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connoître que le Fils étoit véritablement Dieu ; mais ils nioient qu’il fût un même Dieu & une même substance que le Pere. Aussi firent-ils toujours tout ce qu’ils purent pour abolir l’usage de ce terme. On persécuta les défenseurs du consubstantiel ; Constantius fit tous ses efforts pour obliger les Évêques à supprimer le terme de consubstantiel ; mais la vérité triompha, & ce terme a été maintenu dans les symboles.

Sandius prétend que le terme de consubstantiel étoit inconnu avant le Concile de Nicée. Mais on l’avoit déja proposé au Concile d’Antioche, lequel condamna Paul de Samosate, en rejettant pourtant le mot de consubstantiel. Courcelles au contraire a soûtenu que le Concile de Nicée avoit innové dans la doctrine, en admettant une expression dont le Concile d’Antioche avoir aboli l’usage. Il est vrai que le mot de consubstantiel fut toujours l’écueil des Ariens, parce qu’il attaquoit l’erreur dans sa source, & qu’il prévenoit toutes leurs distinctions & toutes leurs subtilités. Selon S. Athanase le mot de consubstantiel ne fut condamné par le Concile d’Antioche, qu’en tant qu’il renferme l’idée d’une matière préexistente, & antérieure aux choses qui en ont été formées & que l’on appelle coessentielles. Or, en ce sens le Père & le Fils ne sont point consubstantiel, parce qu’il n’y a point de matière préexistente. L’heureuse fécondité de la langue grecque, accoutumée aux mots composés, fournit aux Peres de cette sainte Assemblée le mot d’homoousios ὁμοούσιος, c’est-à-dire, consubstantiel au Pere ou de même substance que le Pere, qui fermoit la porte aux équivoques des Ariens. Quel bruit ne firent-ils pas dans tout le monde Chrétien pour se soulever contre la nouveauté de ce mot pris, disoient-ils, de la fausse sagesse, inconnu aux Apôtres, & aux trois premiers siècles de l’Eglise ? Ils n’appelèrent plus les Orthodoxes qu’Homoousiens, c’est-à-dire, Consubstantiels ou Consubstantiateurs.

CONSUBSTANTIELLEMENT. adv. d’une manière consubstantielle. Consubstantialiter. C’est le mot dont on se sert en Théologie. Le Fils est consubstantiellement un avec le Pere.

☞ CONSUEGRE, ville de la nouvelle Castille, en Espagne, à dix lieues de Tolède.

CONSUÉTUDINAIRE. s. m. & f. Qui a coutume de faire quelque chose. Assuetus aliquid facere, solitus aliquid facere. Ce mot n’est point dans l’usage ordinaire de la langue. Pontas s’en sert dans son Dictionnaire des cas de conscience.

CONSUIVIR. v. a. Mot du vieux langage, qui signifioit attendre, attraper. On trouve ainsi consuivre.

CONSUL, s. m. ☞ L’un des Magistrats qui avoit la principale autorité dans Rome ; le premier de la République, quand il n’y avoit point de Dictateur. Consul. Les Consuls étoient les chefs du Sénat, commandoient les armées, & jugeoient souverainement des différends entre les Citoyens Romains ; mais parce qu’ils abusèrent de leur pouvoir, il fut permis par la loi Valeria d’en appeler au peuple, sur-tout lorsqu’il s’agissoit de la vie d’un citoyen. Dans la suite, les Consuls étant trop occupés des affaires générales de l’État, ou à Rome, ou à la tête des armées, on créa d’autres Magistrats pour rendre la justice au peuple à la place des Consuls.

