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CON

quelles on fabrique des galères neuves, & on en tire celles qui sont désarmées pendant l’hiver, & durant que les Forçats sont dans le lieu que les Chrétiens appellent bain, je ne sçais pourquoi ; puisque c’est véritablement une prison. C’est dans cet arsenal que le Capoudan Bacha, qui est l’Amiral de la Porte Ottomane a sa juridiction, & où il traite des affaires appartenantes à sa charge. Du Loir, p. 40, 66. Quelques-uns regardent Galata & Pera comme un fauxbourg de Constantinople ; nous en parlerons à leur place. Pera & Galata sont de l’autre côté du port. La mer de ce port & du Bosphore est si tranquille, qu’on la passe sur des petites nacelles appelées permez. Voyez ce mot. Le trajet de Constantinople à Scutari n’est que d’un mille. Voyez Scutari.

Différence du méridien de Constantinople à celui de Paris, 1d 46′ 14″, orient, ou 26° 33′ 30″. Sa longitude 46° 24′ 50″. Sa latitude 41° 0′ 0″. Cassini.

Il y a plusieurs autres descriptions, tant anciennes que modernes, de la ville de Constantinople. On peut voir Codin, Grec anonyme, qui vivoit sous Alexis Comnène, M. du Cange, & les deux tomes qu’a imprimé le P. Banduri, sur l’histoire de Constantinople, aussi-bien que les quatre Livres de Gyllius, & les Voyages de P. de Valle, le Voyage du Levant de Thevenot, C. 16, 17, 19, 21. D’Herbelot, au mot Costhantinach, Vigénere, Illustr. sur Chalcondyle, p. 318 & suiv. 325 & suiv.

☞ CONSTANTINOW, petite ville de Pologne, dans la Volhinie, sur la rivière de Slucza.

CONSTATER, v. a. vérifier un fait, le rendre constant & certain, établir la vérité d’un fait par des preuves convaincantes. Probare, confirmare veritatem rei. C’est un fait que les Physiciens ont constaté par des expériences. Mém. de Trév. Juillet 1726. Je n’ai pas envie, pour constater ce fait, du moins pour l’éclaircir, d’aller m’enfoncer dans une bibliothèque avec une foule d’Interprètes, de Commentateurs, de Critiques, qui peut-être après avoir employé bien du temps, me laisseroient encore dans le doute où je suis. Merc. d’Août 1733. Il y a cette différence entre la preuve & l’amplification, que la preuve est pour établir une vérité, ou pour constater un fait, & que l’amplification est pour exagérer ou pour confirmer l’importance de la vérité ou du fait en question. M. l’Abbé Colin.

Constaté, ée. part. Fait constaté.

CONSTELLATION. s. f. assemblage, amas de plusieurs étoiles que les Anciens ont appelé du nom de quelques animaux, comme le Dragon, la grande Ourse, la petite Ourse, le grand Chien, &c. ou de quelques autres choses qui leur étoient connues, comme la Balance, les Gémeaux, le Verseau, &c. Signum cæleste, fidus, signum. Les Anciens ont divisé le Firmament en plusieurs parties ou constellations, en réduisant plusieurs étoiles sous la représentation de quelques images, afin de soulager l’imagination & la mémoire, pour en faire retenir & concevoir le nombre & la disposition, même pour en connoître les propriétés & les prétendues influences. C’est dans ce sens qu’on a dit : cet homme est né sous une heureuse constellation, c’est-à-dire, sous une heureuse disposition des corps célestes ; pour dire, qu’il est heureux ou malheureux. Les Anciens ont divisé le ciel en 48 constellations, qu’ils ont appelées astérismes, dont il y en a 12 qui forment les signes du Zodiaque, & les Modernes y en ont ajoûté 12, qu’ils ont observées vers le Pôle Antarctique. On tient qu’Anaximandre est le premier qui a divisé le ciel en constellations vers la 58e olympiade. Les douze constellations qui sont dans le Zodiaque s’appellent les douze signes.

