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BAR

gles d’un bastion, pour placer du canon qui tire par-dessus le parapet. La barbette a quelque rapport au cavalier. On dit : mettre le canon à barbette, tirer le canon à barbette, quand on tire le canon à découvert, & sans épaulemens de terre pour se cacher. On ne tire guère que la nuit à barbette, ou dans un jour de bataille.

On dit proverbialement coucher à barbette, c’est-à-dire, sans bois de lit, matelas par terre.

BARBEYER. v. n. Terme de Marine, qui se dit lorsque le vent, au lieu de donner dans la voile, & de la remplir, ne fait que la raser en passant à côté : ce qui arrive, lorsqu’elle est presque parallèle au vent. Perstringere. Cela s’appelle autrement Friser, barboter.

BARBEZIEUX. Ville de France, en Saintonge, à neuf lieues de Saintes. Barbezillum.

BARBICHON. s. m. Diminutif de barbet. Petit barbet. voilà un beau barbichon.

BARBIER. s. m. Celui qui fait la barbe. Tonsor. Il y a des Barbiers Etuvistes, d’autres Perruquiers. Eutrapel, Barbier dans Martial, étoit si lent, que durant qu’il faisoit la barbe d’un côté, elle revenoit de l’autre.

Les Romains se passèrent se Barbiers pendant 454 ans. Ce fut Ticinius Ménas, au rapport de Varron, qui en amena le premier dans la ville, à son retour de Sicile. Julien l’Apostat chassa les Barbiers de sa cour.

Les Barbiers n’exerçoient point leur métier dans des boutiques, mais au coin des rues, & par-tout indifféremment où ils se trouvoient.

Les Barbiers furent érigés en corps en 1674 & payèrent pour cela chacun 1500 livres au Roi. Voyez dans les Recherches de Pasquier, Liv. IX, ch. 32 plusieurs choses curieuses sur les Chirurgiens Barbiers.

Aux Indes les Barbiers vont par les rues avec un instrument de cordes nouées, qui s’entrechoquant font du bruit, pour avertir ceux qui veulent se faire raser. Lettr. Ed.

On dit proverbialement, glorieux comme un Barbier. On dit aussi, qu’un Barbier rase l’autre ; pour dire, que chacun dans sa profession se rend des offices réciproques.

On trouve dans les siècles de la basse latinité barberius, pour signifier Chirurgien, parce que ces deux professions n’étoient point distinguées. Voyez les Acta Sanct. Febr. T. II, p. 634. E. 6. 35. Jun. Tom. II, p. 386. A. On trouve aussi barbarius, Ib, p. 382. E, & il se dit non-seulement de celui qui fait la barbe, mais d’un Chirurgien, ou, comme parlent les Bollandistes en cet endroit, d’un Médecin qui fait des cures en travaillant de la main. Barbier s4est aussi appelé dans la basse latinité barbator.

Barbier. s. m. Poisson de mer du genre appelé anthia. Voyez ce mot.

BARBIFIER. v. a. Qui ne se dit que dans le style familier. Raser, faire la barbe. Radere, tondere barbam. Ma barbe est bien longue, barbifiez-moi.

Ce mot est forgé de barba, barbe, & facere, facio, fieri, fio. Faire, être fait.

☞ BARBILLE. s. f. (à la Monnoie). Petits filamens ou pointes qui sont aux flans ; & que l’on emporte en les agitant les uns contre les autres dans un crible de fer.

BARBILLON. s. m. Petit poisson d’eau douce : diminutif de barbeau. Voyez Barbeau.

Barbillon, est aussi ce qui pend en forme de moustache, ou de barbe, au bout & aux côtés de la gueule du barbeau, ou de quelqu’autre poisson. Barbula.

Barbillon, est aussi une maladie de cheval, & est la même chose que barbes. Voyez Barbes.

Barbillon, en Fauconnerie, est aussi une maladie de la langue de l’oiseau, qui vient de rhume chaud qui tombe sur des glandes qu’il fait enfler. Les barbillons sont une espèce de pepie.

