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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/742

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cietas Catholica ; Saint Léon, dans sa quatre-vingt neuvième Lettre, anciennes éditions, l’appelle Gratia communitatis.

Communion est un mot latin qui veut dire la même chose que liaison, communication, union. On désigne par ce mot l’union qui est entre tous les membres de l’Eglise, parce qu’ils ne sont tous qu’un même corps dont J. C. est le Chef ; ensorte qu’il est vrai de dire qu’ils sont tous les membres du corps mystique de J. C. & les membres de J. C.

☞ On la nomme Communion des Saints, parce que tous les membres de l’Eglise ont été sanctifiés par le Baptême, que tant qu’ils en conservent la grace, ou lorsque l’ayant perdue, ils l’ont recouvrée par la Pénitence ; ils sont saints, & que toujours ils sont appelés à la sainteté. C’est pour cela que quand S. Paul parloit des Fidèles de son temps, ou qu’il leur écrivoit, il leur donnoit toujours le nom de Saints.

Communion est aussi l’action par laquelle on reçoit le corps & le sang de Jésus-Christ au très-auguste Sacrement de l’Eucharistie. Christi corporis & sanguinis sumtio, accessio ad sacrum corporis epulum. Origene, dans une homélie, p. 285, de l’édition de 1619, marque qu’avant la communion on disoit dès lors, comme nous faisons encore, les paroles du Centenier, Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit, &c. On ne sauroit faire avec trop de respect la sainte communion. Saint Cyprien appelle les communions précipitées, un poison mortel. On retranchoit de la communion les personnes scandaleuses avec une extrême sévérité dans l’ancienne Eglise, & elle ne les y admettoit qu’après avoir subi les loix de la pénitence. Port.-R. Le quatrième Concile de Latran ordonne que chaque fidèle reçoive la Sainte communion, au moins à Pâques : ce qui montre qu’il souhaite qu’on le fasse même plus souvent : & en effet on le faisoit beaucoup plus souvent dans les premiers siècles. Gratien même & le Maître des Sentences donnoient pour règle aux laïques de le faire trois fois l’année, à Pâques, à la Pentecôte & à Noël ; mais l’usage s’étoit introduit au treizième siècle de n’approcher de l’Eucharistie qu’à Pâques ; & le Concile jugea à propos d’en faire une loi, de crainte que le relâchement & la tiédeur n’allassent encore plus loin dans la suite. Il n’y eut jamais plus de communions, & moins de changemens de vie. P. Rap. Une communion indigne est celle qui se fait en état de péché mortel. La communion Paschale est d’obligation. Il y a des oraisons pour dire avant & après la communion. Les Orientaux se servent d’une cuillier pour administrer aux laïques la communion sous l’espèce du vin. C’est une preuve de leur foi sur la présence réelle. voyez Cuiller. Autrefois on s’est servi d’un chalumeau pour la même chose en Occident, comme B. Rhenanus l’a remarqué sur Tertullien.

Communion sous les deux espèces, c’est-à-dire sous l’espèce du pain & sous l’espèce du vin. L’Eglise a retranché pour de grandes raisons la communion sous les deux espèces. Dans la primitive Eglise on administroit souvent la communion sous une seule espèce ; & on n’a jamais cru que la communion sous les deux espèces fût nécessaire aux laïques, ou ordonnée par Jesus-Christ pour tout le monde. M. Bossuet & P. Doucin Jésuite ont fait des livres de la communion sous les deux espèces. Dans le neuvième siècle on donnoit encore la communion sous les deux espèces, ou plutôt on donnoit l’espèce du pain trempée dans celle du vin. Acta SS. Bened. Sæc. III, p. I, Præf. p. LIII. On la recevoit aussi d’abord dans la main. M. de Marca, Hist. de Bearn., liv. 5, c. 10. §. III. croit que la communion sous une seule espèce a commencé en Occident sous le Pape Urbain II, l’an 1096, & à la conquête de la Terre Sainte, avouant cependant que dès le commencement de l’Eglise on le faisoit souvent ; car il ne parle que de l’introduction de l’usage général, qu’il attribue au vingt-huitième Canon du Concile de Clermont, qui ordonne à la vérité que l’on communie sous les deux espèces séparément, mais qui fait cependant deux exceptions, l’une de nécessité & l’autre de cautèle, nisi per necessitatem & cautelam : la première pour les malades, & la seconde en faveur des abstemes ou de ceux qui auroient horreur du vin.

Communion, prise pour la participation au Sacrement de l’Eucharistie, est ou réelle ou spirituelle. La Communion réelle est celle où l’on reçoit effectivement le Corps de Notre-Seigneur en la sainte Eucharistie. La communion spirituelle est lorsque, sans recevoir le Corps de Notre-Seigneur, on excite en soi un grand desir de le recevoir, on fait tous les actes que l’on feroit si l’on communioit effectivement, & l’on prie Notre-Seigneur de nous faire participans des fruits de ce Sacrement.

Communion laïque. C’est la communion telle que le peuple la reçoit, c’est-à-dire, sous une seule espèce. Etre réduit à la communion laïque, c’étoit anciennement une peine canonique pour les Clercs coupables de quelque faute.

Communion Etrangère, autre peine à laquelle plusieurs Canons condamnent les Evêques & les Clercs qui ont fait quelque faute. Cette peine n’est ni excommunication ni une déposition, mais une espèce de suspense des fonctions de l’Ordre avec la perte du rang que l’on tenoit. En effet le Concile de Rièz, après avoir déclaré nulle l’ordination d’Armentarius d’Embrun, permet à quelqu’autre Evêque de le recevoir dans son diocèse, de lui confier une Paroisse avec le rang de Chorévêque, & la communion étrangère. Le second Concile d’Agde veut qu’un Clerc qui refuse de fréquenter l’Eglise soit réduit à la communion étrangère, & que, s’il se corrige, il soit inscrit de nouveau dans la matricule de l’Eglise. Le Concile de Lérida ordonne de ne recevoir au plus qu’à la communion étrangère les Clercs qui se sont emparés des biens de l’Eglise après la mort de l’Evêque.

Ce nom de communion étrangère vient de ce qu’on n’accordoit la communion à ces Clercs que comme on la donnoit aux Clercs étrangers. Un Evêque, par exemple, qui se trouvoit dans une Eglise, dont il n’étoit point Evêque, n’y faisoit point les fonctions Episcopales ; mais il avoit la première place après l’Evêque & avant les Prêtres. Si un Prêtre étoit réduit à la communion étrangère, il avoit le dernier rang parmi les Prêtres, & avant les Diacres, comme l’auroit eu un Prêtre étranger, qui auroit passé avec des lettres testimoniales de son Evêque.

Le mot de communion peut encore avoir d’autres significations. Il se prend quelquefois pour la participation aux prières des fidèles ; d’autre fois aussi pour l’union que les Eglises entretenoient ensemble.

On donnoit encore autrefois le nom de communion aux offrandes pour les Morts, comme il paroît par le second Concile d’Arles, Can. 12.

On le donnoit aussi à la réunion, à la réconciliation à l’Eglise ; & l’on disoit, donner la communion, rendre la communion.

Tous ces termes sont encore en usage aujourd’hui quand on écrit l’Histoire Ecclésiastique, ou que l’on traite de ces matières.

La communion de la Messe, c’est l’endroit où le Prêtre communie & consume les espèces. Tempus illud sacrificii quo sacra Hostia a Sacerdote absumitur. En ce sens, on dit non seulement : le Prêtre est à la communion, mais encore la Messe en est à la communion. Il faut élever son cœur à Dieu pendant la communion de la Messe ;