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CON

ment, des marchandises par le menu, c’est-à-dire, en détail & en petites parties.

Congé d’entrée, est un acquit que les Buralistes délivrent à l’effet de pouvoir enlever des vins ou autres marchandises, & les faire entrer dans la ville. Ces congés qui se donnent aux Postes, s’appellent des laissez-passer.

Congé de remuage. Autre véxation usitée dans les Aides. C’est une permission qu’où obtient au Bureau des Aides, pour faire enlever & transporter les vins d’une cave dans une autre. Il est défendu à tous particuliers d’enlever, ou faire enlever, aucuns vins de leurs caves, celliers & autres lieux, ni de les transporter en d’autres maisons, sans prendre un congé de remuage, à peine de confiscation & de cent livres d’amende. Ordonn. des Aides de 1686.

Congé d’encavement, terme de Commis aux Aides. Permission d’encaver, de mettre du vin dans la Cave. Facultas plena vino dolia in cellam vinariam dimittendi. Il n’a pu montrer son congé d’encavement.

Congé dans les Arts & Métiers. Déclaration par écrit que tout garçon ou compagnon est obligé de prendre du maître chez qui il travailloit, pour justifier qu’il l’a quitté de son bon gré, & qu’il y a rempli l’objet pour lequel il s’y étoit engagé. Il est défendu aux autres maîtres, sous peine d’amende, de recevoir un Compagnon qui ne soit pas muni d’un pareil congé ou certificat.

☞ Aller au congé, c’est aller chez le Maître d’où sort l’Ouvrier qu’on veut engager, pour y prendre les informations nécessaires.

☞ On dit proverbialement, pour boire de l’eau & coucher dehors, on n’en demande congé à personne.

CONGÉABLE. adj. terme de coutumes, qui se dit d’un domaine dont le possesseur est obligé de se dessaisir à la volonté du Seigneur duquel il est tenu, en lui payant ses améliorations. Il y en a beaucoup de cette sorte en Bretagne.

CONGÉDIER, v. a. Donner congé, permission de se retirer. Il se dit des troupes, ce qu’on appelle autrement licentier. Exercitum dimittere, missionem dare copiis. On le dit aussi des compagnies, ou des assemblées. Dimiterre, missum facere. On a congédié le Clergé, les Etats. On a congédié cet Ambassadeur avec de riches présens.

Du Gange dérive ce mot de congeare, terme de la basse latinité. On dit bit autrefois congéer.

Congédier, renvoyer, donner ordre de se retirer. Dimittere. La nécessité l’a contraint de congédier la plus grande partie de ses gens. Cette fille a congédié tous ses amans pour se retirer dans un Cloître.

On dit aussi en Fauconnerie, congédier l’oiseau, quand il n’est plus en état de servir son maître.

Congédié, ée. part. Dimissus.

CONGÉLATION, s. f. terme de Médecine. C’est un nom qu’on a donné à la Catalepsie, à cause que ceux qui en sont attaqués, ont les membres roides & sans mouvement, comme s’ils étoient gelés. Voyez Catalepsie. Col de Villars.

Congélation. M. Félibien écrit ce mot avec deux ll. Action par laquelle une chose est congelée ; & état où sont les liqueurs congelées, fixation d’un fluide par le froid. Voyez Glace. Congelatio. La congélation se fait toujours par le froid, & en cela diffère de la coagulation, qui se fait par d’autres causes.

☞ Quelques-uns confondent mal-à-propos la coagulation avec la congélation. Les blessures des aspics sont mortelles par la prompte congélation qui se fait du sang, qui en empêche la circulation. Il faut dire coagulation, épaississement.

Congélation se dit aussi des choses congelées, de certains corps fluides qui viennent à se durcir, par quelque cause que ce soit. On trouve dans les Alpes mille sortes de congélations de toutes sortes de sucs qui sont d’une variété admirable. On s’en sert à orner des grottes.

