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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/858

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CON

devoir, la conscience, les forces permettent de faire ce qu’on le propose. On doit excuser le crime commis dans le mouvement de la colère, & sans avoir consulté la raison. M. Esp. Ce bon mari ne loue & ne blâme rien sans avoir consulté les yeux & le visage de la femme. La Bruy. Chacun consulte toujours son intérêt, quand il s’agit de ceux d’autrui. Vaug.

Prononcez par vous-même, & ne consultez pas
Des cœurs intéressés à troubler vos États. Capistron.

Quand je consultois la nature,
Je ne pensois qu’à me venger. L’Abbé Tétu.

☞ On dit de même, qu’une femme consulte son miroir, sur la manière d’étaler les appas qu’elle prend sur sa toilette. Les appas viennent de ces grâces cultivées que forme un fidèle miroir consulté avec attention, & qui sont le travail entendu de l’art de plaire.

☞ Dans le style familier, consulter son chevet, se donner le temps de délibérer, passer la nuit avant que de se déterminer.

Consulter s’emploie absolument pour délibérer ensemble.

Les Médecins ont consulté sur sa maladie, les Avocats sur son affaire.

Consulter se dit aussi de la chose sur laquelle on demande avis. Consulter une affaire, une maladie. Dans ce sens il se dit aussi passif. Cette affaire a été consultée aux meilleurs Avocats. Acad. Fr.

Consulter signifie aussi délibérer avec soi-méme, être irrésolu, incertain quel parti on doit choisir. Consultare, deliberare. Il consulte encore en lui-même s’il achètera cette charge.

Lorsque vous consultez si vous devez vous rendre,
Hélas ! vous êtes tout rendus. Vill.

Consulté, ée. part,

CONSULTEUR. s. m. terme de Capucin. Consultor. Celui qui donne avis au Général. Il y a d’autres Ordres Religieux où ce terme est en usage, pour signifier ceux que le Supérieur choisit pour les consulter, pour prendre conseil d’eux, pour écouter leurs avis : ces consulteurs doivent écrire en certain temps au Général, & lui rendre compte des affaires.

Consulteur du S. Office. On donne ce nom aux Théologiens que le Pape commet pour examiner les livres ou les propositions qui lui sont déférées, ou pour donner leur avis sur quelques matières qui regardent la foi ou la discipline. Consultor. Les consulteurs n’ont point voix délibérative dans les Congrégations. Ils y rendent seulement compte des livres ou propositions qu’on les a chargés d’examiner, & en donnent leur avis doctrinal.

Consulteur d’État, nom de Charge ou d’Office dans la République de Venise. Consultor Reipublicæ. Ce sont des Jurisconsultes que l’État consulte dans les affaires difficiles. Il y a des consulteurs d’État en matière Ecclésiastique & des Consulteurs d’État en matière civile, comme on le peut voir dans le Raccolti s’Opusc. T. XIV, p. 58.

CONSULTRICE. s. f. Consultrix. Celle qui conseille, ou que l’on conseille. Pomey.

Consultrice. s. f. nom en usage dans la Congrégation des filles & veuves appelées Dimesses, ou Modestes. Consultrix. Dans cette Congrégation deux maisons voisines élisent tous les ans une Supérieure, deux Ajutantes, ou majeures, pour chaque maison, qui doivent avoir demeuré au moins trois ans dans la Congrégation, & qu’on appelle aussi Consultrices. P. Hélyot, T. VIII, p. 11.

CONSUMANT, ANTE, qui consume. Consumens. Un feu consumant. Il y a des plaies qui demandent des remèdes consumans, ou caustiques.

☞ CONSUMER, v. a. détruire, réduire à rien. Consumere, absumere. On le dit au propre, particulièrement du feu qui détruit par une action vive & rapide, & au figuré, du temps & des maux dont les progrès sont plus lents. Le feu consuma une partie du bâtiment. La victime fut consumée par le feu. Le temps consume tout. Tempus edax rerum. Le temps qui consume les marbres les plus durs, peut venir à bout de la résistance la plus obstinée. S. Evr. Il a une fièvre lente qui le consume. Le mouvement le plus délicat de l’amour, c’est la langueur, qui, comme une flamme secrette nous consume doucement. S. Evr. Le feu de l’amitié échauffe le cœur sans le consumer. Pourquoi vous laissez-vous consumer aux chagrins & à la tristesse ? ☞ On le dit aussi avec le pronom personnel. Cette femme se consume en regrets superflus. Exedi. Les filles de Darius fondoient en larmes, & se consumoient d’ennui. Vaug. C’est un amant discret, qui se laissera plutôt consumer que de se plaindre. Le Pays.

N’allez pas sur des vers sans fruit vous consumer,
Ni prendre pour génie un amour de rimer. Boil.

Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé,
Je souffre tous les maux que j’ai fait devant Troye. Rac.

Consumer se dit encore des choses qui se détruisent par l’usage. Consumer son bien, son patrimoine. Abligurire. Consumer son bien en débauches, en folles dépenses. L’Espagnol dit en proverbe que les Juifs consument leur argent en Pâques, les Maures en noces, & les Chrétiens en procès. Le Prêtre consume la Sainte Hostie.

Dans cette acception on dit abusivement consommer ; & cet abus paroît autorisé par l’usage.

Consumée, ée, part.

CONSUS ou CONSE. s. m. terme de Mythologie, faux Dieu des anciens Romains. Consus. C’étoit le Dieu des Conseils. On prétend que c’étoit Neptune, Dieu des choses cachées. Il avoit à Rome dans le Cirque un Temple, en un lieu couvert & caché, pour montrer que les conseils doivent être secrets. Pour la même raison nos anciens Auvergnats sacrifioient au Dieu consus, dans des bocages épais & bien touffus. Savaron. Orig. Ses fêtes s’appeloient Consualia. ☞ C’est pendant la célébration de ces fêtes que Romulus & ses compagnons enlevèrent les filles des Sabins. Voyez Consuales. On l’appelle aussi Neptune Equestre, Neptunus Equestris, Tite-Live, Liv. I. Plutarque dans la vie de Romulus ; Tertullien de spectaculis, c. 5. Servius sur le VIIIe Liv. de l’Enéïde, Vossius, de Idololatr. Lib. I, c. 15. Vigenère, sur T. Live, T. I, p. 793, 963.

☞ CONTACT. s. m. (Prononcez le dernier c,) terme Didactique, synonime d’attouchement. État relatif de deux choses qui se touchent. Contactus. Le contact de deux Corps, est l’application immédiate d’un Corps sur un autre.

☞ En Géométrie on appelle point de contact, le point où une ligne droite touche une ligne courbe, tel que le point où la tangente touche le cercle, ou bien où deux lignes courbes se touchent. Deux globes parfaitement ronds ne se touchent que dans un point qui s’appelle point de contact.

CONTADIN. s. m. Paysan, habitant de la campagne, de l’Italien Contadino qui signifie la même chose.

A l’aide, Contadins, aux armes,
Leur disoit-il, c’est tout de bon :
Au loup, vous dis-je, au loup, il m’emporte un mouton.
Mais il a beau crier, on rit de ses alarmes. La Font.

CONTAGIEUX, EUSE. adj. qui se communique par contagion. Contagiosus. La petite vérole, la peste, la ladrerie, sont des maux contagieux. Il y a aussi des fièvres contagieuses.

☞ Les maladies contagieuses se communiquent, ou par un contact immédiat, ou par celui des habits, ou de quelque corps infecté, ou par le moyen de l’air qui transmet les semences morbifigues. Ce mot,