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CON

nous l’avons expliqué au mot Bailli du Palais, qui est le nom qu’il porte depuis Charles VI.

Ménage dérive ce mot de Conservius, à conservando. Il dit que dans les vieux livres on trouve Consierge par une s, Remarq. sur la Sat. Ménippée.

Du Cange, le dérive de consergius ou conservus : il ajoûte qu’on a dit aussi Concierge de forêt ; pour dire, Garde-forêt.

Concierge se dit souvent pour signifier un Géolier ; le garde des prisons. Custos carceris. On a rendu le Concierge responsable de l’évasion d’un tel prisonnier.

Concierge se dit aussi par les Comédiens, d’une espèce d’Officier qui a soin d’ouvrir & de fermer la porte. Janitor.

☞ CONCIERGERIE. s. f. demeure, appartement d’un Concierge. Ædes custodis, vel Præfecti domùs regiæ. La Conciergerie de Fontainebleau, de Choisi. C’est aussi la charge, la commission d’un Concierge d’une Maison-Royale d’un Palais. On lui a donné la Conciergerie de tel endroit.

Conciergerie. Prisons de la Conciergerie. Nom qu’on donne en quelques endroits, particulièrement à Paris, à la prison où le Parlement tient ses prisonniers. Ce nom lui fut donné, parce que c’étoit autrefois une partie du Palais de nos Rois, où demeuroit le Concierge ; ainsi il ne doit point être étendu aux autres geôles ou prisons qui sont dans un Palais. Carcer. On a amené ce prisonnier à la Conciergerie, c’est-à-dire aux prisons royales du Parlement de Paris.

CONCILE. s. m. Assemblée d’Evêques Catholiques, légitimement convoquée pour décider les questions de foi, ou régler ce qui concerne la discipline. Concilium. Un Concile Provincial, est l’assemblée des Evêques d’une Province, sous leur Métropolitain. Un Concile National, est l’assemblée des Prélats d’une nation sous un Patriarche ou un Primat. Un Concile Général, est une assemblée de tous les Evêques de la Chrétienté. Pour que le Concile soit Œcuménique ou Général, il n’est pas nécessaire que tous les Evêques de la Chrétienté y soient effectivement présens, il suffit qu’ils puissent s’y trouver, qu’ils y soient appelés. Les Conciles Généraux sont quelquefois appelés par les Auteurs Ecclésiastiques Conciles pléniers. On compte dix-huit Conciles Généraux : deux de Nicée, quatre de Constantinople, un d’Ephèse, un de Chalcédoine, cinq de Latran, de Lyon, un de Vienne, un de Florence, le dernier de Trente, tenu depuis 1545, jusqu’en 1563. ☞ En France on met les Conciles de Pise, de Constance & de Bâle au nombre des Conciles Généraux. Ammien Marcellin reproche à l’Empereur Constance, qu’il étoit insatiable de Conciles. Les quatre premiers Conciles Généraux & Œcuméniques sont approuvés par les Protestans. Les Conciles Nationaux ou particuliers ont apporté de grandes utilités à l’Eglise pour sa discipline. Quoique le Concile de Trente ait ordonné d’assembler des Conciles Provinciaux tous les trois ans, on n’en a point tenu en France depuis celui de Bourdeaux en 1624. Les Conciles Diocésains ou Episcopaux, composés de l’Evêque & de son Clergé s’appellent Synodes.

Les Canons, les Décrets, les Sessions du Concile de Nicée, de Trente. Les Actions d’un Concile sont différentes des Sessions ; car dans une seule Session il peut y avoir plusieurs Actions, & une Action pourroit occuper plusieurs Sessions. Au Concile de Chalcédoine les six premières Sessions qui contiennent autant d’Actions : mais la Session VII comprend trois Actions. L’Action est l’examen & le Jugement d’une cause.