☞ Les congélations sont des sucs de la terre congelés, dans les montagnes, dans les grottes & dans les cavernes souterainnes. On en apporte du Levant, de Norvège, des Alpes, qui sont d’une variété admirable dans leurs figures. Elles représentent des glaçons, des grappes de raisin, des tuyaux, des colonnes, &c.

☞ Parmi les congélations appelées concrétions cristallines, celles qui sont opaques & qui forment différentes figures rondes & relevées en relief, se nomment Stalagmites.

☞ Les congélations qui croissent en longueur, formant des Cylindres, s’appellent Stalacites. Elles sont transparentes comme l’eau qui les forme, & de diverses figures, souvent unies & pyramidales, différentes en cela des Stalagmites qui sont opaques & toujours rondes. Ce n’est que du spat qui s’attache à la pierre, & se forme au moyen de l’eau qui passe à travers les crevasses des grottes & des carrières. Cette eau s’arrête au haut de la voûte ; elle y paroît suspendue en goutes de figure cylindrique ; & par sa pesanteur, tombe & se coagule en plusieurs couches, dont l’élévation, petit-à-petit, en forme d’arbustes, gagne souvent le haut de la voûte. L’eau qui tombe continuellement augmente le volume de ces congélations, & en varie infiniment les formes.

☞ Dans les caves de l’observatoire, dans l’endroit le plus spacieux, occupé par un gros rocher, on voit des congélations formées par des goutes d’eau qui tombent de la voûte. Cette eau en se filtrant au travers de la roche, se charge dans son chemin d’une matière terrestre & d’un suc pierreux qui se coagule & revêt la pierre par où elle passe. Toute la voûte en est tapissée. Ces goutes en se coagulant se sont alongées d’un pouce avant de tomber. L’eau qui gagne le bas va se perdre sans causer aucun changement.

☞ Tournefort dit que ce n’est point l’eau qui forme ces congélations ; mais que ce sont des pierres & des marbres qui ont un germe, & qui végètent comme les plantes.

L’Académie de Florence a fait plusieurs expériences sur les congélations artificielles. Elle les explique fort nettement dans ses Saggi di naturali ezperienze, & voici les remarques qu’elle fait : on met le liquide que l’on veut congeler dans une phiole de verre. Lorsque l’on plonge la première fois cette phiole, au moment qu’on la touche, on remarque dans le cou de la phiole un petit soulévement du liquide, mais qui se fait très-vîte. Ensuite le liquide se retire dans la phiole, par un mouvement très-réglé, & d’une médiocre vîtesse jusqu’à un certain point, où il reste en repos, autant que les yeux en peuvent juger. Ensuite on le voit peu-à-peu recommencer à s’élever, mais par un mouvement très-lent, & qui paroît toujours égal. Après quoi, sans aucune accélération proportionnelle, il fait subitement un saut si rapide, qu’il est impossible de le suivre des yeux, & comme cette impétuosité furieuse commence en un instant, elle finit de même en un instant, & après cette rapidité si grande, le liquide prend un mouvement à la vérité fort vîte, mais incomparablement moins que le précédent, & continue ainsi à s’élever, & quelquefois même jusqu’au haut du cou de la phiole, & jusqu’à en sortir. Pendant tout le temps que ces choses se passent, on voit par fois venir sur l’eau de petits corpuscules d’air, ou d’une substance encore plus subtile, tantôt en plus grande quantité, & tantôt en moindre ; mais cette séparation ne commence que lorsque l’eau a pris un grand froid, comme si ce degré de froid avoit la faculté de séparer ces parties, & de les faire sortir de l’eau. Or, tous ces accidens sont toujours arrivés de la même manière, & toutes les fois qu’on a répété l’expérience. Du reste ayant examiné avec soin quel étoit le temps précis de la congélation, & pour cela ayant souvent un peu retiré la phiole de la glace, ou quelque soigneusement qu’on ait fait l’observation, on n’a jamais pu remarquer la moindre veine de glace, mais la ligueur a toujours paru ou toute fluide ou toute gla-