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citron. Le citron est très-bon contre les poisons. Athénée rapporte que deux Criminels ayant été condamnés à être exposés aux serpens, comme on les menoit au supplice, une Cabaretière leur donna, par pitié, un citron qu’elle tenoit en sa main, & qu’elle mangeoit. Ces Criminels le mangèrent. Un peu après étant exposés aux plus dangereux & aux plus gros aspics, & mordus rudement, ils n’en furent pourtant pas incommodés. Le Juge fort étonné demanda aux Soldats qui les avoient en garde, s’ils avoient bu ou mangé quelque chose. Ayant sçû qu’on leur avoit donné par hazard un citron, il commanda que le lendemain on en donnât encore à manger à l’un d’eux seulement. Celui qui n’en mangea point, mourut incontinent ; & celui qui en avoit mangé, ne sentit aucun mal. Les Grecs les appellent κεδρόμηλα (kedromêla).

Citron se prend aussi pour la couleur du citron. Ce taffetas est citron, de couleur de citron. Citrinus : la même chose que citrin.

Citron. (herbe de) Nom que l’on donne à la mélisse, à cause de son odeur de citron.

Citron. s. m. Espèce de poire qui ressemble assez au citron par sa figure & par sa couleur. La chair en est dure, pierreuse, & pleine de marc. Son eau est abondante & musquée. Elle se mange en Janvier & Février.

CITRONNAT. s. m. Confiture faite de peau de citron coupé en filets longs & menus, & qu’on assemble pour en faire comme un rocher. Malum citræum sectile saccharo confitum. On fait pareille chose de l’Orange, & on l’appelle Orangeade.

Citronnat est aussi une espèce de dragée, dans laquelle on enferme un morceau d’écorce de citron. Mali citræo particulæ aurato saccharo circumtectæ.

CITRONNÉ, ÉE. adj. Liqueur, ou ragoût, où l’on a mis du jus de citron. Liquor citrinus, jus citrinum. La gelée, pour être bonne, doit être citronnée. On a ordonné à ce malade de la tisanne citronnée.

CITRONNELLE. s. f. Herbe fine & odoriférante que l’on appelle encore autrement Mélisse. Les herbes fines & odoriférantes des salades, outre les autres fournitures, sont l’estragon, le baume ordinaire, le baume citronné, la civette d’Angleterre ou appétit, le coq, l’anis, le fenouil, la petite mélisse, ou citronnelle. Spect. de la Nature. Voyez Mélisse, le Basilic & la Roquette.

Citronnelle. s. f. Liqueur appelée autrement Eau des Barbades. Citronella. La citronnelle se fait avec des écorces extérieures de citron bien mûres & séchées au soleil. On les met dans une grande cucurbite de verre ; on verse dessus une quantité proportionnée de bonne eau-de-vie de Coignac. On adapte à la cucurbite son chapiteau, & à son bec un récipient, le tout bien lutté. Après avoir laissé les matières en infusion froide pendant un mois, on distille l’eau-de-vie à petit feu, & au bain-Marie. On met à part la moitié de cette distillation, qui sera la liqueur la plus forte ; & ayant fait infuser dans l’autre moitié, qui sera la plus foible, la chair des citrons, on la distille de même cinq à six jours après. Cette seconde eau servira à adoucir la première qu’on avoit mise à part. On dissoudra ensuite dans ce mêlange la quantité de beau sucre qu’on jugera à propos selon son goût. Pour rendre la citronnelle plus agréable, on peut y ajouter ou de l’eau de fleur d’orange, mais en telle quantité, que le goût de citron domine toujours, ou des fleurs de chadec. Hist. nat. du cacao & du sucre.

