Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/1008

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1000
COU

d’un tissu de bitort, que l’on met sur le platbord du vaisseau, où porte la ralingue de la voile pour l’empêcher de se couper. Coussin se dit encore d’un pareil tissu que l’on met sur le mât de beaupré, & sur les cercles des hunes pour le même usage.

COUSSINET, s, m. diminutif. Petit coussin. Pulvillus. On met des coussinets pleins de choses odoriférantes sur les lits.

Coussinet à Mousquetaire. C’est un coussinet que le Soldat plaçoit autrefois sous sa bandoulière, à l’endroit où il porte le mousquet. Il y a aussi des coussinets que l’on met sur le garot des chevaux de carrosse, de peur qu’ils ne se blessent en cet endroit-là. Les Doreurs sur bois ont des coussinets pour tailler leur or & les Graveurs pour soûtenir les planches qu’ils gravent.

Coussinet est aussi la première assise qui porte la rampe des piédroits des voûtes rampantes. Pulvinus. On l’appelle sommier dans les croisées, ou portes. Le coussinet, ou premier voussoir d’une voûte en arcade, a un lit de niveau, & celui de dessus en coupe en pente pour recevoir les suivans, auxquels il sert d’appui. Frézier.

En Architecture on appelle coussinet l’ornement du chapiteau Ionique entre l’ove & l’abaque, qui sert à former les moulures. Pulvinus. On l’appelle coussinet, parce qu’il représente comme un oreiller pressé par la charge qui est dessus, & qui est roulé & arraché d’une courroie. C’est aussi un nom qu’on donne à l’imposte.

Coussinet. On appelle ainsi, en termes de Couvreurs, des rouleaux de nattes de paille, que ces ouvriers attachent au dessous des échelles, dont ils se servent sur les couvertures des bâtimens. Echelle à coussinet, est une échelle où sont attachés un, ou deux de ces rouleaux.

Coussinet, terme de bottier, petit sac plein de crin & piqué, qu’on met à la genouillière des bottes, pour empêcher qu’elles ne blessent.

Coussinet de Marais. s. m. pl. Plante qui pousse plusieurs tiges menues comme des fibres, foibles, d’un rouge-brun, se couchant & se répandant au large sur la terre, revêtues de feuilles semblables à celles du serpolet, mais plus petites, dures, vertes en dessus, vert-cendré en dessous, à queue fort courte, rangées alternativement le long des tiges. Ses fleurs naissent aux sommités des branches. Elles sont découpées en quatre parties pointues, purpurines, avec plusieurs étamines qui jointes au pistil, font ensemble comme un corps pointu. Il leur succède des baies presque rondes ou ovales, rougeâtres ou jaunes-verdâtres, marquetées de points rouges, ornées d’un ombilic purpurin, formé en croix, d’un goût âcre : ce qui a fait nommer cette plante en latin Oxycoceum. Elle croît dans les marais & dans les autres lieux humides & ombragés. On prétend que ses feuilles, ses fleurs & ses baies arrêtent le vomissement & résistent au venin.

COUSSINOTTE. s. f. nom de pomme. Voyez Cousinette.

COUSSON. s. m. terme d’Agriculture. Nos Villageois (de Dauphiné) appellent ainsi une vapeur chaude qui brûle les bourgeons les plus tendres des vignes, quand elles commencent à pousser. Chorier, Hist. de Dauph. L. II, p. 101.

Ce mot vient du Grec Καυσος, ou καύσω, qui signifie ardeur. Id.

☞ Rabelais appelle Cousson un morceau de linge quarré qu’on met sous l’aisselle aux enfans.

☞ COUSSON ou COSSON, (LE) petite rivière de France en Sologne qui vient d’auprès de Gien, & se jette dans la Loire au dessous de Blois.

COUSTANGE. s. f. vieux mot. Coût. On a dit, faire coustange à un autre ; pour dire, lui causer de la dépense.

COUSTIERES. s. f. pl. terme de Marine, sont de gros cordages qui soûtiennent les mâts d’une galère, & lui servent de haubans. L’arbre de Mestre a cinq coustières à chaque côté, & le trinquet trois.

