termine par une espèce de pompe percée de plusieurs petits trous, par où l’eau s’écoule, & se distribue en plusieurs menus filets, & en forme de pluie, afin d’humecter doucement la terre. Il y en a d’autres dont le fond est percée de plusieurs petits trous, & dont la partie supérieure est un cou un peu alongé, au haut duquel est un petit trou ; on les emplit d’eau, en les enfonçant dans l’eau sans boucher le trou d’en haut ; quand ils sont pleins, on les retire en mettant le pouce sur ce trou ; ce qui empêche l’air qui est au-dessus de faire couler l’eau en la pressant, tandis que l’air qui est au-dessous la retient dans le vase, par la résistance qu’il fait à tous les trous : quand on veut arroser, on lève le pouce, & l’eau pressée de l’air par en haut, coule par les trous d’en bas, jusqu’à ce que l’on referme le trou qui est en haut, en remettant le pouce dessus.

☞ Il y a une autre sorte d’arrosoir à goulot. Comme celui-ci ne forme qu’un seul jet, on s’en sert pour arroser les fleurs, parce qu’il ne mouille que le pied & épargne les feuilles qui se fanneroient dans les grandes chaleurs, si elles étoient mouillées.

Arrosoir. Terme de Conchyliologie. Nom d’une espèce de coquillage marin. Un arrosoir ou brandon d’amour. C’est un morceau des plus rares. Il est gravé dans le Supplément du Recreatio mentis & oculi, au numéro 45. Le P. Bonnani rapporte qu’il ne connoît aucun Auteur qui en ait parlé, & qu’il ne se trouve que dans le fameux cabinet du Grand Duc de Toscane. Il est de l’île d’Amboine. Il l’appelle Testaceum anonymum, & paroit pencher à le mettre dans la classe des Tubes. Gersaint. L’arrosoir ou le pinceau de mer, est l’espèce parmi les tuyaux la plus distinguée ; on ne peut cependant la regarder que comme ayant un caractère spécifique, soit par sa forme toute droite, soit par la singularité de sa tête percée en arrosoir. Des Auteurs l’appellent Phallus, c’est-à-dire, un Priape.

ARROUSEMENT. s. m. C’est la même chose qu’escouvillon ou griffon.

☞ ARROUTER. Vieux verbe qui signifioit se mettre en chemin.

ARROUX. Rivière de France. Arrosius, Arosius. Elle a sa source dans le duché de Bourgogne, près de la ville d’Arnay-le-Duc. Elle baigne Autun, & se décharge dans la Loire, conjointement avec la Brébice, au-dessus de Bourbon-Lancy.

ARROY. Voyez Arroi.

ARRUCIE. s. f. Canal ou conduit souterrain qu’on pratique dans les minières, pour l’écoulement des eaux. Arrigia. David Durand, Hist, nat. de l’or & de l’argent, &c.

ARRUMAGE. s. m. Voyez Arrimage.

ARRUMER, ou ARRIMER, ou ARRUNER. v. a. L’Académie dit ARRIMER. Terme de Marine, qui signifie, placer & arranger avec soin la cargaison d’un vaisseau. Componere, Describere. On dit qu’un vaisseau est mal arrumé, lorsqu’il n’est pas à son plomb, qui le fait tenir droit sur bout ; car alors les poinçons se déplacent, courent & roulent vers la pente, & du heurt s’enfoncent les uns les autres, ce qui cause de grands coulages. Sur la mer du Levant, on dit en ce cas, qu’un vaisseau est mal mis en estive.

Arrumer une carte marine, c’est y décrire les rumbs. Describere in carta octo principes ventos vicissim oppositos. Cette carte est parfaitement bien arrumée.

ARRUMEURS. s. m. L’Académie dit ARRIMEURS. Sont de petits officiers établis sur les ports, & sur-tout en Guienne, que le marchand chargeur doit fournir & payer, qui ont soin de placer, & de ranger les marchandises dans un vaisseau, & sur-tout celles qui sont en tonneaux, & qui sont en danger de coulage.

Ce mot est dérivé de rum, ou de ruma, qui en portugais signifie règle, ou ligne droite : ou de carta rumada, qui est du papier règlé.

ARRUNAGE. Voyez Arrimage.

ARRUNER. Voyez Arrumer.

ARRUNEUR. Voyez Arrumeur.

ARS.

ARS. adj. Vieux mot, qui signifioit brûlé. Ustus.

Quant à cet amas de sornettes,
Je ne sais ce qu’il deviendra ;
Je sais bien que si vous en faites
L’usage qu’il méritera,
Par votre main ars il fera. L’Ab. de Chaulieu.

En termes Hermétique, on dit arse avec un e, pour ars ; & il a le même sens & la même origine. Ils viennent tous deux d’ardere, ardeo, arsi, &c.

Ars, ou Arts. s. m. pl. Terme de Manège, synonyme de membre. On a saigné ce cheval des quatre ars ; pour dire, des quatre membres. ☞ Ce mot n’est usité que dans cette seule phrase.

Ce mot vient du latin artus.

Ars. Rivière d’Espagne. Ars, Florius, Vir. Elle est dans la Galice, & se décharge dans l’Océan, au bourg de Céa, vers le cap de Finisterre. On l’appelle aussi Lézaro.

ARSA. Bourg de la basse-Hongrie. Arsa. Il est sur la Drave, & l’on croit que c’est l’arsatianum, que les Anciens mettent dans la Pannonie.

Arsa, est aussi le nem d’une petite rivière de l’Etat de Venise, en Italie. Arsa. Elle sort du lac de Costiac, en Istrie, & se décharge dans le golfe de Carnero, à quelques lieues au midi d’Albona.

ARSACIDE. s. m. Arsacida, Arsacides. Les Arsacides sont les descendans d’Arsaces, Roi des Parthes. Cet Arsaces, si l’on en croit la chronique des Perses, étoit de la race de Cyrus. Mais dans le tarick, ou catalogue des Rois de Perse, Schikard nous assure que le manuscrit de Abardschir Babekand, d’où il tire tout ce qu’il dit, l’appelle Aschki, & le fait descendre du dernier Darius. Quoi qu’il en soit, cet Arsaces ayant affranchi les Parthes de la domination des Séleucides, ces peuples le regardèrent comme le fondateur de leur Monarchie, & voulurent que tous les Rois suivans portassent son nom, & s’appelassent Arsaces. C’est de-là que les Rois Parthes font appelés Arsacides. Les Poëtes ont étendu ce nom à toute la nation.

Arsacides cruels, vainqueurs trop inhumains !
Vous avez en Crassus dompté tous les Romains ;