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CON

ainsi que contact, vient de contingere, toucher. Contagion, maladie qui se communique par l’attouchement, soit immédiat, soit médiat.

Contagieux se dit figurément du vice, de l’erreur, de l’hérésie, de la rébellion, & de toutes les mauvaises choses qui se donnent & se communiquent par fréquentation & par exemple. Vous diriez que son malheur a été contagieux à toute la famille. Il est difficile de se remplir de l’esprit Ecclésiastique dans le commerce du monde, & de conserver son innocence dans un air si contagieux. Herman. Si vous voulez vous guérir de l’amour, éloignez-vous de ceux qui aiment : leur commerce est trop contagieux. S. Evr.

Et je n’avois pas cru l’amour contagieux,
Lorsque, sans y penser, je le vis dans ses yeux. La Suze.

☞ CONTAGION. s. m. qualité d’une maladie par laquelle elle peut passer du sujet affecté à un sujet sain, & y produire une maladie de la même espèce. Contagio. Communication d’une maladie maligne. La fièvre maligne se prend par contagion.

☞ Ce mot est souvent employé pour signifier la peste. Voyez ce mot. La contagion règne dans tel pays. La contagion a quelquefois dépeuplé nos provinces.

☞ En ce sens, on le dit figurément du vice & autres choses pernicieuses. L’hérésie est une contagion. On le dit de toutes les mauvaises choses qui se communiquent par l’exemple & par la communication avec ceux qui en sont infectés. La contagion de l’hérésie, des mauvaises mœurs. Le choix des compagnies est essentiel pour les Jeunes gens, parce que les hommes vicieux infectent ordinairement de leur contagion ceux qui se trouvent souvent en leur compagnie. La contagion ne s’étoit point encore répandue dans les Ecoles publiques. Maucroix. Il est devenu méchant, débauché par contagion. Les gens heureux fuient les misérables, il semble qu’ils craignent de le devenir par contagion. S. Evr.

CONTAGIONAIRES ou ANTICONTAGIONAIRES, s. & adj. m. pl. mots qu’on a faits dans ces derniers temps, pour désigner les Médecins qui soûtenoient que la peste se communiquoit par contagion, & ceux qui disoient qu’elle n’étoit pas contagieuse.

CONTAILLES. adj. f.pi. Les soies contailles sont du nombre des bourres de soie, qui sont les soies de la plus basse qualité.

CONTAMINATION. s. f. vieux mot, synonime de souillure. Contaminatio.

CONTAMINER, v. a, souiller, tacher, gâter. Contaminare. Ce mot est vieux & hors d’usage.

Contaminé, ée. part. Souillé.

CONTAUT. s. m. terme de Charpenterie, pièce de bois au dessus de l’enceinte, ou cordon d’une galère, haute de 13 ou 14 pouces, qui va en diminuant depuis le milieu vers les extrémités de la proue & de la pouppe.

☞ CONTE. s. m. C’est en général le récit d’une avanture vraie ou fabuleuse, sérieuse ou plaisante, soit en vers, soit en prose. On le dit plus communément d’une histoire fausse & courte, qui n’a rien d’impossible. Ficta, commentitia narratio, fabula. Les Contes d’Ouville, d’Eutraper, de Bonaventure des Périers, de la Reine de Navarre. La brièveté est l’aune du conte. La Font. Esope a su envelopper la vérité dans la fable ; il faut beaucoup d’art pour déguiser ainsi en petits contes les instructions les plus importantes de la Morale. Fonten. C’est le propre d’un grand esprit lorsqu’il commence à vieillir & à décliner, de se plaire aux contes & aux fables. Boil. Il faut toujours quelque chose de piquant dans les contes. S. Evr. Il y a bien de l’adresse à faire un conte de bonne grâce. Il entend bien à broder un conte.

Une morale nue apporte de l’ennui ;
Le conte fait passer le précepte avec lui. La Font.

Conte, (Un) dit M. l’Abbé Girard, est une aventure feinte & narrée par un Auteur connu. Une fable est une aventure fausse divulguée dans le public, & dont on ignore l’origine. Un Roman est un composé & une suite de plusieurs aventures supposées.

