noinesses, qu’au neuvième siècle. Le Concile d’Aix-la-Chapelle fit en 816 des réglemens pour des filles qui n’étoient pas soumises à la desappropriation, & que le P. Thomassin croit avoir été ces Chanoinesses que le Cardinal de Vitry dit être tombées en décadence. Sur quoi le P. Thomassin dit que si ces Chanoinesses eussent été de quelque institut régulier, ce Cardinal n’eût pas manqué cette circonstance. Mais ce n’est pas-là une preuve qu’elles fussent séculières, comme elles le sont aujourd’hui ; & les réglemens du Concile sont tels, qu’ils ne conviennent point à des séculiers. En 1549 le second Concile de Cologne fit aussi des réglemens pour elles. Boniface VIII en avoit aussi fait, mais en déclarant qu’il n’approuvoit point par-là leur institut. Clément V déclara la même chose, en les soumettant à la visite des Evêques, si elles ne sont pas exemtes. Honorius IV ayant appris que ces Chanoinesses séculières avoient été autrefois établies à Andennes par Guy, Comte de Flandre, à condition qu’on y feroit des preuves de noblesse, & que sept personnes nobles l’assureroient avec serment, il cassa ce Statut, comme donnant occasion à une infinité de parjures. Il paroît néanmoins par un titre qu’Aubert le Mire a donné, que ce fut Philippe, Marquis de Namur, qui, l’an 1207, ordonna qu’à l’avenir on ne recevroit à Andennes que des Chanoinesses nobles, & qui auront fait preuve de leur noblesse. P. Hélyot, Tom. VI, c. 50.
Les Chapitres des Chanoinesses sont ceux de Remireront, d’Epinal, de Poussay, de Bouxieres en Lorraine, de Saint-Pierre & de Sainte-Marie à Metz, de Cologne, de Lindaw ; de Buohaw en Allemagne, d’Odermunster, de Nidermunster à Ratisbonne, d’Essen, d’Andlaw, de Hombourg, de Saint-Etienne à Strasbourg, de Nivelle, de Mons, de Maubeuge, de Denain, d’Andennes, de Munster-Bellise aux Pays-Bas, de Gendersheim, de Quedlimbourg, de Herford & de Gerenrode en Allemagne. Ces quatre derniers Chapitres de Chanoinesses sont Protestans. Voyez le sixième tome du P. Hélyot, ch. 51, 55.
CHANOINIE. s. f. Titre du Bénéfice de celui qui est Chanoine. Canonici munus, dignitas. On l’appelle ordinairement Canonicat. On distingue la Chanoinie d’avec la Prébende : la Prébende peut subsister sans le Canonicat ; au lieu que la Chanoinie est inséparable de la Prébende, excepté les Chanoinies ou Canonicats honoraires. C’est à la Chanoinie & non pas à la Prébende, que le droit de suffrage & les autres droits sont annexés. Permuter une Chanoinie. Cette Chanoinie est vacante en Régale. Le terme de Canonicat est plus en usage.
Ce mot vient de canonia, qui se trouve en quelques Auteurs Latins, pour signifier la même chose.
☞ CHANONRY. Ville de l’Etoile méridionale, au Comté de Ross, près du Golfe de Murray.
CHANSIR. Voyez Chancir.
CHANSISSURE. Voyez Chancissure.
CHANSON. s. f. Petite pièce de vers aisés, simples & naturels, qu’on met en air pour les chanter, & dont chaque stance s’appelle un couplet. Cantilena, canticum, cantio. C’est proprement une composition de musique où il n’y a que le dessus qui parle, qu’on appelle le sujet ; ou tout ce qu’on met en chant. Le refrain d’une Chanson, c’est la partie qui se répète à la fin de chaque couplet. Pars cantilenæ intercalaria. Nous avons une prodigieuse quantité de chansons toutes pleines de feu & d’esprit ; & si Anacréon les avoit sues, il les auroit plutôt chantées que les siennes. Fonten. Il faut même en chansons, de l’esprit & de l’art. Boil.