BARBINADE. s. f. J’appelle des barbinades ces nombreux colifichets de petits livres qui ne servent qu’à faire perdre inutilement du temps, & après la lecture desquels on se trouve l’esprit aussi peu rempli que si on n’avoit rien lu, & qui n’ont pas laissé d’enrichir Parbin. La fille d’Elvire veut parler les Auteurs, & décider de leur mérite, elle qui ne pourroit pas faire la différence des ouvrages de Despreaux ou de l’Auteur des Pasquinades, d’avec les Barbinades, ou le Mercure galant. Le Noble.

☞ BARBITON. Instrument des Anciens, dont Horace attribue l’invention à Alcée. On ne sait point ce que c’étoit. Harpe, Lyre, Luth, grand instrument de musique à cordes.

☞ BARBON. s. m. Terme de mépris dont se servent les jeunes gens pour désigner un vieillard. N’écoutez pas ce vieux barbon. Les femmes ne veulent point d’un barbon. Moquez-vous des sermons d’un vieux barbon de père. Mol.

☞ On applique aussi ce terme à un jeune homme qui est trop sérieux pour son âge. Il n’a que vingt-cinq ans ; il fait déjà le barbon. Tout cela n’est bon que dans le style familier.

BARBONNAGE. s. m. Qualité de barbob? Pour l’humeur, je suis plus loin du barbonnage que vous. Bussy.

BARBONNE. s. f. C’est un poisson de mer, qui est à peu près comme la perche, qui en a le goût, & qui s’apprête de la même manière. On nous donna à bon marché les plus belles barbonnes que j’aie jamais vues. Corneil Bruyn.

☞ BARBORA. Petite ville d’Afrique, en Ethiopie, sur la côte d’Ajan, sur le golfe de Babel-Mandel, au royaume d’Adel.

☞ Vis-à-vis de cette ville il y a une île du même nom, dont les habitans sont Nègres.

☞ BARBOT. s. m. C’est ainsi qu’on appelle sur les galères celui qui fait le poil aux forçats.

BARBOTE. s. f. Poisson de lac & de rivière, qui a le bec & la queue pointus, avec un barbillon qui pend de la mâchoire inférieure. Auprès du trou, par où sortent les excrémens, la barbote, a une aile qui continue jusqu’à la queue.

BARBOTER. v. n. Qui se dit des cannes & des canards, & autres oiseaux aquatiques, lorsqu’ils boivent, ou fouillent dans la bourbe, & qui font un certain bruit en remuant le bec. Cœnum agitare. Les canards barbotent dans les mares.

Barboter, se dit aussi d’un homme qu’on plonge dans l’eau, & qu’on fait boire malgré lui. In aquam mergi. Je l’ai fait barboter dans le ruisseau.

Barboter. Se plonger dans l’eau, y faire du bruit.

Petits Abbés, qu’une verve insipide
Fait barboter dans l’Onde aganippide. R.

Barboter, se dit encore de ceux qui parlent entre leurs dents, & qui font un certain bruit pareil à celui des canards, sans qu’on puisse entendre ce qu’ils disent. Mussare, mussitare. Mais cela n’est bon que dans le style bas & comique. Il barbote je ne sais quoi entre ses dents. Mol. Barbotons les paroles que la magie enseigne. S. Amant.

BARBOTEUR. s. m. Nom qu’on donne à un Canard privé, nourri près d’un moulin, ou dans une basse-cour, qui est peu estimé en comparaison des canards sauvages. Anas domesticus.

BARBOTINE. s. f. Semence qu’on réduit en poudre, & qu’on donne aux enfans pour tuer les vers qu’ils ont dans le corps : elle est petite, de couleur brune ou jaune, de figure oblongue, d’un goût amer & d’une odeur forte. On en convient pas quelles est la plante qui la produit. Les uns veulent que ce soit l’espèce d’absinthe qu’on appelle santonicum, ou marinum absynthium, les autres la tanesie, ou tanacetum. Mais il y a plus d’apparence que c’est une espèce d’Aurone, ou Abrotanum. Quelques-uns l’appellent Semen sanctum, ou Semen contra vermes, Semen santonicum, sementina. A Paris on dit de la poudre aux vers. M. Lippi, Médecin de Paris, qui fut tué avec M. le Comte du Roule Ambassadeur du Roi en Ethiopie, avoit observé auprès du Caire une espèce d’absinthe qui avoit tout-à-fait l’odeur de la barbotine. M. de Tournefort en a trouvé une autre espèce en Espagne qui en approchoit par son odeur.