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Cet Ordre fut fondé par sainte Brigide l’an 1344. Il a été appelé l’Ordre du Sauveur, parce que l’on prétend que J. C. a révélé la règle de cet Ordre. Communément on appelle ces Religieux Brigittins ou Birgittins. En françois comme on dit ordinairement Brigide, & non pas Birgitte, il faut dire Brigittins plutôt que Birgittins, comme disent le P. Hélyot & d’autres, ou même Birgittains. Cet Ordre commença par le Monastère de Wastein dans le Diocèse de Lincopen. La Sainte le bâtit, à ce que l’on croit, l’an 1344. Les Briguittins ont la règle de S. Augustin, & les Constitutions que sainte Brigide leur a données, & qui ont été approuvées par Urbain V, Urbain VI, Jean XXII, & Grégoire XV. Chaque Monastère doit être double, l’un de Religieux, & l’autre de Religieuses, qu’on appelle Brigittines, ou Brirgittines. Il y en a cependant en Flandres six d’hommes seuls, & six de seules filles. Clément VIII, fit quelques changemens à leurs Constitutions en 1603. Grégoire XV, y changea aussi en 1622, quelques articles qui ne convenoient qu’aux Monastères doubles. Il paroît pas le titre de ces nouvelles Constitutions imprimées à Douay en 1635, que ces Brigittins qui demeurent dans des Monastères simples, ont pris le nom de Birgittins Novissimes de l’Ordre du Sauveur, vulgairement dit de sainte Brigide, apparemment pour se distinguer de ceux qui demeurent dans des Couvens doubles. Voyez le P. Hél. T. IV, Chap. 4.

Les Brigittins ont été introduites en Espagne par M. Marine d’Escobar, qui fit des Constitutions nouvelles, pour mitiger celles de sainte Brigide. Ces Religieuses s’appellent en Espagne, Religieuses de sainte Birgitte de la Récollection. Elisabeth de France, femme de Philippe IV, Roi d’Espagne, leur bâtit & leur fonda leur premier Monastère à Valladolid.

M. Hermaest & Schoonebeck prétendent qu’il y aussi des Chevaliers de sainte Brigide ; mais le P. Hélyot soûtient que ces Ordre est supposé. Voyez T, IV, Chap. 6.

BRIGITTINE. s. f. Nom de Religieuse. Monialis Birgittina. Il y a eu en Irlande des Religieuses Birgittines, ou Religieuses de sainte Birgitte, ou Brigitte, instituées par cette sainte Vierge Irlandoise, qui vivoit au cinquième siècle. P. Hélyot. T. II, C.4’ 21.

☞ BRIGNAIS, ou BRINIAIS. Petite ville de France, dans le Lyonnois, sur le Garon. Prisciniacum.

BRIGNOLE. s. f. Espèce de prince excellente qu’on séche, & qu’on envoie à Paris de la ville de Brignole en Provence. Brinolium. On ôte la peau & le noyau, & après les avoir fait sécher, on les met dans de petites caisses, qu’on envoie par toute l’Europe. Elles ont une chair assez ferme, & sont de couleur un peu rouge tirant sur le jaune, & d’un goût fort agréable. M. Ménage soutient qu’il faut dire brugnole, & qu’on le dit à Paris. La Quintinie le dit toujours : mais la Quintinie dit mal. On dit brignoles du nom de la ville d’où on les tire.

☞ BRIGNOLE, ou Brignoles. Ville de France en Provence, dans une plaine fertile, & qui produit ces excellentes prunes, qui en ont emprunté le nom de brignoles, que l’on transporte jusque dans le levant. Brinonia & Brinnona.

☞ BRIGNON. Ville de France, en Champagne, dans le Senonois, entre Joigny & S. Florentin, sur l’Armançon.

BRIGNON. Voyez Brugnon.