La chanson ressemble assez au madrigal ; elle a ordinairement pour objet l’amour ou le vin, si l’on en croit M. le Brun, qui prétend que la chanson n’est aujourd’hui qu’une pensée tendre ou bachique exprimée en peu de mots. C’est la renfermer en des bornes trop étroites ; on en fait de dévotes, qui sont très-belles ; il y en a qui contiennent des éloges ; il y en a sur-tout un grand nombre de satyriques. Quelle que soit la chanson, ses vers doivent être aisés, coulans, naturels, & avoir une certaine harmonie qui ne choque ni les oreilles, ni la raison, & qui marie agréablement la Poësie avec la Musique. On ne conservoit autrefois la mémoire des belles choses & de l’antiquité, que dans des chansons. Il y a encore dans le Nord & en Amérique des peuples qui conservent dans des chansons leur ancienne histoire.
Le mot chanson vient de l’italien canzone, qui veut dire la même chose, ou de cianzone, qui approche encore plus, par la manière dont on le prononce, du mot de chanson.
On appelle chansons spirituelles, celles qui se sont sur des matières pieuses. Pia cantica. Chansons à boire, ou chansons bacchiques, celles qui se font pour se réjouir à table, & se provoquer à boire. Bacchica cantilena. Chansons à danser, celles qu’on chante quand plusieurs personnes dansent en rond. Cantilena saltatoria. Vaudevilles, ou chansons du Pont-neuf, les chansons communes qui se chantent parmi le peuple avec une grande facilité, & sans art. Trivialis cantilena. Les vieux Musiciens ont divisé les chansons en trois genres. L’un est le vaudeville, ou la simple chanson ; l’autre est le motet ou la fantaisie ; & le troisième comprend tous les airs propres aux danses. Les faiseurs de chansons injurieuses sont punis comme les Auteurs des libelles diffamatoires.
On appelle poëtiquement chansons ; toutes sortes de poësie : & en parlant des Muses, on dit les doctes chansons de vos nourrissons ; pour dire, les ouvrages des Poëtes. Carmina, cantica.
Chanson, se dit figurément de toutes sortes de vains propos, des raisons frivoles, des propositions qui n’ont point d’effet. Cantilena. Je ne me paye point en chansons. Tout ce que vous me dites n’a rien de solide ; ce sont des chansons.
Un Amant de son pere écoute les leçons,
Et court chez sa maîtresse oublier ces chansons. Boil.
On le dit aussi de ce qu’on répète plusieurs fois. Eandem cantilenam canere, eandem obgannire. Cet Auteur ne dit rien de nouveau, c’est toujours la même chanson. Il n’a qu’une chanson, il ne sait qu’une chanson.
On dit proverbialement qu’un homme qui recommence toujours à dire, ou à faire la même chose, que c’est la chanson du ricochet, dont on ne voit point la fin. On dit aussi, il n’aura qu’un double, il ne fait qu’une chanson. Expressions populaires.
On dit, voilà bien une autre chanson, pour dire voilà une nouvelle chose, toute différente de la première, & à quoi on ne s’attendoit pas. Les mots font les chansons ; pour dire, qu’il faut s’en tenir à ce qu’on a dit ou écrit, ou pour exciter quelqu’un à s’expliquer.
CHANSONNER. v. a. Faire des chansons contre quelqu’un. Ce Poëte se mit en tête de chansonner tous ceux qu’il crut n’avoir pas pris son parti avec assez de chaleur… Anti-Rousseau.
Le lendemain, sans trop savoir comment,
Dans tout Paris on lui donne un amant.
Roy la chansonne, & son nom par la ville
Court ajusté sur l’air d’un Vaudeville. Voltaire.
Pauvre innocent ! tu ne les voyois pas
Te chansonner au sortir d’un repas…
Et se disoient : Oh ! qu’il chansonne bien !
Seroit-ce point Apollon Delphien ? R.
Chansonné, ée. part. Il a été bien chansonné. Cette femme a été chansonnée.