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BUT

en quelque manière & par quelque chose que ce soit.

Comme on voit au printemps la diligente abeille,
Qui du butin des fleurs, va composer son miel.

Boil.

C’est un diminutif du bas allemand bute, qui signifie la même chose.

Butin, se dit aussi des voleurs. On a attrapé ces Bohémiens, & on s’est saisi de tout leur butin.

BUTINER. v. a. absolu. Faire du butin. Prædari, prædam facere. Ce pays est gras, il y aura bien à butiner. Ces troupes ont bien butiné en ce pays là, mais elle n’ont pu profiter de leur butin.

On dit figurément & poëtiquement, que les abeilles vont butiner sur les fleurs.

☞ BUTIREUX, EUSE. adj. Qui est de la nature du beurre. Quod ad butyri naturam accedit. On distingue dans le lait trois sortes de parties : la butireuse, qui est la crasse dont se fait le beurre ; c’est la crême, & ce qu’il y a d’onctueux qui s’éleve au dessus du lait ; la séreuse, qui est le lait clair ; & la caséeuse, qui est la plus crasse & la plus séche, dont on fait le fromage. Voyez ces mots & Lait.

BUTOR. s. m. Gros oiseau, espèce de Héron fainéant & poltron, marqué de taches rousses en forme d’étoiles, d’où vient qu’on l’appelle Ardeola asterias. On l’appelle aussi taurus, ou bos-taurus, à cause que quand il crie le bec plonge dans la boue, il fait un bruit qui imité le meuglement du taureau. C’est de-là qu’est dérivé le nom de Butor. Lorsque le butor approche de quelqu’un, il essaye de lui crever les yeux. Belon. Il y a deux espèces de butor. Le grand butor rougeâtre, & le butor hupé.

Grand Butor rougeatre. Ardea stellaris major. Est un oiseau qui approche fort du naturel du Héron ; mais il n’est ni si bon ni si estimé. Il est toujours sur les bords des étangs, & se cache dans les roseaux & les joncs, ne vivant que de poisson, de grenouilles, & des insectes qu’il y rencontre. Cet oiseau a quantité d’amers aussi-bien que le Héron. Quelques-uns font cas de sa chair ; mais elle sent trop la sauvagine. Son bec est très-dangereux ; il s’en défend parfaitement bien. Pour sa figure, il est de la grandeur d’un Héron ; mais ses jambes sont plus courtes. Il a les plumes rouannes, marquetées de taches brunes par le travers : son cou est long d’un pied & demi, bien environné de plumes pâles, marquées de taches noires ; il en est mieux garni dessus que dessous. Les plumes qui couvrent le dessus de sa tête sont noires. Il a les trous des ouïes larges, & environnés de petites plumes fauves. Son bec est droit, plus petit de beaucoup que celui du Héron, n’étant que de cinq ou six doigts de longueur, d’une couleur entre le cendré & le plombé, & tranchant par les bords, gros comme le doigt & pointu par le bout, creux par dedans avec de petites entaillures. Sa partie d’enbas s’emboîte dans celle de dessus, tellement qu’il semble quasi carré avec des canules par dessus. Il est garni de plumes noirâtres, celles de dessus son bec sont blanchâtres ; ses aîles sont grandes, & contiennent vingt-quatre grosses pennes, & quatre en chaque petit aîleron. Sa queue est courte, & composée de huit pennes à gros tuyaux ; il a les yeux rouges é ovales ; ses paupières sont sans poil ; ses jambes ont environ un pied de long ; elles sont d’une couleur entre le jaune & le plombé ; ses doigts sont grands aussi-bien que ses ongles, qui servent de cure-dents ; les curieux les font quelquefois enchâsser richement, principalement celui de l’ergot. On l’appelle Galereau en Bretagne. Il fait son nid sur le haut des branches des hauts arbres, & le construit de bûchettes. Il fait trois ou quatre œufs. quand il veut faire son cri il fourre son bec dans la bourbe, & fait un bruit que l’on entend d’une demi-lieue, comme si c’étoit le mugissement d’un bœuf. C’est à cause de cela que quelques-uns l’ont appelé Tauraus, c’est-à-dire, Taureau ; ou Bos-Taurus, Bœuf-Taureau ; & c’est de ce dernier nom latin qu’est formé le françois butor.