COUSTILLARDE. s. f. vieux mot, est une plaie ou balafre par une dague, ou long poignard qu’on appeloit autrefois coustille, parce qu’on les portoit sur le côté ; ou de coustel, qui signifioit autrefois couteau, & on appeloit Coustilliers, ceux qui portoient la coustille d’un homme d’arme, & qui se tenoient près de lui, comme remarque Fauchet. On dit encore des assassins & bretteurs, qu’ils ont donné plusieurs coustillades à quelqu’un, quand ils lui ont fait plusieurs blessures, sur-tout au visage. Plaga luculenta.

☞ COUSTILLIER. s. m. Ecuyer qui porte les armes à côté de son maître. Armiger. Nicod.

COUSU, UE. adj. & participe du verbe coudre. Ce qui est attaché à un autre avec du fil, de la soie, &c. Sutus, consutus. Voilà un habit, des gants, des souliers cousus bien proprement.

☞ En termes de Manège, on dit d’un cheval maigre & efflanqué qu’il a les flancs cousus, parce qu’il y a si peu d’épaisseur, qu’ils paroissent cousus ensemble. Macer, macilentus.

☞ On dit dans le même sens d’un homme exténué, qu’il a les joues cousues.

Cousu signifie encore cicatrisé, rempli de coutures sur la peau, qui marquent des vestiges de plaies du d’ulcères guéris il y a long temps. Cicatricosus. Il n’est que du style familier.

On dit, en termes de Manège, qu’une homme est cousu dans la selle ; pour dire, qu’il n’en branle pas, qu’il semble y être attaché. Insidens equo firmiter.

Cousu ou Chef cousu, se dit en termes de Blason. Voyez Coudre.

Cousu se dit figurément des paroles & des parties d’un discours, joint, uni ensemble, ajusté. Consutus, a, um. Cet Orateur nous a fait un discours pitoyable ; ce ne sont que des paroles mal cousues ensemble. Un fatras de passages mal cousus ensemble. Des pensées même assez belles, pillées çà-&-là, mais mal assorties & mal cousues ensemble, sans suite, sans jugement, sans raison.

Cousu se dit en ces phrases familières. On appelle un homme tout cousu de pistoles, celui qui en a beaucoup, par allusion à la manière des avares, qui cousent leur argent dans leurs ceintures, dans leurs habits, pour le mieux cacher & garder. Oui de pareils discours, & les dépenses que vous faites, seront cause qu’un de ces jours on me viendra couper la gorge, dans la pensée que je suis tout cousu de pistoles. Mol. On appelle des finesses cousues de fil blanc, celles qui sont grossières & aisées à découvrir. On dit aussi bouche cousue en parlant à quelqu’un à qui l’on recommande de garder un secret ; ne parlez point, bouche cousue.

COUT. s. m. prix de la chose qu’on achète, ou ce qu’on est obligé de dépenser pour l’acquérir, pour la construire, ou pour l’entretenir. Sumtus, impensa. Les bâtimens sont de grand coût. L’artillerie, les équipages de mer, sont de grand coût à l’Etat. Ce mot est vieux dans la langue, & y est passé tout pur du Celtique, ou Bas-Breton, où il signifie la même chose. Mazarin fut en compagnie du Cardinal Colonne étudier à Alcade de Hénarès, où il demeura dix-huit mois à ses propres coûts & dépens. Mascur.

On dit, en termes de Palais, rembourser les frais & loyaux coûts ; pour dire, ce qu’il en a légitimement coûté à acheter une chose ; comme en matière d’héritage, c’est outre le prix, les lods & ventes, les frais du contrat, le payement des charges, &c. On dit en ce sens, le coût en fait perdre le goût ; pour dire, qu’il se faut passer d’une chose, quand on n’a pas le moyen de l’acheter.

COUT D’ASSURANCE. s. m. terme de commerce de mer. Voyez Prime d’Assurance.

COUTAGE. s. m. vieux mot, qui veut dire la même chose que coût. Voyez ce mot.