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BEL — BEN

BELOUSE, BELOUSER. Voyez Blouse, Blouser.

☞ BEL-OUTIL. s. m. Terme usité parmi les Orfèvres & les Bijoutiers. Voyez Bigorne & Bigorneau.

BELTIS. Voyez Baaltis.

☞ BELTURBET. Pence ville d’Irlande, dans la Province d’Ulster, au comté de Cavan sur une petite rivière. Belturbetum.

☞ BELTZKO. Ville du royaume de Pologne, dans la Russie rouge, dans le Palatinat auquel elle donne le nom. Ce Palatinat est entre le Palatinat de Leopol, la terre de Chelm & la Volhinie.

☞ BELVAL. Voyez Belleval.

BELUDE, ou BÉLUE. s. f. Vieux mot. Bête féroce, du latin Bellua.

Dégénéré de bien peu de value,
Et converti en forme de bélue.

BELVEDÈR. s. m. ou Beloeder. Chenopodium lini folio villoso. Plante annuelle, qu’on seme dans les jardins : elle donne des racines noires, chevelues, d’où part une tige cannelée, haute d’un pied & demi, quelquefois plus, droite, cassante, & qui pousse une infinité de branches dans toute sa longueur, disposées de manière qu’elles forment une pyramide agréable. Sa tige & ses branches sont garnies de feuilles alternes, semblables à celles de la linaire, mais velues. De leurs aisselles à l’extrémité des branches naissent des fleurs qui sont à cinq étamines, soûtenues par un calice verdâtre divisé en cinq quartiers, du fond duquel s’élève un pistil qui devient ensuite une petite semence arrondie, applatie, un peu brune, enveloppée du calice de la fleur.

Belveder, est un nom Italien, qui signifie en François, plante belle à voir, à cause que ses branches sont bien rangées contre la tige, & qu’elles ne s’écartent point d’aucun côté. On a adopté en France ce terme ; & cette plante est connue sous ce nom chez les Fleuristes & les Jardiniers.

Belveder, signifie aussi un lieu élevé où l’on jouit d’un bon air & d’une belle vue. Locus editus præclaro aspectu. Ce mot est purement Italien. C’est quelquefois un petit bâtiment à l’extrémité d’un jardin ou d’un parc. C’est quelquefois un simple berceau élevé sur quelque montagne ou terrasse. ☞ Les Belveders se décorent ordinairement de différens arbres & arbrisseaux.

BELVEDERE, est une des quatre grandes Provinces de la Morée. Sa capitale porte aussi le nom de Belvédère, Belvedera, Elis. C’est l’ancienne Elis, capitale de l’Elide, sur le Pénée. Belvédère est encore un bourg du Royaume de Naples dans la Calabre citérieure, près de la mer de Toscane. Belvédère est la même chose en italien que Beauvoir & Beauregard en françois, nom que nous avons aussi donné à plusieurs lieux.

☞ BELVES ou BELVEZ, bourg ou petite ville de France, en Périgord, dans le Sarladois.

☞ BELUGARA. Ville d’Afrique, au Monométapa, sur la rivière de Sainte Luce.

BELULQUE. s. m. Instrument pour l’extraction des dards ou des flèches. On trouve dans les Auteurs de Chirurgie les descriptions de plusieurs instrumens de cette espèce. Belulcum. Ce mot vient de Βέλος, flèche, & de ἔλκω, tirer.

BÉLUS. s. m. Grande Divinité des Babyloniens. Le Bélus étoit le soleil, ou la nature elle même qu’on adoroit sous ce nom. Dans la suite, le premier Roi des Assyriens, à qui on donna par honneur le nom de Bélus, ayant été mis après sa mort au rang des Dieux, il fut confondu avec la grande Divinité des Assyriens. Cicéron, entre plusieurs Hercules qu’il distingue, dit que le cinquième étoit Bélus, ou Hercule l’Indien. Voyez Bel, Dieu des Babyloniens.

Bélus, Père de Danaüs & d’Egyptus, est le Jupiter Egyptien.

Bélus, Roi de Tyr, & de Phénicie, fut pere de Pygmalion & d’Elise, surnommée Didon.