Les Romains, depuis qu’ils eurent chassé leur Roi, furent gouvernés par des Consuls qui furent établis l’an 244 ou 245 de la fondation de la ville, ainsi appelés à consulendo. Brutus & Collatinus furent les premiers élus par l’assemblée du peuple. On désignoit les années par les noms des Consuls. Quand l’un des Consuls mouroit dans le cours de l’année de son consulat, on en élisoit un autre ; mais on continuoit à donner à l’année le nom de celui qui avoit eu le consulat ordinaire ; c’est-à-dire, celui qui avoit été élu au mois de Janvier. On ne pouvoit être Consul qu’à 43 ans. Il y eut encore des Consuls du temps des Empereurs, mais ce n’étoit plus sous eux qu’un titre honorable ; cependant ils affectèrent de conserver cette dignité comme un reste de liberté. Enfin, il s’éteignit insensiblement au temps de Justinien ; ensorte que depuis lui, aucun Empereur n’a fait des Consuls, & n’en a pris la qualité. Basile est le nom du dernier Consul marqué sur les Fastes-Consulaires, en l’année 541. Cette dignité étoit alors tellement avilie, qu’on la conféroit aux dernières personnes de l’Empire. L’Empereur Justin la voulut rétablir 25 ans après, & se créa lui-même Consul ; mais ce dessein n’eut pas de suite. Caligula fit désigner Consul son cheval.

Depuis l’établissement de la République, & le consulat de L. Jun. Brutus & de L. Tarq. Collat. auquel Valerius Publicola fut substitué, jusqu’au consulat de Basile, c’est-à-dire depuis l’an 244 ou 245 de la fondation de Rome, 509 ans avant Jesus-Christ, jusqu’à l’an 1293 de la fondation de Rome, 540 après Jesus-Christ ; pendant 1049, on compta les années par les Consuls ; mais depuis l’année 540 de J. C. que Basile étoit Consul, nous ne trouvons plus de Consuls ni de consulats suivis. On compta dans la suite par les années du règne des Empereurs, & par les indictions. Cependant les années qui suivirent le consulat de Basile sont encore marquées quelquefois ainsi ; post consulatum Basilii 1, 2, &c. jusqu’à la 25e. Voyez les Fastes Consulaires imprimés à Amsterdam en 1705, par M. d’Almeloveen, Jurisconsulte hollandois. Dans cet espace de temps, cet Auteur, compte 1060 Consuls, sans parler des Consuls substitués, suffecti. Cependant, de l’an 509 avant J. C. jusqu’à l’an 541 de J. C. il n’y a que 1049 ans, & conséquemment 1049 consulats ; encore fait-il commencer les Consuls l’an 244, de Rome, quoiqu’ils n’aient commencé qu’en 245, selon Tite-Live ; qui, à la fin de son premier livre, dit que le Gouvernement des Rois dura 244 ans.

Les consulats perpétuels des Empereurs d’Orient, qui composent les fastes Byzantins, commencerent l’an de J. C. 567, & finirent l’an 668, avec la dernière année de Constans, petit fils d’Héraclius. Constantin Pogonate voulut que le consulat fut inséparable de l’Empire, ce qui dura jusqu’à Constantin Porphyrogénète. Dans cette forme de gouvernement, l’Empire & le consulat étoient si étroitement unis, que l’Impératrice Irène voulut prendre le consulat, lorsqu’elle fut Régente. Les Empereurs françois, ceux d’Italie, & les Princes Sarrazins, qui commandoient en Espagne, ayant pris le consulat, comme les Empereurs de Constantinople, ceux-ci méprisèrent ce titre, & le quittèrent parce qu’il étoit devenu trop commun ; de sorte qu’il ne resta plus qu’aux Magistrats des villes, & à certains autres Officiers, ce qui arriva vers l’an 900. Voyez le P. Pagi dans sa Dissertation Hypatique, ou sur le consulat.

Sous les Empereurs, il y avoit des Consuls ordinaires, des Consuls honoraires, & des Consuls subrogés, c’est-à-dire, mis à la place des ordinaires, ou par la mort ou autrement. Il y en eut aussi de cette dernière sorte dans le temps de la République. Ceux qui ont donné des listes des Consuls, sont Tite-Live & Tacite, Dion Cassiodore, Idatius, un Anonyme imprimé par le Cardinal Noris, Onuphrius, Panvinius dans ses Fastes Consulaires, Pighius, le P. Petau dans son XIIIe liv. de Doctrina temporum, & Janson d’Ameloveen, Jurisconsulte hollandois, en 1705, avec des notes.

Consul se dit aussi, dans les Auteurs du moyen âge, pour Comte, & Proconsul ou Vice-Consul, pour Vicomte ; ainsi que M. de Marca l’a montré dans son Hist. de Bearn. L. III, c. 3, par plusieurs Au-