Butor hupé. Ardea stellaris cirrata. Cet oiseau est de tous côtés d’une même couleur ; savoir roussâtre, moins par le devant, & plus par-dessous. Ses jambes & ses pieds sont bruns ; son bec jaunâtre. Aldrovand dit qu’on en prit un dans les marais de Boulogne en Italie ; il avoit le bec long d’une palme, de couleur de corne, doit & pointu : la mandibule de dessus étoit un peu courbée vers la fin, & plus longue que celle d’en)bas, avec quelque noirceur. Il avoit le sommet de la tête noir. Son cou étoit de couleur de rouille, long de deux palmes. Il étoit noirâtre sur le dos. Il paroissoit encore tout jeune. Sa queue étoit pareillement noire ; le bas de son croupion étoit blanc ; sa queue étoit fort courte ; ses ailes étoient en partie de couleur de rouille, & en partie blanches ; ses jambes étoient longues de neuf pouces. Le cercle qui environne la prunelle de ses yeux étoit jaunâtre.

On dit figurément d’un homme stupide & mal-adroit, que c’est un gros butor ; parce que cet oiseau est sot & paresseux. Stupidus, stolidus, plumbeus, stipes. Peste soit du gros butor. ☞ On dit de même d’une femme, que c’est une butorde. Voyez cette mal-adroite, cette bouvière, cette butorde. Mol. L’expression n’est pas noble.

BUTTE. s. f. Petite terre, lieu un peu élevé par nature ou par art. Tumulus. On a rasé la butte saint Roch pour y bâtir. Ils apperçurent une butte occupée par les ennemis. Ablanc.

Butte, est aussi le jeu des Chevaliers de l’Arquebuse, la maison où tirent les Chevaliers de l’Arquebuse. Et l’on a dit la butte des Archers, la butte des Albalêtriers, la butte des Arquebusiers. Les Rois des buttes, qui étoient la même chose que les Rois des Arbalêtriers ou des Arquebusiers, c’est-à-dire, ceux qui avoient remporté le prix. Les Chefs des buttes. Voyez Le Maire, Hist. d’Orléans, pag. 315.

Butte, se dit particulièrement d’une petite élévation de terre ou de maçonnerie au milieu de laquelle on place le but où l’on tire.

Dans ce sens on appelle poudre de butte, de la poudre à canon fort fine, pour charger les arquebuses de ceux qui tirent au blanc pour les prix. Pulvis notratus tenuissimus, subtilissimus. Leur lice s’appelle aussi la butte.

Ménage dérive ce mot de botta, & botontinus, qui se trouvent chez les Latins en cette signification.

On dit figurément, être en butte à l’envie, à la médisance ; pour dire, être exposé aux traits de l’envie, de la médisance. Expositus ad invidiam, maledicentiam. Dès que l’on est trop sensible, on ne peut plus compter sur son repos, & l’on est en butte à tous ceux qui nous veulent chagriner. Bell. Le bien est en butte à ceux qui ne le font pas. Abb. d. l. Tr.

Cet illustre affligé ne veut pas dans sa chute,
Laisser à tant de maux tant de peuples en butte. Breb.

Butte, en Architecture. Voy. Buttée.

Butte. Terme de Jardinier. Motte de terre qu’on éleve au pied d’un arbre nouvellement planté pour l’affermir, ou dans laquelle on plante l’arbre. Tumulus, tuberculum. Planter des arbres en butte, c’est les planter non pas dans un trou creusé au-dessous de la superficie, mais dans une motte ou élévation de terre que l’on fait exprès au-dessus de la superficie, afin de les y planter. In tumulis conserere, plantare. Cela se pratique à l’égard des petits arbres que l’on plante dans une terre trop humide, ou qui n’est pas encore égalée & mise de niveau avec le reste du terrein. La Quint. Il se dit aussi d’un amas de terre, ou de fumier, dont on couvre une plante, ou une herbe pendant l’hiver, pour la garantir de la gelée. Voyez Butter, Jardinage.

BUTTÉE. s. f. Terme de Maçonnerie. Massif de pierres

dures,