Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/811

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
787
BAS

d’aromates & de miel. Marcelus Empiricus en parle ; il en est aussi question dans Aétius & dans Actuarius.

BASSICOT. s. m. Machine faite en forme d’une grosse cage de charpente, ouverte par en haut, dans laquelle on met les masses de pierre qui se tirent des ardoisières d’Anjou.

☞ BASSIENS. Hérétiques dans le second siècle, qui interprétoient mal ces paroles de Jésus-Christ. Ego sum alpha & omega. Voyez S. Epyphane.

BASSIER. s. m. vieux mot. Pupille.

BASSIÈRE. s. f. Vin au bas, qui est près de la lie. Baissière est beaucoup plus doux, il est aussi beaucoup plus usité. Voyez Baissière, bassière.

☞ BASSIERS. s. m. pl. Terme de rivière. Amas de sable dans une rivière qui empêche la navigation. Encyc.

BASSIGNI. Bassiniacum. Pays de France en Champagne, aux environs des sources de la Marne & de la Meuse, du côté de la Lorraine & du Barrois. Quelques Auteurs disent qu’il est ainsi nommé, parce que c’est la partie de la Champagne la plus basse. D’autres soutiennent qu’il a pris son nom d’un bourg du Diocèse de Langres nommé Vassy, en latin Basseium. Miræus croit que le Bassniacum, qui se trouve dans la division du Royaume de Lothaire, est le Bassigni ; mais M. de Valois n’est pas de ce sentiment dans la Notice des Gaules.

BASSILLE. s. f. Plante dont parle Dioscoride. Elle est haute d’une coudée, branchue, chargée de feuilles de tous côtés, & qui ressemblent à celles du pourpier, Sa fleur est blanche. On l’appelle autrement crête marine.

BASSIN. s. m. Vaisseau plat qu’on met sur un buffet, qui sert ordinairement à laver les mains. Pelvis. On trouve bassinus, pour dire un bassin, dans quelques Auteurs Ecclésiastiques, comme dans l’Auteur de la vie de Robert Evêque de Chartres. Un bassin d’argent. Il y a aussi plusieurs bassins qui servent seulement de parade. Thierry affecta de marquer à Clotaire plus de cordialité que jamais. Il lui fit présent d’un fort beau bassin d’argent, qui étoit apparemment quelque pièce du trésor du Roi de Turinge. P. Dan. Cette espèce de présent étoit alors à la mode, comme on le voit par quelques passages de Grégoire de Tours, & entr’autres par celui du L. III. c. 14, où parmi les présens que Childebert fit à son neveu Théodebert, après que ce jeune Prince eut été élevé sur le trône d’Australie, il y avoit une demi-douzaine de ces sortes de bassins ; au L. VI. c. 2, parmi les présens que Chilperic envoya à Tibère Constantin, Empereur de Constantinople, il y avoit un bassin d’or enrichi de pierreries qui pesoit 50 liv. L’Historien même appelle ce bassin du nom Missorium, qui signifie un présent que l’on envoie. Sisenandes, Roi des Visigots en Espagne, fit présent à Dagobert I d’un bassin, qu’Aëtius avoit autrefois donné à Torismond : & dans la vie de S. Martin, il est dit que le Tyran Maxime lui fit présent d’un bassin de porphyre. P. Dan.

Borel dérive ce mot du vieux mot françois bachinon, qui signifie une tasse de bois. Du Cange le dérive de baccinus, qu’on trouve dans Grégoire de Tours en la même signification. Il ajoute qu’on a dit aussi baccinus, bacinum, & baccinium dans la basse latinité, & que bechin est aussi un mot allemand qui signifie bassin. Voyez la vie de sainte Hildeburge, tirée d’un vieux Cartulaire du Monastère de Pontoise, par le P. d’Achery, Spicileg. T. II. & les Acta SS. Junii, T. I. p. 363. A. & en plusieurs autres endroits. Dans la vie de Saint Austreberte écrite au VIIIe siècle en France, Act. SS. Bened. sæc. III, P. I. p. 44. on Bachinus urceux ex ære ; ce qui montre que ce mot étoit aussi françois. Il y a bien de l’apparence qu’il s’est formé du latin Vas, vase. Etienne Guichard le tire de l’hébreu, car il prétend que de כנם. cabas, c’est-à-dire, avare, en retranchant la première radicale, s’est fait נם, bas ; que de-là sera dérivé Wesche en allemand pour signifier lavare, quasi vascen ; & que de même de נם, bas, bassin peut être fait en françois.