Le mot de conte est plus propre lorsqu’il n’est question que d’une aventure de la vie privée.

☞ Les contes doivent être bien narrés ; les fables bien inventées ; & les Romans bien suivis. Voyez Fable et Roman.

Conte se dit aussi des histoires plaisantes, vraies ou fausses, que l’on fait dans la conversation pour amuser, railler, médire, &c. C’est un conte fait à plaisir : on fait d’étranges contes de cette femme-là,

Conte se dit encore de tous les discours inutiles, qui n’ont aucun fondement ni apparence de vérité. Tout ce que vous me dites-là n’est qu’un conte, sont des contes en l’air. Fabulæ. Voltaire, dans ses remarques sur ce vers de la Tragédie d’Héraclius,

Tu fais après cela des contes superflus,


observe que cette expression, contes superflus, est ignoble ; quoique les expressions les plus simples deviennent quelquefois les plus tragiques par la place où elles sont, ce n’est pas en cet endroit, c’est quand elles expriment un grand sentiment.

Conte se dit proverbialement, en ces phrases. Ce sont des contes de vieilles, dont on amuse les enfans ; des contes à dormir debout, de peau d’âne, de la cicogne, de ma mere l’Oie. Un conte violent, un conte jaune, un conte bleu, &c.

☞ CONTEMPLATEUR, TRICE. s. celui, celle qui contemple, particulièrement par la pensée, par les yeux de l’esprit. Contemplator, contemplatrix, Speculator, Speculatrix. Contemplateur des merveilles de Dieu, des secrets de la nature.

☞ CONTEMPLATIF, IVE. adj. souvent employé substantivement. Ce terme désigne celui qui s’attache à contempler par la pensée. Contemplator. Philosophe contemplatif. Je me suis formée l’idée d’un contemplatif comme d’un paresseux qui s’observe continuellement, qui s’ennuie fort ; & qui ne divertit guère les autres. M. Scud. Un esprit contemplatif est d’ordinaire rêveur & mélancolique.

Contemplatif, en termes de Théologie mystique, exprime l’état de celui dont l’ame est unie à Dieu d’une manière intime. Rerum divinarum, cælestium contemplator. Vie contemplative, celle qui se passe dans la Méditation & dans l’Oraison. Elle est opposée à la vie active. Il y a des contemplatifs qui se repaissent de l’idée présomptueuse d’une perfection imaginaire : gens qui toujours unis à Dieu, à les entendre, & retranchés dans la partie supérieure de leur ame, ne daignent plus régler les mouvemens de l’inférieure, & la laissent en proie aux passions. Les contemplatifs se prétendent élevés à la plus sublime oraison, & à la pratique de l’amour de Dieu le plus parfait. Fenel. Un contemplatif attend l’impulsion divine dans l’inaction. Boss. La vie mystique & contemplative est si proche de l’illusion du fanatisme, qu’il est presqu’impossible de marquer les justes limites qui les séparent, Id. Les extases contemplatives des Mystiques sont quelquefois plutôt des folies d’Amans insensés, que les pieux ravissemens d’un amour divin. Id. Les pieux contemplatifs sont l’objet de la raillerie de ceux qui ne sentent pas les opérations internes du Saint-Esprit, leurs extases & leurs ravissemens passent pour des visions dans le monde. Fenel. Le style des contemplatifs est hyperbolique & figuré. S. Evr. L’indifférence universelle, & l’anéantissement de toutes sortes de souhaits & de désirs, font l’essence de la vie contemplative. Id.

CONTEMPLATION. s. f. ☞ Dans l’usage ordinaire ce mot est synonime à méditation & signifie l’application de l’esprit par laquelle il s’attache à réfléchir, considérer, & à admirer les merveilles de Dieu & de la nature. Contemplatio. Un Philosophe toujours dans la contemplation ne descend guère aux détails de la vie. La contemplation des ouvrages de Dieu nous remplit d’admiration.

☞ On le dit de l’action par laquelle on considère