Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/598

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
590
CIG

toute la fleur pose ; ce calice soûtient deux rangs de pétales blanchâtres, & un peu lavés de pourpre, & qui sont étroitement unis avec ce calice par leur base ; ses étamines étoient en grand nombre. Cette fleur passe fort vîte, & étant épanouie, elle a plus de cinq pouces de diamètre. Du Tertre parle des cierges épineux des Iles d’Amérique. Le P. Plumier a rangé sous les Melocactus plusieurs espèces de cierges qui s’y trouvent. Ces plantes sont pleines de suc, & servent aux animaux pour désaltérer leur soif.

CIERGE, en conchiliologie. Nom d’un coquillage de mer, qu’on appelle autrement Onyx. Cereus, concha, Onyx. Le cierge ou onyx est une espèce bien rare. Gersaint. Un grand cierge ou onyx des plus blancs. Cette coquille est difficile à trouver. Id.

CIERGER une étoffe. C’est mettre de la cire liquide aux endroits par où elle a été coupée, de peur qu’elle ne s’effile. On dit plus communément bougier, à cause que cela se fait avec une petite bougie allumée. Voyez ce mot.

CIERGIER. s. m. Marchand qui vend des cierges, ou l’Ouvrier qui les fait. Cereorum Opifex. À Paris on l’appelle plutôt Marchand Cirier.

CIERVE. s. f. Vieux mot qui a été dit autrefois pour Biche. On disoit cierve au lieu de cerve, comme cévron pour chevron, & cerve étoit la femelle du cerf.

Ce mot s’étoit formé du latin cerva, biche.

CIEZ. s. m. Vieux mot. Cheveux.

CIG.

CIGALE. s. f. Insecte qui vole & fait en été dans la campagne un bruit aigre & importun que l’on prend mal-à-propos pour une sorte de chant. Cicada. Il y a deux espèces de cigale, dont les premières ne chantent point, qui sont les moindres, qui meurent les dernières, & qui ont le corps tout d’une venue, ce sont les femelles. Les secondes sont celles qui chantent, qui viennent les dernières, & qui meurent les premières : ce sont les mâles. Celles-ci ont le corps presque coupé par le milieu. Elles font leurs petits dans les terres qui se reposent, & sont en grande abondance quand la saison est pluvieuse. Elles ne viennent point dans les lieux où il n’y a point d’arbres ; mais elles haïssent pourtant les forêts froides & ombrageuses. D’abord elles naissent comme un petit ver en terre, d’où sont faites les meres cigales, qui sont bonnes à manger avant qu’elles sortent de la coquille dont elles sont environnées. Les Orientaux en vivent. Les cigales seules n’ont point de bouche ; mais au lieu de bouche, elles ont à l’estomac une pointe semblable à une langue, qui leur sert à lécher la rosée. Elles ont l’estomac creux comme un tuyau, qui leur sert à former leur chant. Dioscoride dit que les cigales roties & mangées sont bonnes pour les douleurs de la vessie ; & Galien ajoute que quelques-uns ordonnent trois, ou cinq, ou sept cigales sèches, avec pareil nombre de grains de poivre, contre la colique, & qu’il faut prendre par intervalle & au fort de la maladie. D’autres se servent de leur cendre pour faire uriner, & rompre la pierre.

Les cigales sont des mouches à quatre aîles. Elles sont réellement gastrimythes ou ventriloques. L’instrument qui exécute leur prétendu chant, est une espèce de tambour ou de tymbale qui se trouve sous le ventre. Le chant n’appartient qu’aux mâles, ains que chez les oiseaux. Voyez-en la méchanique, dans l’Hist. de l’Académie des Sciences, 1740, page 8.

Ménage dérive ce mot françois du mot latin cicada. Charleton le dérive de citò, & cado, parce que les cigales tombent & disparoissent bientôt, ou de Κιου (Kiou), αδων (adôn) comme si on disoit l’insecte qui chante, Κιου (Kiou), kit, ou qui fait Κιου (Kiou) en chantant.

