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ASP

lée d’Osseau, le long de la rivière appelée le Gave d’Aspe. Elle s’étend depuis le port de Pyrenègre, passage des Pyrénées, jusqu’à Oléron.

☞ ASPECT. s. m. Aspectus, conspectus. Ce mot signifie la même chose que vue d’un objet. Aspect fâcheux, désagréable. A l’aspect d’une personne, on juge souvent de ce qu’elle a dans l’ame, c’est-à-dire, en la voyant. A l’aspect du supplice la confiance s’évanouit. Je le vis ; son aspect n’avoit rien de farouche. Racine. A l’aspect agréable de tout ce qui m’environne, je ne puis m’empêcher, malgré Virgile, de donner la préférence à l’autonne sur le printemps. L’Abbé Genest, dans les divertissemens de Seaux.

La discorde, à l’aspect d’un calme qui l’offense,

Fait siffler ses serpens, s’excite à la vengeance.
Boil.

Aspect, se dit aussi d’un objet de vue. Ainsi l’on dit qu’une maison présente un bel aspect, que l’aspect d’une maison est très-agréable, qu’une chose fait un bel aspect ; pour dire, qu’une chose paraît d’une belle ordonnance.

Aspect, signifie quelquefois la même chose qu’exposition.

Aspect, se dit aussi de la description qu’on fait dans des cartes marines, des côtes, & des terres qui sont sur un parage, telles qu’elles se présentent à la vue. Il y a de ces cartes dans les Routiers, où sont dépeints tous les aspects & vue de terres qui servent à la navigation, & qui aident à la connoissance des côtes & rivages.

Aspect. Terme d’Astronomie. C’est la situation qu’ont les étoiles & les planètes, les unes à l’égard des autres en diverses parties du Zodiaque. Il y quatre aspects. C’est ainsi que M. Perrault, dans ses Remarques sur Vitruve, croit qu’il faut lire, quoique dans le texte de Vitruve il y ait ad quintum. Le Sextil, quand les astres sfont éloignés de soixante degrés l’un de l’autre. Hexagonum. Le Quadrat de nonante. Quadratum. Le Trin de 120. Trigonum, Triquetrum, Triangulum. L’opposition, ou diamétral quand ils sont à 180 degrés, diametrum. Kepler ajoute huit nouveaux aspects aux anciens ; savoir, le Demisextil, qui contient un éloignement de 30 degrés ; le Decil, qui est de 36 degrés ; l’Octil, de 45 : le Quintil, de 72 ; le Trédécil, de 108 ; le Sesquaré, de 135 ; le Biquintil, de 144 ; & le Quinqunx, de 150. Il y a des aspects favorables, & de malins aspects. Les bons aspects sont quand les planètes s’entrevoient d’un doux regard ; comme l’aspect Trine, & le Sextil. L’aspect opposé, & le Quadrat, menacent de quelque malheur, selon les Astrologues.

Aspect, ou Aspech. Bourg de France, dans le haut Comminge, avec justice royale. La Châtellenie d’Aspect comprend Alargeert, Ashix, Arbas, Aspect, Castel-Viague, Escaich, Eschen, Estaden, Ganties, Mauvesin, Montgault, Monstracut, Pintis-Inard, Portel, Rovede & Salaich.

☞ ASPER. Petit poisson de rivière, fort commun dans le Rhône, ainsi nommé de la rudesse de ses mâchoires & de ses écailles. Il n’a point de dents, mais ses mâchoires sont âpres au toucher. Il est rougeâtre & parsemé de taches noires. Encyc.

☞ ASPEREN. Petite ville des Provinces Unies, dans la Hollande, sur la rivière de Linge, aux confins de la Gueldre hollandoise.

ASPERGE. s. f. Asparagus. Plante qu’on cultive dans les jardins, quoiqu’on en trouve dans la campagne, où leurs pousses sont bien plus maigres & d’un goût sauvage. Ses racines sont composées de plusieurs filamens longs, gros comme de la ficelle, & ramassés ensemble en un collet considérable, fort dur, & d’où naissent plusieurs tiges, que nous appelons asperges, & que l’on mange avant qu’elles poussent leurs feuilles. Ces tiges deviennent ensuite branchues, hautes de trois pieds, & garnies de petites feuilles courtes, très-étroites, & comme capillaires, longues d’un demi-pouce. Ses fleurs naissent çà & là le long des branches. Elles sont blanchâtres, à six pétales. A ces fleurs succédent des baies rondes, rouges, grosses comme des pois, & qui renferment quelques semences dures comme de la corne. On croyoit que l’asperge sauvage & l’asperge du bord de la mer, étoient de simples variétés de l’asperge cultivée ; mais leur culture a fait voir qu’elles étoient des espèces différentes, qui ne dégénèrent jamais en l’une ou en l’autre.