BRIGUE. s. f. Désir ambitieux pour obtenir quelque charge ou dignité, où l’on tâche de parvenir plus par adresse que par mérite. ☞ Poursuite vive, par la moyen de quelques personnes qu’on engage dans ses intérêts. Faire une brigue. Obtenir quelque chose par ’brigue, à force de brigues. Ambitus. Les brigues commencent à s’échauffer. Vaug. Les brigues qu’on faisoit n’éclatoient pas encore. La Roch. Les brigues des Ecclésiastiques sont sévèrement défendues par les Canons. Il ne s’emploie guère que dans un sens odieux.

☞ Les brigues chez les Romains étoient les démarches que faisoient, pour se faire élire, ceux qui aspiroient aux charges de la République. On les nommoit Candidats à cause de la robe blanche qu’ils étoient obligés de porter pendant les deux années qu’ils postuloient ces charges. Ils alloient par toute la ville, cherchant du crédit, des amis & de l’autorité parmi les grands, & quêtant les suffrages du peuple dans les places & dans les assemblées publiques. De-là le mot ambitus, composé de l’ancienne proposition am, qui signifioiet autour, & de ire, aller, & qui signifie proprement l’action par laquelle on environne une personne, pour avoir son suffrage dans les élections, étant toujours autour de lui, le caressant, le flattant pour cela. Voyez Candidats.

☞ Les Romains faisoient un crime à ceux qui briguoient les charges par des voies illicites, par des largesses extraordinaires, par des menaces, ou à force ouverte. On fit plusieurs loix pour empêcher ces abus, ou pour punir ceux qu’on en pouvoit convaincre. Mais les choses allerent si loin dans la corruption de la République, qu’on avertissoit publiquement les tribus des sommes d’argent qu’on leur promettoit pour avoir leurs suffrages ; & cela, dit Cicéron, s’appeloit pronunciare in tribus. Ils se servoient pour cela de trois sortes de personnes qu’ils appeloient interprètes, des entremetteurs qui aidoient à faire le marche, per quos pactio inducebatur ; sequestres, les dépositaires, entre les mains desquels on consignoit l’argent dont on étoit convenu ; & enfin Divisores, les distributeurs qui avoient soin de partager l’argent dans la tribu à chaque particulier.

La brigue a coûté pour une seule tribu jusqu’à 80729 liv. Or il y en avoit 35, qu’on juge par-là des sommes énormes que coutoient les charges à Rome, où elles n’étoient pas vénales.

Du Cange dérive de mot de briga, qu’on a dit dans la basse latinité pour signifier, noise, querelle, contestation, qui arrive souvent où il y a de la brigue : d’où on fait aussi le vieux mot de bricon, qui signifioit querelleur & impudent. Quelques-uns le dérivent de precari, parce qu’en effet la brigue se fait par des prières.

Brigue, se dit aussi de la cabale qui est intéressée à soutenir plutôt un parti que l’autre. La brigue d’un tel a prévalu sur l’autre. Combien y a-t-il de Prédicateurs qui ne doivent leur réputation qu’à la brigue & à la cabale ? S. Evr.

Pour me faire admirer je ne fais point de ligue,
J’ai peu de voix pour moi, mais je les ai sans brigue.

Corn.


N’allons point à l’honneur par de honteuses brigues.

Boil.


Un Prélat par la brigue aux honneurs parvenu,
Ne fait plus qu’abuser d’un ample revenur. Id

☞ BRIGUEIL. Petite ville de France, dans la Basse-Marche, aux confins du Poitou & de l’Angoumois, à sept lieues de Limoges.

BRIGUER. v. a. Tâcher d’obtenir quelque chose par brigue, par cabale. Ambire, prensare. Quand on peut prouver qu’on a brigué les voix, les suffrages d’une compagnie, l’élection est nulle. A Rome dans les derniers temps on briguoit les charges assez ouvertement : on gagnoit les suffrages par des présens, qui étoient plutôt des corruptions que des libéralités. On rapporte là-dessus un mot célèbre de Crassus, briguant le Consulat, & n’osant flater, ni caresser le peuple devant Scévola, avec lequel il marchoit dans les rues de Rome, il le quitta brusquement : vous m’empêcher, lui dit-il, d’ob-