Ce mot vient de Concilium en latin, qui ne signifie autre chose qu’assemblée ; car on a dit Concilium Deorum, Concilium Martyrum, &c. Il y a plusieurs Éditions des Conciles, celle du Docteur Merline, imprimé à Paris en 1524. Il y en a deux du Père Crabe de l’Ordre de S. François en 1536 & 1551. Celle de Surius en 1567. Celle de Venise en 1585. Celle de Rome en l’an 1608. Deux de Binius, Chanoine de Cologne en 1606 & 1618 en dix volumes. Celle du Louvre 1643 en 37 volumes. Et enfin celle du P. Labbe & du P. Cossart, Jésuites, achevée en l’an 1672 qui est en 17 volumes, & plus ample que les autres. Il en a paru depuis une nouvelle faite par les soins du P. Hardouin, Jésuite.

Concile se prend aussi pour les Décrets, pour les Canons, pour les réglemens qui se font dans un Concile. Decretum. Le Concile de Trente n’est pas reçu en France pour les choses de discipline.

CONCILIABULE. s. m. Assemblée de Prélats irrégulière, illicite, tumultueuse, qui n’a pas été convoquée légitimement & selon les ordres de l’Eglise. Conciliabulum, conventiculum. On appelle en général, conciliabules, les assemblées des Hérétiques qui n’ont aucune autorité.

☞ On le dit ironiquement d’une assemblée de gens occupés de quelque mauvais complot.

Conciliabule. Terme d’histoire ancienne. Conciliabulum. Endroit d’une Province où les Préteurs, les Propréteurs, les Proconsuls faisoient assembler les peuples de leur Province, pour leur rendre la justice.

CONCILIANT, ANTE. adj. Qui se plaît à concilier les esprits, qui est propre à la conciliation. Je suis conciliante ; j’aime à resserrer les liaisons que le temps & l’absence dénouent quelquefois à tel point, qu’on ne se connoît plus. Mad. de Sévigné. Ismaal Pacha, nouveau Séraskier de Bender, étoit d’un tempérament doux & d’un esprit conciliant qui lui avoit attiré la bienveillance de Charles, & l’amitié de tous les Suédois. M. de Volt. Et d’ailleurs, dit la Présidente, d’un air conciliant, elle est sa maîtresse, cette fille ; & ce jeune homme n’a dans le fond que sa jeunesse contre lui. M. de Marivaux.

☞ CONCILIATEUR, TRICE. s. Conciliator, conciliatrix. Celui, celle qui concilie, qui remet bien ensemble des personnes qui avoient de l’éloignement, qui ont des intérêts différens. Il a fait les fonctions d’un bon Conciliateur. S. Louis étoit le Conciliateur des Princes Chrétiens, entre les Princes Chrétiens. L’intérêt commun est le grand Conciliateur des esprits.

☞ En Jurisprudence, on appelle Conciliateur des antinomies, un Auteur qui a travaillé pour concilier les loix qui paroissent se contredire. Cujas est un grand Conciliateur des antinomies.

CONCILIATION. s. f. action de concilier les esprits qui ont de l’éloignement, ou les passages qui paroissent se contredire. Les Commentateurs se donnent la torture pour la conciliation des partages contraires de leur Auteur. Travailler à la conciliation des esprits.

Concilier, v. a. remettre bien ensemble des personnes qui avoient de l’éloignement les unes pour les autres. Conciliare. Voyez Accorder.

Concilier signifie aussi lever les contradictions apparentes dans quelqu’ouvrage, entre quelques partages. Voyez Accorder. On accorde les opinions qui se contrarient. On concilie les passages qui semblent se contredire.

☞ On dit se concilier les bonnes grâces de quelqu’un ; se concilier l’amitié des honnêtes gens ; se concilier l’attention des Auditeurs, c’est-à-dire, gagner les bonnes grâces, l’amitié, l’attention, &c. Sibi conciliare. On dit aussi concilier à quelqu’un l’amitié de tout le monde. Il ne sort aucune parole de votre bouche, qu’elle ne vous concilie généralement tout les Esprits. S. Evr. Dans le sens dont on vient de parler, concilier ne se dit qu’en parlant de la dis-