Bassin, se dit aussi des grands plats à mettre sur la table pour y servir des viandes, ou des fruits en pyramide, & plusieurs assiettes de divers mets. Lanx, catinus. On a servi tant de bassins de confitures.

Bassin se dit aussi de ces plats qui servent dans les églises pour recevoir les offrandes, soit à la Messe, soit auprès des Reliques. Les Païens dans leurs sacrifices se servoient d’un bassin pour recevoir les entrailles de la bête, & les chairs qui devoient être offertes.

Bassins de Rôtisseur, sont de grands vaisseaux de cuivre fort plats, qui servent à porter leurs volailles lardées.

Bassin de Barbier, est un bassin large & échancré, qui lui sert à faire la barbe, à mettre à ses enseignes. Pelvis tonsoria.

On appelle aussi bassin de chambre, un bassin creux propre à recevoir les excrémens, particulièrement des malades. Lasanum, scaphium ; & l’on dit qu’il faut garder leurs bassins, pour dire, qu’il faut faire voir leurs selles aux Médecins. On dit aussi aller au bassin, pour dire, aller à ses nécessités.

On appelle bassin chez les Chapeliers, une grande plaque de fonte, ronde, qui est encastillée dans le bois de la table ou bureau, sous laquelle il y a un fourneau de brique, où l’on met du feu lorsque l’on veut travailler : c’est sur ce bassin qu’on bâtit les chapeaux. On remet les chapeaux qui ont servi, sur le bassin pour les rafraîchir, en redresser les mauvais plis, & pour redonner du lustre.

Bassin, Terme de Lunetier, se dit aussi d’une espèce de moule de cuivre & de fer, de métal composé, ou de laiton, pour travailler, user, & polir les verres pour faire des lunettes.

Bassin, se dit aussi des lieux préparés dans les jardins, pour recevoir les eaux des sources & des fontaines jaillissantes. Labrum. C’est un espace creux en terre, de figure ronde ou ovale, revêtu de pierre & bordé de gazon. Il y a des bassins de décharge ; ce sont ceux où les eaux s’écoulent & se déchargent à mesure que les fontaines jouent.

Bassin, se dit dans les ateliers, des lieux qu’on prépare pour y éteindre la chaux, pour y faire du mortier. Mortarium.

Bassin, est aussi un grand réservoir d’eaux qu’on amasse pour nourrir des écluses, des canaux. Piscina. Le bassin de Nourouse recueille les eaux dont se fait le canal pour la communication des mers.

Bassin, se dit aussi du lieu où sont les vaisseaux dans les ports de mer, ou d’un petit espace de mer renfermé, pour y tenir les vaisseaux à flot. Alveus. Le bassin du Havre de Grace fut achevé dans l’état où il est en 1669. On y retient ordinairement avec le secours des écluses, seize pieds d’eau, & il peut contenir à flot une escadre de vaisseaux de guerre de différentes grandeurs. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. I. pag. 197.

Bassin, est aussi un petit port particulier, pratiqué dans un plus grand, où on radoube les vaisseaux. On l’appelle autrement Chambre, ou Darsine.

Bassin, se dit aussi d’une petite tasse ronde & creuse, où les aveugles des Quinze-vingts reçoivent les aumônes qu’on leur donne. Crater.

Bassin, se dit encore d’une balance ; & c’est la pièce de cuivre ou de laiton faite en forme de petit plat creux sans bords, attachée avec des cordes, & où l’on met, ou les poids, ou les choses que l’on veut peser. Lanx.

Bassin, se prend encore pour la cuve où l’on se baigne. Labrum.

☞ Vente au Bassin. C’est ainsi qu’on appelle à Amsterdam une vente publique, faite par autorité de justice, parce qu’on frappe sur un bassin de cuivre pour avertir qu’on va adjuger l’effet qu’on met à l’enchère.

Bassin oculaire, s. m. Instrument de Chirurgie. Voyez Gondole.

On dit figurément d’une belle plaine entourée de montagnes, & dont la forme approche de la rondeur, que c’est un beau bassin.

On dit proverbialement, qu’on a fait cracher quelu’un au bassin ; pour dire, qu’on l’a obligé à faire quelque don, ou contribution en quelque rencontre, ou affaire.

Bassin. Terme de Botanique. On s’en sert dans la des-