Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/1014

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1006
COU

point dans la coutume de Lorris, mais bien dans un vieux titre de l’an 1448, qui est une confirmation des privilèges de Lorris, faite par le Roi Philippe, où il est dit que quand quelqu’un des combattans en gage de bataille étoit vaincu, le pleige étoit obligé de payer cent douze sols d’amende ; ce qui ne se faisoit point dans tous les autres lieux en de semblables combats. C’est une remarque qu’a fait Pasquier, mais d’autres ajoutent que cela avoit aussi lieu en d’autres endroits, comme on voit dans la vie des Evêques de Mets, en un temps où tous les différends se vidoient en champ de bataille, & à coups de main ; & alors les battus payoient l’amende. Mais quelques-uns disent que c’est la mauvaise intelligence de ce proverbe qui cause de l’étonnement ; car la loi voulant que ceux qui battent les autres soient punis, elle s’est expliquée en ces termes, qui tiennent de l’apostrophe ; Le bas-tu paye l’amende. Voyez Coquille, Hist. de Nivernois, p. 274. On dit une fois n’est pas coutume. Il ne faut pas perdre les bonnes coutumes. Acad. Fr.

COUTUMERIE. s. f. terme de Coutumes. Dans les coutumes où ce mot se trouve, il veut dire la même chose que péagerie, c’est-à-dire, la levée des péages, des droits qu’on impose. Vectigalium exactio. Ce mot signifie aussi l’étendue de la Seigneurie dans laquelle un Seigneur perçoit le droit de coutume ou péage.

COUTUMIER, IERE, qui a coutume de faire quelque chose. Solitus, consuetus, de more, ex more. Il est coutumier de s’aller promener tous les matins. Les femmes sont coutumieres d’être galantes. Il est vieux. On dit, il est coutumier du fait ; il n’est pas coutumier du fait ; pour dire, il a coutume, ou n’a pas coutume de faire une telle chose : tout cela n’est bon que dans le style familier.

Coutumier, iere. adj. qui se dit quelquefois de ce qui est ordinaire, accoutumé. Consuetus. Mais il n’est guère en usage qu’au féminin & en Poësie.

La lune est coutumière
De naître tous les mois. Ron.


Corneille a dit dans Polieucte :

Et mes yeux éclairés de plus vives lumières,
Ne trouvent plus en eux leurs grâces coutumières.

COUTUMIER. s. m. signifie le volume où sont contenues les Coutumes d’une Province, ou le recueil de toutes les Coutumes de France, tant générales que locales, c’est-à-dire, des lieux particuliers, comme celles de Gisors, Andely, Caën, Bayeux, Vernon, Langres, &c. Volumen juris moribus constituti. Le grand coutumier de Normandie a été d’abord imprimé & commenté par Guillaume Rouillier d’Alençon en 1539.

On appelle aussi pays coutumier, le pays qui se régit par la coutume, par opposition aux pays de Droit écrit, qui se régit par le Droit Romain, comme le Languedoc, le Lyonnois, &c. Jus non scriptum, jus in more positum. Le Droit commun de la France coutumière doit servir de loi. Patru. Voyez les Institutes coutumières de Loisel.

Coutumier a signifié aussi autrefois les sujets d’un Seigneur féodal non nobles. Ignobilis, plebeïus. Ainsi on a appelé personne coutumière, vilain coutumier, homme, femme & fille coutumière, sujets étagers & coutumiers, ceux qu’on a voulu nommer roturiers : & on appelle bourse coutumière, l’achat que faisoit un roturier d’un héritage noble ou non : amendes coutumières, les amendes taxées par la coutume, ou arbitraires ; & on disoit, partager un héritage coutumièrement, par opposition à un partage qui se faisoit noblement : ce qui est fort fréquent dans les Coutumes de France.

On appelle aussi coutumiers & coutumes, les usagers & les usages de bois, pacages ou panages.

