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☞ CHANNTON. (chez les Portugais XANTUNG). Province maritime de la Chine dans la partie septentrionale. Elle contient cinq villes métropolitaines. Cette Province abonde en soie, qu’on trouve sur les arbres & dans les campagnes, & que donnent, non des vers à soie qu’on nourrit dans les maisons, mais des vers qui ressemblent à des chenilles. On la trouve étendue en longs filets blancs sur les buissons & sur les arbrisseaux. Elle n’a pas la finesse de l’autre espèce de soie ; mais elle est d’un meilleur user.

☞ CHANOINE. s. m. Ce mot, dans sa signification la plus étendue, signifie celui qui vit selon la règle particulière du chapitre dont il est membre ; mais dans l’usage ordinaire on entend par Chanoine celui qui possède une Prébende dans une Eglise Cathédrale ou Collégiale, c’est-à-dire, un certain revenu affecté à ceux qui y doivent faire le Service Divin. Canonicus. Les Chanoines de Notre-Dame, de la Sainte-Chapelle, de sainte Opportune. Les Chanoines des Eglises Cathédrales ont quelque prééminence sur les autres. Ils sont obligés (en quelques lieux) à se faire Prêtres lorsqu’ils ont atteint l’âge requis ; autrement ils peuvent être privés des distributions quotidiennes. Selon Falquier, on ne connoissoit point le nom de Chanoine avant Charlemagne : du moins la plus ancienne origine des Chanoines, se trouve dans Grégoire de Tours, qui dit que Baudin, seizième Archevêque de cette ville, en institua le premier un Collège dans son Eglise du temps du Roi Clotaire I. Car les Chanoines n’étoient autrefois que des Prêtres ou autres Ecclésiastiques inférieurs, qui vivoient en commun, & qui résidoient auprès de l’Eglise Cathédrale, pour aider à l’Evêque à la desservir. Ils dépendoient de sa volonté en toutes choses. Ils étoient nourris du revenu de l’Evêché, & demeuroient sous le même toît, comme étant la vraie famille, ou même le Conseil & le Sénat de l’Evêque. Ils furent même héritiers de ses meubles jusqu’en l’an 816, que cela leur fut défendu par un Concile tenu à Aix-la-Chapelle, sous Louis le Débonnaire. Ce Concile fit beaucoup de Règlemens à leur égard. Insensiblement ces Communautés de Clercs formèrent un corps à part, dont l’Evêque étoit pourtant le chef. Il arriva même au Xe siècle que dans les villes où il n’y avoit point d’Evêque, l’on établit de pareilles Communautés ou Congrégations. On les appela Collegiales, parce qu’on se servoit, indifféremment du mot de Congrégation ou de Collége ; celui de Chapitre qu’on donne à leur corps, est le plus nouveau. La vie commune fut établie dans toutes les Cathédrales sous la IIe Race, & chaque Cathédrale avoit un Chapitre distingué du reste du Clergé, avec des Supérieurs particuliers. Mais ils n’étoient pas destinés à une vie aussi peu active que celle qu’ils mènent aujourd’hui. On les appela Chanoines, non-seulement à cause de la pension qui leur étoit alors assignée, qu’on appeloit Canon, ce qu’en vieux françois on appeloit aussi Provende, & en latin Præbenda, d’où vient que quelques-uns les ont appelés Sportulates Fratres ; mais aussi parce qu’on leur donna des règles & institutions canoniques, selon lesquelles ils étoient obligés de vivre. Ainsi Yves de Chartres dit qu’on les appela Chanoines, eò quod canonicas regulas arctiùs observare tenebantur. M. de Marca, en son Histoire de Bearn, dit qu’ils ont été ainsi nommés, quòd in canonem, seu matriculam Ecclesiæ relati essent. Dans la suite les Chanoines s’affranchirent de leur règle ; l’observance se relâcha, & la vie commune ayant cessé, les Chanoines ne laissèrent pas de faire corps. Ils prétendirent n’avoir d’autres fonctions que la célébration de l’Office, & cependant ils s’attribuèrent les droits de tout le Clergé ; d’être le Conseil nécessaire de l’Evêque ; de gouverner pendant la vacance du siège, & de faire seuls l’élection. Il y a même des Chapitres qui se sont soustraits de la Juridiction de l’Evêque, & qui ne reconnoissent que le Pape au-dessus de leur Doyen. A l’exemple des Cathedrales, les Chapitres des Collégiales ont continué à faire corps, après avoir abandonné la vie commune. Autrefois le Pape faisoit des Chanoines sans prébende, sub expectatione præbendæ, pour s’assurer de la première prébende vacante.

