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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/756

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COM

le côté intérieur, diminué d’une demi-gorge. Cortinæ complementum.

Le Complément de la ligne de défense, en termes de fortification, est le reste de la ligne de défense, après avoir ôté l’angle du flanc.

Complément d’un intervalle, en termes de musique, est la quantité qui lui manque pour arriver à l’octave. Ainsi la seconde & la septième sont complémens l’une de l’autre. Il en est de même de la tierce & de la sixte, de la quatre & de la quinte.

Complément de béatitude, en Théologie, est un surcroît de béatitude dont jouiront les bienheureux dans le Ciel après la résurrection. Le comble de la béatitude. Complementum beatitudinis. La résurrection des corps, & l’éclat dont ils seront accompagnés dans le Ciel, sera pour les âmes bienheureuses un complément de béatitude. Le complément de béatitude n’est qu’une béatitude accidentelle, & suppose la béatitude essentielle, qui consiste dans la joie immense qu’auront les Bienheureux en voyant clairement Dieu, & en l’aimant d’une manière proportionnée à cette claire vision.

COMPLET, ÈTE. adj. Qui a toutes ses parties, tout ce qu’il lui faut. Omnibus suis partibus expletus, perfectus. Il lui a donné un service complet de vaisselle d’argent ; des armes complètes. Abl. Un habit complet ; nombre complet ; année complète & révolue.

On dit en Droit, qu’une année commencée est tenue pour complète en plusieurs cas, comme en la promotion aux Ordres.

☞ Une chose est entière, dit M. l’abbé Girard, lorsqu’elle n’est ni mutilée, ni brisée, ni partagée, & que toutes ses parties sont jointes ou rassemblées de la façon dont elles doivent l’être. Elle est complète, lorsqu’il ne lui manque rien, & qu’elle a tout ce qui lui convient.

☞ Le premier de ces mots a plus de rapport à la totalité des portions qui servent simplement à constituer la chose dans son intégrité essentielle. Le second en a davantage à la totalité des portions qui contribuent à la perfection accidentelle de la chose.

☞ Les Seigneurs occupent à Paris des maisons entières, & les Bourgeois n’ont pas toujours des appartemens complets.

On l’emploie aussi quelquefois substantivement dans ces phrases. Le complet d’un régiment. Le non-complet des troupes.

☞ En Botanique, on appelle fleur complète, flos completas, celle qui renferme toutes les parties de la fleur, calice, pétales, étamines & pistil.

COMPLÉTEMENT. adv. d’une manière complète. Omnino, perfectè. Mot que la Fontaine a peut-être hazardé le premier dans une épitre à feu M. de Vendôme, mais aujourd’hui autorisé par l’usage.

Venons au fait : En Piémont notre armée,
Sous Catinat à vaincre accoutumée,
Complètement a battu l’ennemi,
Et la Victoire a pris notre parti.

☞ COMPLÉTER, v. a. rendre complet, ajouter ce qui manque. Ce mot est assez nouveau, mais reçu par l’usage. Il vient du latin complere.

☞ On le dit dans le même sens en termes de Librairie. Ces mémoires ne peuvent servir à compléter les éditions défectueuses. J’ai besoin de tels & tels volumes pour compléter un exemplaire de la Bible.

Compléter se dit aussi en termes de guerre. Compléter une compagnie, un régiment, une armée. Les recrues, les remontes, les nouvelles levées servent à compléter l’armée.

☞ Il s’emploie de même dans tous les cas où il est question d’ajouter ce qui manque pour être complet. Compléter un recueil de médailles, une collection de cabinet. Cette Académie s’applaudit de voir compléter le nombre de ses membres par un Magistrat qui fait le bonheur de la ville.

☞ COMPLEXE. adj. terme de Logique, opposé à simple ; la même chose que composé. On le dit des proportions, des termes qui les composent, & des idées exprimées par les termes.

☞ L’idée complexe est celle qui renferme plusieurs idées simples, comme l’idée de Dieu juste, d’une montagne d’or.

☞ Le terme simple est celui qui ne désigne qu’une seule idée, comme Dieu, montagne, &c.

☞ Le terme complexe est celui qui comprend plusieurs idées : comme, Dieu juste, montagne d’or.

☞ La proposition complexe est celle qui a au moins un de ses termes complexe ou composé ; comme, Dieu juste ne peut laisser le crime impuni ; ou qui a plusieurs membres, comme les propositions causales. Si Dieu est juste, il ne peut laisser le crime impuni.

☞ En Algèbre, on appelle une quantité complexe, celle qui est composée de plusieurs parties jointes ensemble par les signes + & −, plus & moins. a + bc, c’est-à-dire, a plus b moins c.

COMPLEXION. s. f. Habitude, disposition naturelle du corps. Corporis habitus, constitutio. Les Médecins doivent appliquer les remèdes suivant les différentes complexions de leurs malades. Le vice & la vertu dépendent souvent de notre complexion, de notre tempérament. Les complexions bilieuses rendent les gens d’humeur martiale. Les Physiciens & les Médecins distinguent quatre complexions générales & principales dans l’homme. La complexion sanguine répond, selon eux, à l’air, elle en a les qualités, elle est chaude & humide. Complexio sanguinea. Elle est ainsi nommée, parce que le sang y domine. La complexion flegmatique qui tire son nom de la pituite, ou du flegme, en quoi elle abonde, répond à l’eau ; elle est froide & humide. Complexio phlegmatica. La complexion bilieuse est de la nature du feu ; elle est chaude & sèche. Complexio cholerica. La bile, χολή, lui a donné son nom. La complexion mélancholique tient de la nature de la terre ; elle est froide & sèche. Complexio melancholica. Son nom vient de mélancholie. Il avoit la complexion vive & ardente. Bouh.

Complexion signifie aussi humeur, inclination. Il est de complexion amoureuse. Un Ministre d’Etat ne montre ni humeur, ni complexion, de peur de laisser échapper son secret, ou par foiblesse, ou par l’action. La Bruy.

Complexion se dit en Physique pour amas, assemblage. La complexion de tous les nombres finis ne sauroit donner un nombre infini.

COMPLEXIONNÉ, ÉE. adj. Qui a une bonne ou une mauvaise complexion. Corpus benè vel malè constitutum. Il est bien, il est mal complexionné. Ce mot n’est pas d’usage, ou tout au plus il ne se dit qu’en Médecine.

Ces mots viennent du latin complector, complexio.

COMPLEXUS. s. m. terme d’Anatomie. Nom qu’on donne à un des muscles, parce qu’il semble composé de trois muscles. Il prend son origine de la septième vertèbre du cou, & de la première, troisième & quatrième du thorax, & va s’insérer au derrière de la tête.

COMPLICATION, s. f. ☞ signifie en général un assemblage de causes, d’effets ou de circonstances, dont il est difficile de voir distinctement tous les rapports, à cause de leur mêlange & de leur dépendance. Complexio, confusio.

Complication de maladies, en Médecine, se dit, ou lorsqu’une maladie est jointe à une autre maladie dans le même sujet, ou, selon quelques-uns, lorsque ces maladies, quoique considérées chacune en particulier, constituent des lésions de fonction dans l’économie animale de plusieurs manières, opposition aux maladies simples, qui ne troublent les fonctions que d’une manière.