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COU

Coutage ou Coustance. s. m. droit des Seigneurs sur leurs Vassaux ou Sujets. Cotagium. Il étoit en usage en Bretagne dès le XIIe siècle. Lobineau, Hist. de Bret. T. I, p. 281, & T. II, p. 162.

COUTANCE, Ville de France dans la basse Normandie, capitale du Cotantin, auquel elle a donné ce nom. Constantia Castra. Quelques-uns veulent que son propre nom soit Constantiæ, arum plurier, parce qu’elle étoit divisée en deux, ou Flavia Constantia. Plusieurs Savans veulent qu’elle ait été ainsi appelée, parce que ce fut d’abord un Camp de Constantius Chlorus, père du Grand Constantin, qui dans la suite est devenu ville. M. Huet est de ce sentiment, dans ses Origines de Caën, c. III ; M. Corneille au mot Cotantin, prétend, sur un passage d’Ammien Marcellin, qui dit que la Seine se décharge dans la mer, propè castra Constantia, que ces Castra Constantia, ou ce Camp de Constantius, est tout le Cotantin, & non pas Coutance seule, mais on n’a jamais appelé Camp, Castra, un pays entier ; mais des lieux fortifiés, qui dans la suite sont devenus des villes. D’autres prétendent que ce nom lui fut donné à cause de sa constance à résister aux Romains. D’autres veulent que ce soit le Cosediæ d’Ammien Marcellin. D’autres disent qu’elle fut ainsi appelée à l’honneur de l’Auguste Constantius, petit fils de Constantius Chlorus, & frère de Constans, pour qui l’on y avoit érigé quelque arc de triomphe, ou quelque autre monument. D’autres enfin l’appellent Augusta Romanduorum, & disent qu’elle étoit la Capitale du peuple appelé Romandui, & ensuite de ceux qu’on nommoit Unelli, ou Venelli, & qui succédèrent aux Romanduens. On trouve dans la Carte de Peutinger Constantia Crouciaconum, & dans Ptolomée Constantia Crocitanorum Venetorum. On la trouve aussi nommée Constantina urbs. Elle est sous le 16° 3′ 55″ de longitude, & sous le 49° 2′ 50″ de latitude. La différence de son méridien à celui de l’Observatoire de Paris est de 0h 15′ 10″ occid. ou 3° 47′ 25″. Cass. Plusieurs Auteurs ont cru que cette ville avoit été bâtie par Romus, ou Romaüs, l’an du monde 2520. Coutance est un Evêché fort ancien. S. Lo, cinquième Evêque de cette ville, assista l’an 546, au cinquième Concile d’Orléans. M. Daireaux de Vendôme a fait des recherches très-curieuses pour l’Histoire de Coutance & du Cotantin. M. Corneille écrit Coutances : mais M. Huet & plusieurs autres ne mettent point d’s à la fin.

COUTANT. adj. m.se dit en cette phrase, ☞ le prix coûtant, je vous le donne au prix coûtant, au prix qu’il m’a coûté.

COUTEAU. s. m. ustensile servant à la table, fait d’un fer aceré, tranchant d’un côté, qui sert principalement à couper le pain, les viandes. Culter. Cette viande est tendre au couteau. Ce fruit est mûr, il est doux au couteau.

Ce mot, couteau, vient du latin, custellus ; & si l’on en croit le P. Pezron cultellus, un couteau, est tiré du celtique, coutel, ou goutel. Il faudroit qu’il fût bien prouvé que coutel ou goutel est celtique, & qu’il ne vient pas de cultellus.

Il y a plusieurs sortes de couteaux : un couteau de poche, qui a sa gaine : un couteau pliant à une jambette : couteau de cuisine, de boucher, pour couper la grosse viande. Les couteaux pointus, qu’on nomme baïonnettes, sont défendus. En Italie on ne se sert que de couteaux arrondis par le bout.

On appeloit les sacrés couteaux chez les Payens, ceux qui leur servoient à égorger des victimes. Frappe, je tends le sein à tes sacrés couteaux. Dans le temple de la Mort, de Habert.