BELUTTA. s. m. Grand arbre qui croît dans le Malabar. Sa racine broyée avec du gingembre frais, & prise intérieurement, provoque puissamment la sueur. ☞ Ses feuilles bouillies dans du lait, appliquées en cataplasme sur le sommet de la tête, avec l’huile de palmier, sont employées pour résoudre les humeurs visqueuses. Leur décoction est bonne pour la toux. Le fruit est astringent, quand il est sec ; & laxatif, quand il est frais & cuit dans du miel.

BEM

☞ BEM, ou BEMBE. Ville de Perse, à trois journées de Multan, sur les frontieres de l’Inde.

☞ BEMARIN. Bemarina, contrée de l’Amérique Septentrionale dans la Floride, au pays des Apalaches.

BÈME. s. m. Bema. Autel des Manichéens : ils le dressoient dans un lieu différent & éloigné de celui où les Catholiques disoient la Messe. Anselme d’Haverberg parle dans ses Dialogues du bema des Manichéens. Le mot bème vient du grec Βῆμα, tribunal, dégré. On appelle aussi bème parmi les Manichéens le jour de la mort de Manès. Le bème est un grand jour chez les Manichéens, c’est un jour de fête ; ils appeloient bème le jour que Manès fut tué, parce qu’ils le célébroient en ornant magnifiquement leur bème ou leur autel. En général les Grecs appellent bème ce que nous appelons sanctuaire. De tous les laïcs il n’y avoit que l’Empereur qui pût entrer dans le bème.

BEMBEL. s. m. Terme de Philosophie hermétique, qui signifie, ou le mercure, ou la pierre philosophale.

BÉMOL, BÉQUARRE. Termes de Musique. Saint Grégoire s’est servi des sept premières lettres de l’alphabet, pour distinguer les sept tons de la voix. Or quelquefois l’espace entre A & B est d’un ton entier, qui étant plus haut est plus dur, & on le marque d’une figure carrée, ce qui l’a fait appeler béquarre. Mais quand le B est plus bas d’un demi ton, il est plus doux & plus mol, &c c’est pourquoi on l’appelle bémol. Voyez B.

☞ Le bémol est un caractère, qui a la forme d’un petit b qu’on met devant une note pour la baisser d’un demi ton. On dit aussi adjectivement qu’une note est bémol.

☞ BÉMOLISER. v. a. Nouveau terme de Musique. Marquer une note d’un bémol. On dit aussi bémoliser la clef.

BÉMUS. s. m. Terme méprisant & bas, qui signifie un homme qui ne sauroit dire un mot ; un sot, un lourdaut. Pourquoi donc en parler comme d’un clerc d’armes, ou comme d’un novice de couvent, & enfin d’un bémus, d’un lourdaut, d’un ignorant ? Mascur. De qui me parlez-vous là ? C’est un vrai bémus, c’est-à dire, un innocent. Vous faites le bémus, le bon bémus. Ce mot ne se dit nulle part.

BEN

BEN, ou BEHEN. s. m. se prend pour un arbre qui croît en Arabie, & qui s’élève presqu’aussi haut que le bouleau. Ses feuilles sont arrondies, assez petites pour la grandeur de l’arbre, rangées par paire sur une côte branchue, & sont même clair semées. Son fruit est une gousse longue de cinq pouces environ, composée de deux cosses cannelées, coriaces, d’un goût plus insipide qu’astringent, & renfermant comme dans des cellules des noyaux blancs, triangulaires, gros comme de petites noisettes, qui contiennent sous leurs coques minces une semence amère, huileuse, semblable à celle de la noisette, mais plus blanche.

C’est une noisette triangulaire, & dont l’amande rend une huile si belle & si douce, qu’elle n’a aucune odeur ; de sorte qu’elle prend parfaitement bien l’odeur de la fleur qu’on lui donne, & si naturellement, qu’il n’y a pas de différence entre l’odeur de la fleur & celle de l’huile, lorsqu’on prend soin de la bien travailler. Cette huile se nomme Essence. Barbe. Cette huile a aussi cela de particulier, qu’elle ne rancit pas comme les autres huiles exprimées, & qu’elle peut être conservée en bon état pendant long-temps. Ce fruit, que les Arabes appellent ben, est nommé des Grecs Balanus Myrepsica, & des Latins Glans unguentaria. L’huile sert aussi à effacer les taches, & les lentilles du