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liaires. Pupillorum tutela, & hereditatis procuratio.

On appelle aussi garde-bourgeoise, la milice des bourgeois qui font garde en quelque partie de leur ville. Civium excubiæ. On appelle caution bourgeoise, une bonne caution, & facile à discuter.

☞ On appelle vin bourgeois, le vin que les Bourgeois de la ville de Paris recueillent de leur crû, & qu’ils ont droit de vendre à pot chez eux. On le dit aussi du vin non frelaté qu’on a dans sa cave par opposition au vin de cabaret. On dit dans le même sens ordinaire, soupe bourgeoise, bonne soupe.

Bourgeois, s. m. Sorte de petite monnoye de billon, qui avoit cours sous le règne de Philippe le Bel. Il y avoit des bourgeois simples, & des bourgeois doubles. Les bourgeois simples étoient les derniers parisis, & les bourgeois doubles, les doubles parisis. Le Blanc. Traité des monnoyes.

BOURGEOIS ne se dit jamais pour Habitant de Bourges. Il faut dire Habitant de Bourges, un homme, une femme de Bourges.

Bourgeoise, s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe d’un rouge vif tirant sur l’orangé, & blanc. Morin. Cult. des Fleurs.

BOURGEOISEMENT, adv. D’une manière bourgeoise. Agrestiùs, simpliciùs, rudiùs. Il vit, il parle, il raisonne bourgeoisement. Sur le midi il dine bourgeoisement, & en famille ; mais bien & avec appétit. Vign. Marv.

☞ BOURGEOISIE, s. f. Jus civitatis. La qualité de Citoyen. Ce mot suppose une ville & une société dont chaque particulier connoît les affaires, & aime le bien, & peut se promettre de parvenir aux premieres dignités. Il faut une demeure de dix ans dans les villes franches pour acquérir le droit de Bourgeoisie & l’exemption de la taille. Le droit de Bourgeoisie à Rome, ou de Citoyen Romain, donnoit de grand avantages : on l’accordoit même à des étrangers. Lacédémorte étoit si jalouse de son droit de Bourgeoisie, qu’Jérodote a observé qu’elle ne l’a accordé qu’à deux personnes. La Guil. Les François perdent le droit de Bourgeoisie françoise, en s’établissant dans les pays étrangers ; mais ils le recouvrent s’ils reviennent en France. Pimont dans le Nouveau Praticien François. Voyez dans l’Hist. de Lyon du P. Menestrier, pag. 448, la maniére dont on doit demander la Bourgeoisie & y être reçu.

Bourgeoisie, se dit aussi en termes collectifs, de tout le corps des Bourgeois. Cives. La Bourgeoisie est en armes, &c. La Bourgeoisie est toujours la copie de la Cour. Scar.

BOURGEON. Prononcez BOURHON. s. m. Le bouton qui pousse aux arbres & aux plantes au printemps. ☞ Œil animé qui produit dans la suite une jeune branche, dans lequel les feuilles sont arrangées & repliées les unes sur les autres. Voyez Bouton. Gemma, oculus. La gelée n’est dangereuse que lorsque les Bourgeons commencent à pousser.

Ce mot vient de burrio, qui a été fait de burra, bourre. Ménage. Les bourgeons ont la même peau, la même parenchyme, les mêmes corps ligneux, les mêmes insertions, & les mêmes moëlles que la tige, c’est-à-dire, les mêmes parties, qui, par le moyen d’un nouveau suc qui y entre continuellement, reçoivent une extension pareille à celle de l’or qui passe par la filière, & qui se déploient à peu près comme les tuyaux d’une lunette d’approche. Les bourgeons sont toujours placés entre la tige ou branche dont ils sortent, & la base des pédicules, ou queue des feuilles.

Bourgeon, se dit aussi de tout le nouveau jet des arbres & des vignes. Germen, furculus. ☞ Les bourgeons s’alongent dans toutes les parties tant qu’ils sont tendres & herbacés. L’alongement diminue à mesure que le bois s’endurcit. Il cesse, quand le bois est tout-à-fait dur. Voyez Arbre, Aubier, Branche.

☞ Dans ce sens on le dit particulièrement des nouveaux scions de la vigne. On défend l’entrée des bêtes dans les bois nouvellement coupés, à cause qu’elles mangent les bourgeons, les jets tendres & nouveaux.