COUTUMIÈREMENT. adv. terme de Coutumes. Cet adverbe, dans les Coutumes d’Anjou & du Maine, marque la nature des biens qui ne sont pas nobles. Coutumierement est opposé à noblement, & marque la différence qu’il y a avec ce qui le partage noblement.

Montagne a employé ce mot pour ordinairement.

☞ COUTURE. s. f. jonction de deux choses attachées ensemble avec du fil, de la soie, ou autre chose, par le moyen d’une aiguille, d’une alêne, &c. Sutura. Quand on veut qu’une chose tienne bien, il faut y faire une double couture. Rabattre la couture, c’est coudre une seconde fois en rabattant les bords d’une chose cousue les uns sur les autres. On appelle des draps sans couture, ceux qui sont faits d’un seul lé de toile qui est fort large. La robe de Notre Seigneur étoit sans couture, & ne put être divisée. Couture à l’Angloise, couture à points par dessus, &c.

Couture se dit aussi de l’art de coudre, & de la délicatesse du travail. Ars suturæ, Ars suendi. On a mis cette fille chez une Mauresse pour apprendre la couture. La couture des gants d’Angleterre est plus propre que celle de France.

Couture est aussi un terme d’Augustin, qui signifie la lieu où l’on fait des habits. Sartoris officina.

Couture signifie aussi la cicatrice, la marque que laissent sur la peau les plaies & les ulcères qui ont été autrefois guéris. Cicatrix. Cette fille a eu la petite vérole, il lui est resté plusieurs coutures sur le visage. Cet Officier a reçu plusieurs blessures à l’armée, on en voit encore les coutures.

Couture, en termes de Charpenterie marine, est la distance qui se trouve entre deux bordages d’un vaisseau, & que l’on a calfatée. Couture ouverte, se dit lorsque l’étouppe qui avoit été mise entre les deux bordages s’est échappée.

Couture, terme de Plombier. Manière d’accommoder le plomb sur les ouvertures. Commissura. Les Plombiers couvrent quelquefois sans souder les tables de plomb, mais seulement avec des coutures, c’est-à-dire, que le plomb est retourné l’un sur l’autre, & attaché avec des clous pour empêcher qu’il ne se rompe par la chaleur, ou par le froid.

Couture se dit aussi de quelques lieux particuliers abusivement, au lieu de culture. La Couture Sainte Catherine à Paris. L’Abbaye de la Couture au Mans. En ce sens, il vient de cultura, qui a signifié un champ cultivé. Voyez Culture.

On dit figurément, qu’une armée a été défaite à plate couture ; pour dire, entièrement & sans ressource. Penitus, ad internecionem.

COUTURERIE. s. f. Ce mot se trouve dans Pomey pour signifier le lieu où les Couturiers travaillent. Sartoris officina. Il est en usage dans quelques maisons religieuses.

COUTURIER. s. m. Tailleur de village, ou celui qui travaille dans les villes, & qui n’est point Maître, mais qui racoute des habits pour des Fripiers, ou de pauvres gens. Sartor, Sarcinator.

Couturier, terme d’Anatomie. C’est le premier des muscles abducteurs de la jambe, ainsi appelé, parce qu’il fait plier la jambe en dedans de la manière que font les couturiers pour travailler : on le nomme autrement le long. Il prend son origine de l’épine supérieure & antérieure de l’os des iles, & va s’insérer obliquement à la partie interne & supérieure du tibia qu’il tire en dedans. Dionis.

COUTURIERE. s. f. femme autorisée à travailler à différens vêtemens en qualité de membre d’une communauté. Couturière en habits, Couturière en corps d’enfant, Couturière en linge, Couturière en garnitures.

COUVAIN. s. m. Le couvain ou couvein, comme l’écrit la Quintinie, est la semence des punaises. Les punaises de jardin laissent leur couvain sur les branches & sous les feuilles des arbres. Ce couvain ne paroît d’abord qu’une poussière sale & roussâtre que les punaises jettent en automne ; mais les chaleurs de l’été suivant le font croître & enfler jusqu’à la grosseur d’une lentille, & pour lors il éclôt & fait