Toutes les constellations, & principalement celles de l’écliptique, ont changé de place depuis les observations des plus anciens Astronomes. La constellation du Bélier, par exemple, qui paroissoit du tems d’Hipparques dans la commune section de l’écliptique & de l’équateur, n’a laissé que son nom dans cette région du Ciel : car présentement elle paroît avancée jusques dans le lieu où étoit autrefois celle du Taureau, & celle-ci a pris la place de la constellation des Gémeaux, laquelle occupe actuellement le lieu où les Anciens ont placé l’Ecrevisse.

CONSTELLÉ, ÉE. adj. mis au nombre des constellations, des astres. Relatus in astra, inter sidera. Un Poëte s’est servi de ce mot dans une pièce badine, sur la mort d’un chien.

Maintenant chose étrange ; il est froid comme glace,
Car il est mort. Grand bien lui fasse ?
Puisse-t-il être constellé,
C’est-à-dire, bien instalé
Au dessus du signe d’Hercule,
Dans le ciel de la Canicule.

Nouv. choix de vers.

Constellé, ée. adj. Ce qui a été fait sous une certaine constellation. Une figure constellée. Un anneau constellé. Une pierre constellée. Les talismans sont des figures constellées ; & Borel assûre même dans les Etymologies, qu’il vient d’un mot persan qui signifie gravure constellée.

Autrefois on portoit des bagues constellées ; c’est-à-dire, ornées d’étoiles. Pétrone dit que Trimalcion en avoit une semblable. Pline & Trebellius Pollio parlent de ces anneaux constellés, comme le rapporte François Nodot ; & Scaliger assure qu’il en a encore vu à Marseille. ☞ La superstition attachoit des propriétés merveilleuses aux anneaux constellés. Constellatus. Ce mot latin signifie proprement, garni d’étoiles. Constellati balthei, baudriers ornés d’étoiles en broderie.

CONSTER, v. n. impersonnel. Etre certain & évident. Constare. Il ne se dit guère qu’au Palais. Il conste par les pièces produites, que le fait est véritable.

CONSTERNATION. s. f. accablement, abattement de courage, causé par un malheur, ou une calamité publique. Consternatio. C’est selon M. de la Chambre, un mouvement de l’appétit, par lequel l’ame se relâche & s’abandonne à la violence du mal. Le même Auteur met la consternation au rang des passions simples.

☞ C’est proprement le dernier degré de frayeur dans lequel on est jeté par l’attente ou la nouvelle de quelque grand malheur. Ce mal arrivé, cause de la douleur ; la consternation est l’effet du mal que l’on craint. La perte d’une bataille répand la consternation dans tout un pays ; on en craint les suites.

☞ L’étonnement, dit M. l’abbé Girard, est plus dans les sens, & vient des choses blâmables ou peu approuvées. La surprise est plus dans l’esprit, & vient des choses extraordinaires. Voyez ces mots. La consternation est plus dans le cœur, & vient des choses affligeantes.

☞ Le premier de ces mots ne se dit guère en bonne part ; le second se dit également en bonne & en mauvaise part ; & le troisième ne s’emploie jamais qu’en mauvaise part. La beauté d’une femme ne cause point d’étonnement, & sa laideur produit quelquefois cet effet. La rencontre d’un ami comme celle d’un ennemi peut causer de la surprise. Un accident qui attaque l’honneur ou qui dérange la fortune, est capable de jeter la consternation.

☞ L’étonnement suppose dans l’événement qui le produit une idée de force ; il peut frapper jusqu’à suspendre les sens extérieurs. La surprise y suppose une idée de merveilleux ; elle peut aller jusqu’à l’admiration. La consternation y en suppose un de généralité, elle peut pousser la sensibilité, jusqu’à un entier abattement. Les cœurs bien placés sont toujours étonnés des perfidies, quelque