Bourgeon se dit par extension, dans une espèce de sens figuré, des boutons, bubes, elevures qui viennent au visage. Papula. Il a le visage tout couvert de bourgeons. Papulosus. Elle peint de bourgeons son visage guerrier. Boil.

Bourgeon, dans le commerce de lainage. Les bourgeons ou escouailles sont des laines plus fines que le reste, & qui séchappent ou s’allongent par brins en différens endroits. On les arrcahd de dessus la bête avant que de la tondre. On donne ce dernier nom dans le Berri à la laine levée sur les cuisses.

☞ BOURGEONNEMENT. s. m. action de pousser des bourgeons. Gemmatio. Voyez Bourgeon. Je ne trouve ce mot dans aucun Dictionnaire. Pourquoi cela ? L’usage l’a adopté ; & s’il n’étoit pas reçu, il faudroit le recevoir, parce qu’il est nécessaire. On dit bien ébourgeonnement.

BOURGEONNER. v. n. Pousser des bourgeons. Gemmare, gemmas agere. Les arbres bourgeonnent au printemps. On dit figurément de ceux qui ont des élevures, des bubes au front, au nez, au visage, que leur front, leur nez, leur visage commence à bourgeonner.

Bourgeonné, ée, part. & adj. Gemmatus. Qui a des bourgeons au visage. On dit ordinairement que les ivrognes ont des nez bourgeonnés.

BOURG-ÉPINE. C’est un arbrisseau, qu’on appelle autrement Nerprun, ou Noirprun. Rhamnus. Voyez ces mots.

☞ BOURGES. Ancienne & grande ville de France, capitale du Berry, avec un Archevêché. Bituriges, avaricum Biturigum. Elle est située au confluent de l’eure & de l’auron ; c’est l’ancien Avaricum Biturigum, qui, dès le temps de Tarquin l’ancien, étoit le siége de l’Empire des Gaules.

Bourges, fut dans la suite la capitale du Royaume d’Aquitaine, & son Archevêque eut le titre de Patriarche & la primatie sur les Provinces de Narbonne, d’Auch & de Bourdeaux. Voyez les Antiquités de Bourges par Chenu, l’histoire du Berry par la Thaumassière, & les différentes dissertations de M. Cathérinot, sur la ville de Bourges. Voyez aussi le Dictionnaire de la Martiniere.

☞ On ignore l’origine du mot Bourges. Cette ville est à 20°. 3’ 26” de longitude, & à 47° 4’ 58” de latitude. Cassini & Maraldi. La tour de S. Etienne de Bourges est à 19° 55’ 13” de long. & à 45° 4’ 54” de lat. Cassini.

☞ Louis XI nacquit à Bourges en 1423 ; Charles VII y fit son séjoue le plus ordinaire pendant les premières années de son règle. François I qui aimoit les Sciences & les Savans, alla un jour entendre Alciat dans les Ecoles de Bourges.

Mr. Cathérinot, dans son Patriarchat de Bourges, prouve que Bourges est non-seulement une Primatie, mais aussi un Patriarchat ; ses principales raisons sont que Didier, Desiderius, Evêque de Cahors, écrivant à saint Sulpice le Débonnaire, Archevêque de Bourges, qui mourut en 640, le traite de Patriarche ; Cette lettre est dans Du Chesne, Hist. Gall. Script. p. 88 ; Que Théodulphe, Evêque d’Orléans, écrivant à S. Aoust, ou Aigulphe, qui mourut en 842, dit qu’il a par-dessus les autres l’honneur Patriarchal du premier siège, & qu’il a sous lui une troupe de Peres ; que le Pape Nicolas I. écrivant à S. Raoul, aussi Archevêque de Bourges, qui mourut en 869, le nomme Patriarche. Il devoit dire que dans cette lettre à Raoul, le Pape Nicolas déclare que l’Archevêque de Bourges, en vertu de son Patriarchat, n’avoit de juridiction sur l’Eglise de Narbonne pendant la vacance di Siége ; ce qui est non-seulement appeller l’Archevêque de Bourges Patriarche ; mais reconnoître qu’il étoit en possession de ce titre, & qu’il en exerçoit les fonctions. On n’a donc pas raison de dire que Nicolas fut le premier qui donna ce titre à l’Archevêque de Bourges. Cathérinot ajoute, Jean VIII nomme l’Eglise de Bourges Cardinale,