Du latin Canonicus, nous avons fait premièrement Canoine, comme l’on prononce encore en Picardie, & ensuite Chanoine. Ménage. Et Canonicus vient du grec Κανών ; car tous généralement tirent ce nom de là ; mais ce mot signifie trois choses. 1o. Régle. 2o. Une certaine pension, une assignation de quelque revenu fixe pour vivre. 3o. Catalogue, matricule. Les uns donc prétendent que les Chanoines ont été nommés Canonici, à cause de la règle qu’ils doivent suivre, de la vie régulière qu’ils devoient mener ; d’autres disent que c’est à cause de la pension qui leur étoit assignée ; d’autres prétendent que le nom de Chanoines ou Canoniques, se donnoit au commencement à tous les Clercs ; soit parce qu’ils étoient écrits dans le Canon ou Catalogue de l’Eglise, soit parce qu’ils vivoient selon les Canons ; mais depuis on le prit particulièrement pour ceux qui vivoient en commun, à l’exemple du Clergé de S. Augustin, & avant lui de saint Eusèbe de Verceil. Voyez l’Hist. des Ord. Ecclésiastiques, part. II, ch. 2, p. 15.

Il y a encore différentes espèces de Chanoines. Les Chanoines Cardinaux sont des Chanoines attachés, &, comme on dit en latin, incardinati, à une Eglise, de même que les Prêtres l’étoient à une Paroisse. Léon IX en créa l’an 1051 à S. Etienne de Besançon, & Alexandre III dans l’Eglise de Cologne. Il y en a eu encore à Magdebourg, à Compostelle, à Bénévent, à Aquilée, à Ravenne, à Milan, à Pise, à Naples & ailleurs. Les Chanoines damoiseaux, Canonici domicillares étoient autrefois les jeunes Chanoines, qui n’étant point encore dans les Ordres, n’avoient point droit de Chapitre. Les Chanoines expectans étoient ceux qui, en attendant une prébende, avoient le titre & la dignité de Chanoines, voix en Chapitre, & une forme ou place au Chœur. Chanoines forains, forenses, sont ceux qui ne desservent pas la Chanoinie dont ils sont pourvus, mais la font desservir par un Vicaire. Chanoines honoraires, sont les mêmes que les Laïques. Chanoines Mansionnaires, sont opposés aux forains. Voyez Mansionnaire. Il est parlé dans un Ordinaire manuscrit de l’Eglise de Rouen, de Chanoines de treize marcs. Peut-être étoit-ce le revenu annuel de leurs canonicats. Il y avoit dans l’Eglise de Londres des Chanoines mineurs ou petits Chanoines, qui faisoient les fonctions des grands Chanoines. Il y a à Luques des Chanoines mîtrés, qui par un privilège qui leur a été donné par plusieurs Papes, & confirmé par Grégoire IX, portent une mître. Les Chanoines de la pauvreté, Canonici paupertatis. Il en est fait mention dans l’Histoire d’Anneci, d’Odon Gelleius, Liv. I, c. 24. Chanoines Résidens, Residentes, sont les mêmes que les Mansionnaires. Il y a eu aussi des Chanoines qu’on appeloit Canonici ad succurrendum. C’étoient des gens qui se faisoient Chanoines à l’article de la mort, pour participer aux prières du Chapitre. Les Chanoines Tertiaires, Tertiarii, étoient ceux qui ne touchoient que la troisième partie des fruits d’un canonicat.

Chanoines ad effectum. Voyez Canonicat.

Chanoine d’Honneur. Canonicus Honorarius. On donne ce titre à ceux qui ont été Chanoines, & qui se sont démis de leur canonicat. On le donne encore à des personnes notables, lesquelles, sans être réellement Chanoines, jouissent de tous les droits des Chanoines, & ont place parmi eux.

Charlemagne ordonne dans les Capitulaires, que ceux qui se feroient Clercs, seroient obligés de vivre canoniquement, & selon la règle qui leur avoit été prescrite, obéissant à leur Evêque, comme les Moines obéissent à leur Abbé. Qui ad Clericatum accedunt, quod nos vocamus Canonicam vitam, volumus ut illi canonicè secundùm regulam suam omni-