On mange les asperges différemment apprêtées, tantôt à la sausse blanche, tantôt à la vinaigrette ou bien en guise de petits pois. Cette dernière manière se pratique, sur tout pour les asperges menues. On emploie en Médecine les racines & les baies de l’asperge. Ses racines sont très apéritives, diurétiques ; mais à la longue elles deviennent dégoûtantes dans les bouillons & dans les tisannes, à cause de leur odeur & de leur goût, outre que l’urine en devient préssqe toujours puante. Ses baies sont très-adoucissantes, & provoquent doucement les urines. L’industrie du jardinier peut faire venir des asperges en hiver, par le moyen des rechauffemens du fumier de cheval nouveau fait. La Quint. Les asperges, pour être bonnes, doivent être vertes, grosses, tendres, & cultivées dans les jardins.

Le nom d’asperge, vient du latin asparagus, formé du mot grec ἀσπάραγος. Selon Galien, Liv. II des Alimens, les Grecs appeloient ἀσπάραγος, toute sorte de jet tendre. C’est de-là que les asperges, qui ne sont autre chose que des jets tendres, ont pris leur nom.

ASPERGER. v. a. Mot qui n’a guère d’usage que dans les choses de la Religion. Il signifie, arroser avec de l’eau, ou quelqu’autre liqueur, en la faisant tomber par petites gouttes avec une branche d’arbre, ou un goupillon, ou autre chose propre à cela. Aspergere, inspergere. En quelques sacrifices, on aspergeoit le peuple avec du sang de la victime. Dans l’église on asperge le peuple d’eau-bénite. Un Traducteur des Pseaumes a dit, aspergez-moi d’hyssope, & je serai mondé. Quel traducteur !

ASPERGÉ, ÉE. part. Aspersus.

ASPERGÈS. s. m. Goupillon avec lequel on jette de l’eau bénite. Aspergillum, aspersorium. Il faut prononcer le s final. On dit figurément & populairement, donner de l’aspergès à quelqu’un ; pour dire, le bien mouiller par plaisir. Ce mot n’est pas du bel usage. Il se dit aussi du temps où se fait la cérémonie de jetter de l’eau bénite. On en est à l’aspergès. Il y a sur les médailles des aspergès, ou aspersoirs, si l’on peut s’exprimer ainsi ; c’est-à-dire, des instrumens avec lesquels les Pontifes jetoient l’eau lustrale sur les assistans. On les voit avec les autres vases pontificaux sur des médailles de César, d’Auguste, &c. & les Antiquaires, entr’autres Fabretti, disent qu’ils étoient de branches d’arbres, de soies d’animaux, de laurier, ou d’olivier. Voyez Aspersoir.

☞ ASPERGILLUS. Genre de plante qui ne diffère du botrytis & du byssus, que par l’arrangement de ses semences qui sont arrondies ou ovales. Elles sont attachées à de longs filamens qui sont droits & noueux, & qui tiennent, dans de certaines plantes, à un placenta rond ou arrondi ; sur d’autres espèces, ils sont attachés au sommet de la tige, ou aux rameaux sans aucun placenta. Encyc.

ASPERGOUTE. s. f. Clusius, dans sa traduction françoise de l’Histoire des Plantes de Dodiens, ou Dodonée, appelle aspergoute menue, ou étoilée, l’Aster atticus, cæruleus, vulgaris C. B. autrement Inguinalis, à cause qu’on la crovoit bonne pour résoudre les tumeurs des aines. Cette plante est commune en plusieurs endroits du royaume. Ses racines sont fibreuses vivaces, & jettent quelques tiges ligneuses, rondes, un peu velues, hautes d’un pied, branchues vers leurs extrémités, & garnies de feuilles longues d’un pouce, larges d’un demi-pouce, arrondies, velues, & d’un vert-pâle cendré. Ses fleurs naissent à l’extrémité des tiges & des branches ; elles sont radiées, composées de fleurons jaunes qui occupent le disque ou le centre, & de démi-fleurons pourprés qui forment leur couronne. Ces fleurs sont suivies de semences menues, étroites, & chargées d’une aigrette. Ce mot aspergoute n’est pas usité : cependant M. le Clerc de Hollande, dit aussi que cette plante s’appelle en françois aspergoute.