CITRONNIER. s. m. Citrus. Arbre qui ne diffère de l’oranger que par son fruit & par ses feuilles. La racine du citronnier est branchue, ligneuse, dure comme le buis, & à peu près de la même couleur. Son tronc, qui est d’une moyenne hauteur & grosseur, s’élève comme les orangers, & donne des branches couvertes d’une écorce verdâtre, garnies de feuilles alternes, plus pointues que celles du laurier, & d’un vert-gai, d’une odeur aromatique, & approchante un peu de l’odeur aromatique, & approchante un peu de l’odeur de leur fruit vert, sans talon à leur base, ce qui les distingue dabord de l’oranger, & accompagnée à leur naissance d’un piquant verdâtre assez roide. Ses fleurs naissent vers les extrémités des branches ; elles sont plus grandes que celles de l’oranger, ramassées plusieurs ensemble par petits bouquets : chacune de ces fleurs est composée ordinairement de cinq pétales longs, étroits, charnus, blancs en dedans, purpurins en dehors, de bonne odeur, soûtenues par un calice, au milieu duquel est placé le pistil, qui est entouré de plusieurs étamines blanches à sommets jaunes : il devient, après que la fleur est passée, un fruit oblong, garni d’une chair épaisse & douce, & dont l’écorce extérieure est d’un jaune doré, âcre, amère & très-aromatique. Il est divisé extérieurement en plusieurs cellules remplies d’une substance vésiculeuse, pleine d’un suc doux dans quelques espèces, aigre dans celle qu’on emploie en Médecine. Citreum vulgare, Inst. R. herb. Malus medica, C. B. Pin.. Les semences qui se trouvent renfermées dans ces cellules, sont semblables à celles de l’oranger ; lorsqu’elles sont dépouillées de leur écorce, elles sont purgatives, & entrent dans des tablettes, qu’on nomme Tablettes de citron, tabellæ de citro. On confit la fleur de citronnier ; elle est bonne pour les estomachs délicats : l’écorce sèche du citron est recommandée dans les poudres digestives. La chair confite du citron aigre entre dans des compositions stomachiques.

On distingue le citron d’avec le limon par la grosseur du fruit & l’épaisseur de sa chair : le limon est ordinairement plus petit, plus arrondi, & a une chair mince ; d’ailleurs il est plus pâle, & a moins d’odeur que le citron. Le cédrat est une espèce de citron dont on tire une essence très-agréable. Le citron de Madère est un petit citron vert, gros comme une noix muscade ; on nous l’envoie tout confit de nos Îles d’Amérique, où il est à présent fort commun. Palladius fut le premier qui peupla l’Italie de citronniers, qu’il avoit apportés de Médie ; on en apporta ensuite d’Assyrie, d’où vient le nom de Malus Medica, ou Malus Assyria. Ferrarius, Jésuite, a écrit un Traité de la Culture des Orangers, intitulé Ferrarii Hesperides.

CITROUILLE. s. f. Est le nom qu’on donne dans l’usage ordinaire à une sorte de plante cucurbitacée, appelée en latin Pepo, que les Traducteurs ont nommé Pepon ou Pompon. Cette plante jette plusieurs tiges longues, rampantes, couchées sur terre, & qui grimpent sur les corps voisins auxquels elles se lient fortement par le moyen de quelques vrilles. La grosseur de ces tiges n’excède guère celle du pouce ; elles sont aussi pour l’ordinaire, creuses, rudes au toucher & pleines de suc. Les feuilles qu’elles poussent, sont alternes, fort grandes, arrondies & portées par des queues longues, rudes comme les tiges, & pareillement pleines de suc & creuses. Ses fleurs sont grandes, jaunes, en forme de cloche évasée, & échancrées en cinq parties. Elles sont stériles ou fertiles : celles-ci portent un fruit qui sert comme de pédicule ou de calice à la fleur, qui étant mûr, est composé d’une écorce extérieure qui est comme ligneuse, & d’une chair. Il est divisé intérieurement en trois loges, qui renferment chacune deux rangs de semences de la grandeur, figure & grosseur d’une amande, & comme bordées d’une manière d’anneau. Ce fruit varie beaucoup ; il est tantôt long, tantôt rond, tantôt lisse, tantôt raboteux & couvert de verrues, tantôt jaunâtre, tantôt couleur de chair & tantôt blanchâtre. Il y en a de si prodigieux, qu’un ou deux font la charge d’un homme. Lorsque la citrouille est bien mûre, elle est creuse dans son milieu, & on en mange une partie de l’hiver dans les potages. On la rotit, on la frit on l’assai-