Le chant des cigales est fort importun.

La cigale ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue,
Quand la bise fut venue. La Font.

La cigale étoit dédiée à Apollon, comme au Dieu de la voix & du chant. Il ne semble pourtant pas que ce fût pour la beauté de son chant, car on appeloit un mauvais Poëte une cigale ; mais c’étoit parce qu’elle a beaucoup de voix, qu’elle chante continuellement. Voyez sur les cigales Vossius, de Idol. L. IV, c. 67, 85.

Une cigale, avec ce mot de Virgile, Sole sib ardenti, Ec. II, 13, ou avec ce vers de Petrarque,

Infin al’ hora estrema,

Est la devise d’un travail infatigable & d’une persévérance constante.

Cigale de rivière. Cicada fluvialis. Petite mouche qui a six piés, qu’on voit sur l’eau, qui ne diffère de la cigale de terre, que parce qu’elle a la tête plus avancée.

Cigale de mer. Cicada marina. Poisson crustacé, ressemblant à la langouste, mais plus petit. Elle a une queue comme l’écrevisse ; & sa chair a le même goût que l’écrevisse de mer. Elle rougit en cuisant.

☞ On appelle cigale aux Îles Antilles les bouts de tabac que l’on fume sans pipe. Ce sont des rouleaux de tabac de la grosseur du petit doigt, dont on allume un bout pendant qu’on tient l’autre dans la bouche. Les Espagnols le nomment cigarros. Le tabac dont on les fait, se cultive principalement dans l’Île de Cuba.

CIGNE. Voyez Cygne.

CIGOGNAT. Voyez Cicognat.

CIGOGNE. Voyez Cicogne pour l’explication, & écrivez Cigogne.

CIGUË. s. f. Cicuta. Il faut dans ce mot un ë tréma, pour différencier la dernière syllabe de celle du mot fatigue. On doit observer la même ortographe dans le mot ambiguë, &c.

La ciguë est une plante ombellifère, qu’on range parmi les plantes venimeuses. On distingue la ciguë en deux espèces ; savoir, la grande & la petite. La ciguë simplement dite, ou la grande ciguë, cicuta major, a sa racine pareille à celle du panais, jaunâtre en dehors, blanchâtre en dedans, douceâtre au goût, & d’une odeur forte. Les feuilles qu’elle pousse sont découpées en plusieurs segmens, branchues comme celles du myrrhis, d’une odeur vireuse, âcre, d’un vert obscur. Sa tige s’éleve de quatre à cinq pié : elle est creuse, lisse, noueuse, branchue, garnie par intervalles de feuilles finement incisées, plus petites, à mesure qu’elles s’éloignent du bas de la plante. Cette tige & ses branches portent des ombelles de fleurs à cinq petites pétales blanchâtres, inégaux, disposés en fleurs de lis de France. À ces fleurs succèdent des semences aussi menues que celles de l’anis, arrondies, cannelées sur leur dos, & d’un vert-brun. Cette ciguë vient dans les endroits un peu humides, à l’ombre, près des masures, & le long des chemins. On a tant d’exemples fâcheux des mauvais effets de cette plante, qu’on ne sauroit en approuver l’usage interne. Il y a cependant des personnes qui la vantent comme un puissant sudorifique. On doit se contenter de l’appliquer extérieurement, pour résoudre les humeurs loupeuses, pour fondre les duretés de la rate, & du foie. Cette plante est la base de l’emplâtre qui porte son nom. Elle a été regardée par plusieurs Médecins comme un poison froid ; d’autres cependant, sur tout les modernes, la mettent au nombre des dissolvans & des poisons chauds. Les principales raisons qu’ils en apportent, comme on le voit dans Wepser, sont qu’elle pique la langue avec beaucoup d’acrimo-