Ministre, pour qui se prépare
Cet autel, ce fatal bandeau,
Déjà dans une main barbare,
J’apperçois le sacré couteau. Nouv. choix de Vers.

Couteau se dit aussi d’une courte épée de ville, qu’on porte seulement pour parade. Gladius. Lorsqu’il fut attaqué, il n’avoit qu’un petit couteau. Ils se sont battus avec armes inégales, l’un avoit une longue épée, l’autre n’avoit qu’un couteau. On dit qu’un homme est un couteau de Tripière, quand il dit du bien & du mal de la même personne, qu’il flatte les deux partis contraires. ☞ Expression basse & figurée. Le couteau de tripière est un couteau qui tranche des deux côtés.

Couteau de Pié, est un outil de Cordonnier servant à couper le cuir, qui est tranchant & arrondi en demi-cercle, & dont le manche est fait en poignée. Scalprum.

Les Juifs ont fait quelquefois la circoncision de leurs enfans avec un couteau de pierre. Cultellus lapideus. On fait des couteaux d’ivoire, dont les Secrétaires se servent pour plier plus proprement les lettres. Cultellus eburneus.

Dans le Manège, on appelle un couteau de chaleur, un morceau de faulx avec lequel on abat la sueur des chevaux, en le coulant doucement sur leur poil.

Couteau de feu, est un instrument de Maréchal en forme de couteau, fait de fer, ou de cuivre. Cultellus ignitus. Il est long d’un pié, épais par le dos, & mince de l’autre côté. On le fait chauffer dans la forge, & il sert à donner le feu aux parties malades des chevaux qui en ont besoin.

Couteau de Charpentier. Les Charpentiers ont toujours un couteau avec eux, dont ils se servent au lieu de compas, pour tracer les lignes fort fines.

Couteau sourd. C’est un instrument dont se servent les Corroyeurs dans l’apprêt de quelques-uns de leurs cuirs ; on le nomme autrement Boutoir. Il a deux manches, un à chaque bout, & le tranchant en est fort émoussé ; c’est d’où vient son nom.

Couteau à revers, ou Echarnoir. Outil de Corroyeur, dont le tranchant est un peu renversé. On s’en sert pour écharner les peaux de vache.

Couteau à doler, terme de Gantier. C’est un outil d’acier qui sert à doler les étavillons, c’est-à-dire, amincir, ou parer les morceaux de cuir déjà disposés à faire les gants.

Couteau à effleurer ou couteau de rivière, terme de Chamoisseur & de Mégissier.

☞ Morceau d’acier large, aminci par le coupant, avec un manche à l’autre bout, dont les Relieurs se servent pour amincir les couvertures des livres, afin qu’elles se collent mieux sur le carton.

Couteau à hacher. C’est un couteau à lame courte & un peu large, dont se servent les Doreurs sur métal, pour faire des hachures sur le cuivre ou sur le fer, avant de les dorer de ce qu’on appelle Or haché.

Couteau à chapiteau. Les Charpentiers nomment ainsi une espèce de couteau qui sert à éguiser la pierre noire, avec laquelle ils marquent ou tracent leur ouvrage.

Couteau à tailler. Outil de Fourbisseurs, dont ils se servent pour faire les hachures, sur lesquelles ils placent le fil d’or ou d’argent, quand ils veulent damasquiner un ouvrage.

Couteau à refendre. C’est un petit outil de Fourbisseur, du nombre de ceux qu’on appelle Ciselets. On s’en sert à refendre des feuilles qu’on a gravées en relief sur l’or, l’argent, ou l’acier.

Couteau à tracer. C’est un des ciselets des Fourbisseurs, avec lequel ils tracent & enfoncent un peu les endroits où ils veulent passer quelqu’un de leurs ciselets gravés.

Couteau à scie. Espèce de scie à main, dont se servent les Maçons & les Tailleurs de pierre.

Couteau à trancher. Terme de Menuiserie, de placage & de marqueterie.

Couteau à mèche, terme de Chandelier. C’est l’instrument qui sert à couper de longueur le coton, dont on sert la mèche des chandelles.

Couteau à travailler. Outil de Vannier.

Couteau à débiter. Les Boulangers se servent de ce