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lontaire, soit dans une adjudication par décret, déclare qu’il achete pour lui ou pour un ami élu ou à élire, & qu’il nommera dans la suite.

Command signifie aussi dans quelques coutumes la signification que font les sergens de l’Ordonnance de Justice.

COMMANDANT, s. m. Celui qui commande dans une place, dans un corps, une compagnie de gens de guerre. Præfectus, qui præest. Le Lieutenant en l’absence du Capitaine, du Gouverneur, est le Commandant. Quand des soldats font du désordre, il faut s’en plaindre au Commandant. Quand une place est surprise, on s’en prend au Commandant, à celui qui est le premier dans la place.

On appelle communément Commandant, le Lieutenant de Roi des places de guerre, parce que c’est lui qui commande en l’absence du Gouverneur. Commandant se dit plus particulièrement d’un Officier qui a commission pour commander dans une province ou dans une place, comme feroit le Gouverneur lui-même. Le Roy envoye des Commandans, lorsque les Gouverneurs sont trop jeunes, ou malades, ou absens, &c. Depuis quelques années le Roi, au lieu de donner aux enfans de ceux qui sont Gouverneurs des survivances, donne à quelqu’un de leurs enfans les provisions de Gouverneur, & au pere une commission de Commandant sa vie durant, avec pouvoir de recevoir les appointemens, & de rentrer dans le Gouvernement si le fils vient à mourir.

Commandant en Chef, est celui qui ne dépend que du Roi, qui ne prend les ordre que de la Cour, qui n’a personne au dessus de lui dans le lieu où il commande, du moins en ce qui regarde le commandement.

☞ On l’employe quelquefois adjectivement. Les Officiers commandans de la ville, de la citadelle.

COMMANDATAIRE. Voyez COMMENDATAIRE.

☞ COMMANDE. Vieux mot. Commandement, ordre, jussion.

☞ COMMANDE. s. f. Terme usité dans le discours ordinaire dans cette façon proverbiale, de commande. Ouvrage de commande, chapeau, souliers de commande, que l’ouvrier fait exprès pour celui qui lui en a donné l’ordre. Des vers de commande.

Ce mot signifie encore une chose qui est toute prête & préparée pour servir au besoin ; ou une chose feinte & supposée pour servir de prétexte ou pour s’excuser. Cet homme a toujours cinq ou six histoires de commande quand il entre dans une compagnie. Cet officier a toutes les campagnes une maladie de commande, qui l’oblige à aller prendre les eaux. Il s’endormit de commande à la lecture de quelques chapitres de l’Ecriture sainte. Fléchier.

Commande ou Commende, en quelques Coutumes, signifie la taille qui est dûe par des personnes de condition servile.

Commande, veut dire aussi dans les Coutumes, dépôt. Prendre quelque chose en charge & commande.

Commande de bestiaux. Terme de Coutumes. C’est un contrat par lequel on donne à un Berger ou Laboureur, un troupeau de bétail pour en avoir soin, à charge de le nourrir, & d’en jouir pendant un certain temps, après lequel on doit représenter le troupeau, pour partager le surplus, ou le croît entre le maître & lui.

Commande (droit de), terme de Coutumes. C’est un droit que le Seigneur prend tous les ans sur les veuves de condition servile durant leur viduité, pour reconnoissance de son droit de servitude. Il y a des lieux où le droit de commande est un droit qui se lève sur les femmes de condition servile mariées à d’autres qu’à ceux de la condition & servitude du Seigneur.

On appelle, en terme de Négoce, commandes, les procurations ou commissions d’acheter ou négocier pour autrui. Commissa rei gerendæ potestas, auctoritas. Il en est parlé dans les Coutumes d’Amiens.

COMMANDE. Terme d’Eglise. Voyez Commende.

Commandes, en termes de Marine, sont de petites cordes que les garçons du navire portent toujours à la ceinture pour servir au besoin. Funiculi. On les appelle autrement rabans. Commande est aussi un cri de l’équipage pour répondre au maître qui a appelé de la voix ou du sifflet pour quelque commandement qu’il veut faire.

☞ COMMANDEMENT. s. m. On prononce Comandement. Action de celui qui commande. Imperii exercitium. Il a le ton absolu dans le commandement. Il a le commandement dur.

Commandement se dit aussi de la chose commandée. Imperium, jussum. Ce mot, dans ce sens, a beaucoup d’analogie avec le mot ordre ; mais il exprime avec plus de force l’exercice de l’autorité. L’Abbé Girard. Il faut observer les commandemens de Dieu & de l’Eglise. Il faut exécuter les commandemens du Roi, obéir aux commandemens de justice & des Gouverneurs. Voyez Ordre, Précepte, Injonction, Jussion.

☞ On appelle Secrétaires des commandemens les quatre Secrétaires d’Etat. Regis Scribæ. On dit qu’un Arrêt, qu’une Patente est signée en commandement, quand c’est par un ordre exprès du Roi, qu’un Secrétaire d’Etat les signe. Les Secrétaires de la Reine, de Monseigneur le Dauphin, des Princes du Sang portent aussi le titre de Secrétaires des Commandemens.

Commandement se dit aussi du droit de commander & de se faire obéir. Imperium, potestas, jus. Les Maréchaux de France cèdent l’honneur du commandement au plus ancien. Cet Officier a tant de Compagnies, de Régimens sous son commandement. On appelle bâton de commandement, celui que porte un Officier, pour marque du pouvoir que lui donne sa charge. Voyez Bâton.

☞ On dit aussi, cet Officier est capable de commandement, c’est-à-dire, qu’il a assez de talens pour conduire, pour commander un corps de troupes, une armée.

On appelle au Palais un commandement, l’exploit fait par un Sergent en vertu d’un Jugement, ou d’une obligation, par lequel il commande à quelqu’un, au nom du Roi & de Justice, de payer une telle somme, de vider des lieux qu’il occupe, d’exhiber un registre, ou de faire autres choses semblables. Scripto consignata apparitoris denunciatio. Une exécution sans un commandement préalable est nulle. Pour faire une saisie réelle, il faut qu’il y ait un itératif commandement.

☞ On appelle itératif commandement, celui qui est précédé d’un simple commandement, & qui est recordé. L’itératif commandement précède la saisie-exécution, la saisie-réelle & l’emprisonnement.

Commandement, en termes de Guerre & de Marine, se dit de tous les ordres prompts qu’on donne en faisant l’exercice des troupes, ou la manœuvre des matelots. Jussum, imperium. A droite, à gauche, doublez vos rangs, vos files, sont les premiers commandemens que fait un Major, un Officier qui fait faire l’exercice.

Commandement, en termes de fortification, est une éminence ou une élévation de terre, qui a la vûe sur quelque poste ou sur quelque place forte. Station unde hostis impugnari possit. On distingue trois sortes de commandemens. Le commandement de front est une hauteur opposée à la face du poste qu’elle bât par le front. Le commandement de revers, peut battre une place ou un poste par derrière. Le commandement d’enfilade, est celui qui peut battre d’un seul coup toute la longueur d’une ligne droite.

Commandement se dit aussi, en termes de civilité, des offres de services qu’on fait à ses amis. Operam, obsequium offerre. Je n’ai pas voulu partir sans recevoir vos commandemens pour la Province. On dit qu’un homme a la langue latine à commandemens ; pour dire, qu’il la partle comme sa langue naturelle. ☞ On dit aussi avoir à son commandement, c’est-à-dire, avoir à sa disposition. Administrare aliquid ad suam voluntatem, ad arbitrium.